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 Victor HUGO (1802-1885) Les deux têtes

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James
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James


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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Les deux têtes   Victor HUGO (1802-1885) Les deux têtes Icon_minitimeDim 25 Sep - 18:34

Les deux têtes

Ratbert, en ce moment, distrait jusqu'à sourire,
Écoutait Afranus à voix basse lui dire :
-Majesté, le caveau du trésor est trouvé.-

L'aïeul pleurait.

-Un chien, au coin des murs crevé,
Est un être enviable auprès de moi. Va, pille,
Vole, égorge, empereur! O ma petite fille,
Parle-moi! Rendez-moi mon doux ange, ô mon Dieu!
Elle ne va donc pas me regarder un peu ?

Mon enfant! tous les jours nous allions dans les lierres.
Tu disais : -Vois les fleurs,- et moi : -Prends garde aux pierres.-
Et je la regardais, et je crois qu'un rocher
Se fût attendri rien qu'en la voyant marcher.
Hélas! Avoir eu foi dans ce monstrueux drôle!
Mets ta tête adorée auprès de mon épaule.
Est-ce que tu m'en veux ? C'est moi qui suis là! Dis,
Tu n'ouvriras donc plus tes yeux du paradis!
Je n'entendrai donc plus ta voix, pauvre petite!
Tout ce qui me tenait aux entrailles me quitte ;
Et ce sera mon sort, à moi, le vieux vainqueur,
Qu'à deux reprises Dieu m'ait arraché le coeur,
Et qu'il ait retiré de ma poitrine amère
L'enfant, après m'avoir ôté du flanc de la mère!
Mon Dieu, pourquoi m'avoir pris cet être si doux ?
Je n'étais pourtant pas révolté contre vous.
Et je consentais presque à ne plus avoir qu'elle.
Morte! et moi, je suis là, stupide, qui l'appelle!
Oh! si je n'avais pas les bras liés, je crois
Que je réchaufferais ses pauvres membres froids ;
Comme ils l'ont fait souffrir! La corde l'a coupée.
Elle saigne.-

Ratbert, blême et la main crispée,
Le voyant à genoux sur son ange dormant,
Dit : -Porte-glaive, il est ainsi commodément.-
Le porte-glaive fit, n'étant qu'un misérable,
Tomber sur l'enfant mort la tête vénérable.

Et voici qu'on vit dans ce même instant-là :
La tête de Ratbert sur le pavé roula,
Hideuse, comme si le même coup d'épée,
Frappant deux fois, l'avait avec l'autre coupée.

L'horreur fut inouïe ; et, tous se retournant,
Sur le grand fauteuil d'or du trône rayonnant
Aperçurent le corps de l'empereur sans tête,
Et son cou d'où sortait, dans un bruit de tempête,
Un flot rouge, un sanglot de pourpre, éclaboussant
Les convives, le trône et la table, de sang.

Alors, dans la clarté d'abîme et de vertige
Qui marque le passage énorme d'un prodige,
Des deux têtes on vit l'une, celle du roi,
Entrer sous terre et fuir dans le gouffre d'effroi
Dont l'expiation formidable est la règle,
Et l'autre s'envoler avec des ailes d'aigle.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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