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 Jean Auvray(1590-1633) LE TRIOMPHE D'AMOUR

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MessageSujet: Jean Auvray(1590-1633) LE TRIOMPHE D'AMOUR   Jean Auvray(1590-1633) LE TRIOMPHE D'AMOUR Icon_minitimeDim 8 Jan - 22:02

LE TRIOMPHE D'AMOUR



Le triomphe d' amour, sur Mars, et la mort.
Dialogue.

Amour
Quel dieu s' opposeroit plein de temerité,
Au lancer de mes traicts? Quelle divinité,
Se voudroit esgaler à ma grandeur supréme,
Seroit-ce toy grand Mars dont la fierté extréme
Grave la peur au front de tous les immortels?
Non, tes armes, mon brave, honorent mes autels,
Helas! Combien de fois ta poitrine eschauffee
De mon feu amoureux m' a servy de trophee,
Ma mere le sçait bien dont les charmeurs appas
Firent cent fois pasmer ton ame entre ses bras.

Mars
Voyez ce petit nain, ce bastard temeraire,


Des volages mortels le supplice ordinaire,
Cét aveugle, archerot, ce doüillet, cét enfant
Des hommes, et des dieux veut estre triomphant,
Ô le brave heros! Qu' il a fait d' exploicts d' armes,
Qu' il s' est monstré vaillant au milieu des alarmes,
Il est vray que tous ceux que son traict à touchez
Deux à deux sur les licts se renversent couchez:
Voila tous les effects de sa lubrique flame,
Et toutesfois enflant le levain de son ame,
Orgueilleux, se compare à moy, dont la grandeur
Ne trouve de compagne en la vaste rondeur
De ce grand univers: je suis l' effroy des hommes,
Ce gardien des dieux, et des cieux où nous sommes.
Je raze les chasteaux, j' ordonne les combats,
Je donne les assauts, j' enflame les soldats,
Je mine les fossez, je brise les murailles,
Je bloque les canons, je preside aux batailles,
Et bref, sans les efforts de mon bras glorieux
Les enfans de la terre eussent ravy les cieux.

Les Amans
Ayme qui veut les alarmes,
Le brillant esclat des armes,
Le cliquetis des harnois,
Et le bruit confus des voix,
Les campagnes de sang teintes,
Et des blessez les complaintes,
Nous aimons plus mille fois
Amour, et ses douces loix,
Les appas d' une maistresse,
Les cordons d' or de sa tresse,
L' attraict charmeur de ses yeux,
Ses baisers delicieux,
Son front où l' amour se jouë,
Les lys neigeux de sa jouë,
Et de son double sourcy
Le demy cercle noircy,
Son sein à double pommette
Dont l' enfleure rondelette
Va poussant et repoussant,
Se haussant et s' abaissant,
Ainsi que la mer Thirene
Dessus la mobile arene
Va et revient lentement
D' alternatif mouvement.

Les Guerriers
Vante amour qui voudra, ses charmes, ses blandices,
Ses amorces, ses feux et ses folles delices,
Un plus digne brazier nous enflame les coeurs:
Nous addressons plus haut le vol de nos envies,
Et sçachant que la gloire est aux champs des labeurs,
Nous l' allons achetant aux despens de nos vies,
Amour est un poison à ceux qui en ont pris,
Poison, non un bourreau qui trouble nos esprits,
Bourreau? Non, un vautour qui nos ames devore,
Vautour? Non, c' est un feu qui brusle incessamment,
Feu, non, une furie, ou c' est ensemblement,
Poison, vautour, bourreau, feu, et furie encore.

La Mort
Que vous sert mes amis ces debats superflus,
Puis que vos corps mortels dans un tombeau reclus
N' auront jamais soucy ny d' amour, ny de guerre?
Amoureux et guerriers ma fureur sentiront,
Les celestes esprits au ciel s' envoleront,
Et les terrestres corps pourriront dans la terre.

Amour
Cruelle tu te trompe, et ton poison mortel
Ne peut faire mourir ce qui est immortel,
Ne suis-je pas un dieu, et d' immortelle essence?
Tu peux bien separer deux amans quant aux corps,
Mais leurs gentils esprits dont j' ay fait les accords
Encor dans le tombeau braveront ta puissance.
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Jean Auvray(1590-1633) LE TRIOMPHE D'AMOUR
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