PLUME DE POÉSIES
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 Jean Auvray(1590-1633) ENFER DE L'ADVOCAT DE MONTAUBAN

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MessageSujet: Jean Auvray(1590-1633) ENFER DE L'ADVOCAT DE MONTAUBAN   Jean Auvray(1590-1633) ENFER DE L'ADVOCAT DE MONTAUBAN Icon_minitimeVen 13 Jan - 18:14

ENFER DE L'ADVOCAT DE MONTAUBAN

À tous les parlements de France.
À vous tuteurs des roys, oracles de Themis,
Inflexibles senats, l' effroy des ennemis,
Pour mon prince offencé je demande vengeance,
Contre le plus meschant qui soit en l' univers,
Qui fuyant les esclairs des juges de la France
N' eschapera jamais le foudre de mes vers.


Muse foüette tes flancs pour esveiller ta rage,
Damne, condamne tout, tonne, estonne, saccage,
Mon encre soit de sang, et ma plume de fer,
Que j' horrible en ces vers un formidable enfer
Pour y plonger vivant le plus abominable
Qui soit dessous les cieux, un rebelle execrable,
Un perfide vassal qui deschire ces vers,
L' honneur du plus grand roy qui soit en l' univers.
De mon brave Louys, l' ame de la vaillance,
L' Alcide acravanteur des monstres de la France,
Le portraict racourcy des roys plus accomplis,
La terreur des mutins, l' honneur des fleurs de lys,
Les delices du ciel, les amours de la terre,
L' olive de la paix, le foudre de la guerre,
L' arc-bouttant de la foy, l' espoir des bons françois
Le grand restaurateur de l' eglise et des loix,
Et le plus juste roy qui jamais porta sceptre,
Ô grand dieu que fait donc ta justiciere dextre
Oysive dans ton sein? Pourquoy n' abismes-tu
Cét ennemy juré de la mesme vertu?
Tu ne serois jamais mieux employer ton foudre
Qu' a broyer cét ingrat et le reduire en poudre,
Soleil ne luy fay plus ta lumiere sentir,
Terre creve tes flancs afin de l' engloutir,
Pleuve l' air dessus luy les esclairs et les souffres,


Tombe le feu du ciel, ouvre l' enfer ses gouffres,
Que la mer se desborde, afin de l' abismer,
Bref, ô enfer, soleil, air, feu, ciel, terre, mer,
Bourrelle offusque, tuë, embraze, engouffre, abisme,
Ce desloyal subjet, dont l' effroyable crime
Fait dresser les cheveux à ceux qui vrays françois,
Portent au coeur gravé le sainct nom de nos roys.
France, aurois-tu porté ce serpent dans ton ventre?
Non, ce monstre est sorty du plutonique centre,
C' est l' ante-christ conçeu au sein de Lucifer,
Du sale accouplement d' une rage d' enfer,
Le venim d' Alecton, l' escume de Cerbere,
Ou bien, quand distilloit au giron de megere
Le sang de Ravaillac, un incube (je croy)
En incarna ce diable ennemy de mon roy,
Le cousteau du premier au pere osta la vie,
La plume du second aujourd' huy par envie,
Veut arracher du fils et la vie et l' honneur,
Honneur, le diamant, la gloire la splendeur,
L' aigrette, le pennache, et le brillant des princes.
Pourrez-vous donc souffrir catholiques provinces
Diffamer vostre roy? Un thraistre injurieux
L' appelle en ses escrits, double, fallacieux,
Infidelle, tiran, trompeur et sanguinaire!
Bruslez, brisez, broyez, boüillez ce temeraire,
Pour son crime il n' est point d' assez rudes tourments,


Juges, les dieux du monde, augustes parlements,
Splendides magistrats, ces horreurs nompareilles
N' ont encore frappé vos prudentes oreilles,
Ces relantes vapeurs n' ont monté jusqu' à vous,
Ces blasphemes secrets pullulants parmy nous
N' ont encor approché de vos pourpres royalles,
Vous aymez trop mon roy, et vos ames loyalles
Ne souffriront jamais que ces vassaux ingrats
Deshonorent le chef dont vous estes le bras,
Vous estes le bras droit de ceste monarchie,
Mais, mon prince est le coeur qui vous donne la vie,
Le chef qui vous anime, et l' astre des honneurs
De qui vous empruntez vos plus vives splendeurs.
Mais, je reviens à toy rimeur à la douzaine,
De quel bourbier jaillit ta sacrilege veine?
Quel enragé demon possede tes esprits?
Jamais d' un feu divin ton coeur ne fut épris,
Ton vers ne coule point de ces sources limpides
Qui tombent du sommet des rochers pegazides,
Ton Pegaze est le Stix, ton Phoebus un bourreau,
Ta muse une fureur, ton laurier un cordeau.
Mont-faucon ton Parnasse ou les chiens de voirie
Rongeront carnaciers ta charongne pourrie,
Ou croassants corbeaux tes obseques diront
Et ton ame maudite aux enfers conduiront.
Lors que tu affilois ta langue serpentine


Pour blesser en ton roy la majesté divine,
Et que tu vomissois tes blasphémes pervers:
Craignois-tu point qu' un jour le roy de l' univers
Voyant sa vive image icy bas outragé
Du mordicant prurit de ta verve enragée
N' escarboüillat ton chef d' un tonnerre grondant?
Ou qu' un docte escrivain mieux que toy s' entendant
Aux concers mesurez dont les neuf pimpleades
Font Pinde rezonner durant leurs serenades
Ne te fit repentir de ta temerité?
Tremble infame poltron, heretique effronté,
Qu' il t' avienne lisant ce furieux yambe
Ce que jadis advint au malheureux Lycambe
Qui les vers d' Archiloq ayant leu, se pendit:
Pens-toy desesperé, que le jour soit maudit
Qui t' a jamais veu naistre et maudite la mere
Qui porta dans ses flancs un si cruel vipere.
Qui t' a fait ce bon roy, dénaturé françois?
Que trouves-tu d' injuste en ses royalles loix?
S' il veut que tout son peuple à luy seul obeïsse,
S' il ne peut voir sa France ainsi que la Suisse
Par cantons divisée, à t' il pas bien raison?
Un chacun (ce me semble) est maistre en sa maison.
Mais, ces crapaux enflez, ces enfans du tonnerre
Quels pretextes ont-ils de luy faire la guerre?
Et pourquoy tant de fois avant ces remu' ments


Se sont-ils assemblez sans ses commandements?
Ont ils esleu des chefs? Fortifié ses villes?
Et r' allumé le feu de nos guerres civilles?
Alexandre Le Grand disoit que deux pareils
Ne se pouvoient souffrir non plus que deux soleils,
Et qu' un roy suffisoit pour gouverner le monde
Comme pour l' esclairer suffit la torche blonde
De l' unique Apollon: cependant mon grand roy,
Capable de regir cent peuples souz sa loy,
Permettra ses vassaux partager son royaume!
Ce ne fut pas l' advis du bon maistre Guillaume,
Quand monsieur son amy, la perle des guerriers
(pour qui France jamais eut assez de lauriers)
Permit pour quelque cause à luy seul reservée
Cantonner l' heretique, et donna main-levée
À ces pestes d' estat, qui temerairement
Se disoient les degrez de son avancement,
Les nerfs de sa fortune, et que leur force extréme
Luy mettoit sur le front le royal diadéme.
Incomparable orgueil, grossiere absurdité,
Non, non, le roy des roys qui a sa volonté
Gouverne souverain tous les sceptres du monde,
Qui ballotte en ses mains comme une boulle ronde
L' empire des mortels, et dont les propres doigts
Seuls ourdissent la vie et les destins des roys,
Fasché qu' un si grand roy, un si brave courage,


Croupissoit si long-temps dans le libertinage,
Afin d' illuminer les yeux de sa raison,
Et pour le delivrer de cette orde prison,
Enflama tout soudain sa guerriere poictrine
Du feu inspiratif de la grace divine,
Lors quittant l' heresie et ses trompeurs appas,
L' eglise le reçoit, France luy tend les bras,
L' on croise les fleurets, villes et places fortes
Chantent vive le roy, et luy ouvrent les portes
Ainsi n' y eut jamais que sa conversion
Qui conduit ce grand oeuvre à sa perfection.
Bien loin d' estre obligé à ces demoniacles,
Ils ont esté dix ans les malheureux obstacles
Opposez à sa gloire, et sans ces obstinez
Il eust dix ans plus tost les françois gouvernez.
Ô manes qui gisez dans ce royal sepulchre,
Grand roy qui n' eus jamais que l' honneur pour ton lucre,
Ton ame, dans le ciel maintenant peut bien voir
(puis qu' on void tout en Dieu comme en un beau miroir)
Combien le calviniste infernale furie
Faict pleuvoir de malheurs sur ta chere patrie,
Combien nous vient de maux pour avoir en ton sein
Trop tendrement nourry ce serpent inhumain.
De ce qu' il t' a presté nous payons bien la somme,


Ce ver que tu laissas dans le coeur de la pomme
La ronge maintenant, ces jeunes louveteaux
Tes entrailles voudroient deschirer à morceaux,
Ce feu que tu permis jadis si loin s' espandre
Veut mettre tes enfans et ton empire en cendre,
Ce venim a desja ravagé tout le corps,
Ces geants terre-nez, nourris dans les discors
Sentent desja si haut leurs masses parvenuës,
Que s' ils ne sont bien tost assommez dans les nuës
De leur ambition, où si le bras de Dieu,
(seule clef de la vouste, et l' immobille essieu
Sur qui roule des roys les fortunes sublimes)
Ne faict a ces mutins mesurer les abismes:
Nous servirons bien tost de proye à l' estranger.
Sacrée majesté destourne ce danger,
Mon Hercule, mon Mars, mon Ajax, mon Pelée,
Ceste affreuse harpie à tes pieds soit foulée,
C' est de toy que la France implore son secours.
L' heretique blafard qui explique à rebours
La parole de Dieu, et qui en sa maniere
L' allonge et l' accourcit à mode d' estriviere,
Qui la met à la gehenne et l' accuse de faux,
Qui (prophane) s' en sert de selle à tous chevaux,
Qui la tire à cheveux qui l' habille en sa guise,
Bref, qui veut effronté l' escriture et l' eglise
Regler sur le compas de son esprit tortu:
Feignant de courtiser la morale vertu,


Afin d' attirer mieux les simples à la trape:
Bouleverse la foy, met l' eglise à la sape,
Faict sauter les autels, poluë les saincts lieux,
Vierges, prestres, corrompt: secouë imperieux
Les plus vieux fondemens des estats monarchiques,
Embraze les citez, subvertit republiques,
Seme-guerres, discords, caballes, factions,
Ligues, et attentats, mille religions
Introduit pour la vraye, en nouveautez abonde,
Le tout difforme veut reformer tout le monde,
Regner quoy qu' il en soit, preferant (apostat)
Aux preceptes de Dieu les maximes d' estat,
De là, est la porte ouverte à l' atheisme,
De là, l' impieté, l' insolence, le scisme,
Le luxe, le débord, l' abregement des loix,
Le rabais de justice, et le mespris des roys:
Voila les beaux exploits de ces ames caphardes,
Et les fruicts venimeux de ces plantes bastardes.
Mais, je te prie dy moy bel advocat de foin,
(car la saincte Themis n' a jamais eu le soin
D' une ame si perverse, une louve cruelle
Te donna dans les bois la sanglante mamelle)
Dy moy, dis-je impudent qui cause tes clameurs?
Qui jette en ton esprit ces paniques terreurs?
Qui t' a ensorcelé? Quelle ardeur maniaque
Detraque ta raison hors de son zodiaque?
Tu as peur de ton ombre, et tu crains que rendant


Les villes que tu tiens, les nostres épandant
Ton sang sur les gazons d' une main vainqueresse
Par force ou par amour te trainent a la messe.
Mais, regarde (insensé) nos villes, ou les tiens
Ne sont pas les plus forts, diras-tu qu' en leurs biens,
Corps, familles, honneurs ils souffrent de l' esclandre?
Si quelques avollez ont ozé entreprendre
De troubler leur repos, aussi tost n' ont-ils pas
Veu fondre sur leurs chefs la main des magistrats,
Et ces perturbateurs qui s' ingeroient de faire
La moisson avant l' aoust souffrir mort exemplaire?
Le temps fera venir toute chose à son poinct,
Avant les raizins meurs vandanger ne faut point,
Puis jà trop de pays ravage ceste laye,
Il est bien mal aisé de sarcler ceste yvraye
Sans arracher le bled, mais de Dieu souverain,
Le bras la peut confondre a moins d' un tourne-main,
L' heresie à son terme, et ses surperbes cornes
S' ecrazeront au choc de ses fatales bornes,
Jà foible elle chancelle et tremblante voit-on
Cette vieille Baucis n' aller plus qu' au baston,
Ne nager que d' un bras, ne battre que d' un aisle,
Tousjours au quart, au guet, soupçonneuse, en cervelle,
Qui ne sçait plus (voyant son declin approcher)
De quel bois faire fléche, ou de quel pied clocher.
Le mal est en sa crize, et les anges supresmes


Ne sçauroient plus souffrir ces horribles blasphemes,
L' air en jette des pleurs, les cieux en ont horreur,
La terre n' en peut plus souffrir la puanteur,
Que fera t' elle donc si le ciel et la terre
Se bandent aujourd' huy pour luy faire la guerre?
Toutesfois, il ne faut catholiques françois
Courir sus à ce monstre et le mettre aux abbois,
C' est dequoy je vous veux advertir dans ces carmes,
Je parle pour ceux-là qui n' ont levé les armes
Contre sa majesté (bien que traistres pourtant
Les rebelles souz main vont encor assistant)
Laissons les commencer: ou plutost à mains jointes
Importunons le ciel de charitables plaintes,
Prions Dieu que bien tost il les vueille inspirer,
Qu' il ne permette plus son sainct nom deschirer
Par ces mal-advisez, afin qu' en cét empire
Chacun d' un mesme coeur un mesme dieu respire,
Que la France n' ait plus qu' une foy, qu' une loy,
Qu' un baptesme, qu' un dieu qu' une eglise, qu' un roy,
Et que tous reünis dans nos temples antiques
Nous façions jusqu' au ciel retentir nos cantiques,
Ou, si ces furieux foulent sa grace aux pieds:
Qu' ils soient en un clin d' oeil d' un foudre estropiez,
Le ciel vengeur se fende et de rouges tempestes
Creve soudain ce hydre aux renaissantes testes.


Mais, les seditieux qui se sont soulevez,
Qui veulent obliger à leurs conseils privez
Des monarques françois la puissance absoluë,
Qui ozent (tant l' orgueil leur à bandé la veuë)
Appeller Dieu fauteur de leurs rebellions:
Ce sont ceux-là (mon roy) qu' il faut à millions
Terrasser a tes pieds, fay leur mordre la terre,
Que ces chiens enragez qui te livrent la guerre,
Redoutent à jamais l' aigreur de ton courroux,
Se trainent sur le ventre, et tous nuds, à genoux,
Les yeux cavez de pleurs, ces ames desloyalles
Viennent tost implorer tes clemences royalles,
Et t' apportant les clefs des villes desormais:
Que ces cameleons n' y commandent jamais,
Ces renards de Sanson cerchent d' autres tasnieres,
Et qu' hazardant leur vie aux ondes marinieres
Au de là du Japon à jamais releguez
Traittent comme-ils voudront les pays subjuguez
Que s' ils ozent heurter ta belliqueuse armée,
Et qu' aux prix de son sang ta noblesse animée
Les surmonte de force, il les faut sans mercy
Envoyer aux cachots du royaume noircy,
Que de ces revoltez le sang par tout ruiselle,
Qu' il ne reste sus pieds nulle ville infidelle
Qu' on die à l' advenir apres l' arriere-ban,
Icy fut La Rochelle, et là fut Montauban.
Que la coutre a jamais les guerets en défriche,


Ouy monarque il te faut monstrer un peu plus chiche
De ta grande clemence envers ces vagabonds,
Estant bon aux meschants l' on est meschant aux bons,
Car l' extresme vertu en vice dégenere,
La clemence est aux roix la lune qui tempere
Les troubles de l' esprit, il est vray: mais pourtant,
Comme le temps n' est rien qu' un impartible instant,
Les parfaictes vertus ont un poinct d' excellence
Qu' ils ne peuvent jamais exceder sans offence
De leur integrité: il faut estre clement,
Mais justice imployable en tout gouvernement
Veut tenir le haut-bout, est-il pas vray, (ô sire)
Que si tu n' eusse point espargné en ton ire
Les rebelles vaincus de S Jean D' Angely,
Clerac n' eut point tenu, Montauban eut pally
À l' effroyable abbord de tes royalles armes,
Soubize n' auroit point jetté de ses gens-darmes
Jusqu' aux faux-bourgs de Nante, et jà les rochellois
Peut-estre se seroient enrollez souz tes loix.
Sur tout, que la pitié de nos peines nombreuses
À jamais ne t' oblige a des clauses honteuses,
À une infame paix, que jamais tel affront
Le traistre ne nous puisse imprimer sur le front,
Nous n' avons rien plus cher que ta gloire, (mon brave)
Le françois ayme mieux se voir tousjours esclave
Et de cent coups mortels l' estomach traversé
Que ton los tant soit peu y soit interessé,


Les siecles à venir que diroient-ils mon prince?
Que la lie et le son d' une ingratte province
T' auroit donné la loy, et apres tant d' assaux
Contraint de demander la paix à tes vassaux.
C' est dommage grand roy que ce peuple superbe
Ne fut victorieux: il feroit croistre l' herbe
Aux marchez populeux de nos riches citez
Bien tost seroit la France en feu de tous costez,
Les oyseaux se paistroient de nos chairs massacrées,
Les rivieres, de sang, regorgeroient pourprées,
Il faudroit inventer des supplices nouveaux,
Evocquer des enfers les plus sanglants bourreaux,
Adieu la monarchie, et ta guerriere dextre
Pourroit bien conquester ailleurs un autre sceptre,
La France n' auroit tant de temples que de loix,
De testes que d' avis, de villes que de roys.
Je ne veux pour tesmoins que les places rebelles,
Ou de ces vipereaux les vengeances cruelles
Feroient trembler d' horreur les demons furieux,
Le catholique à peine oze-il lever les yeux,
L' hebreu ne fut jamais tant esclave en Egypte,
Le nomade, le turc, le gelon, et le scithe
Ne sont point si cruels, et puis, ces lestrigons
Se disent reformez? ô tigres! ô dragons!
Helas! Combien de fois vos sanglantes furies
De nos temples sacrez ont fait des boucheries,


Le sang y fume encor, et sans verser des pleurs
Je n' en peux dans ces vers exprimer leurs malheurs,
Malheurs qui par le temps s' oubli' roient en nos ames,
Si vous n' en r' alumiez les homicides flames.
Quoy? Secouër le joug des monarques puissans,
Mesurer vostre foy à l' aune de vos sens,
Vous donner tout en proye au charnelles delices,
Violer nos tombeaux, dérober nos calices,
Fouler l' hostie aux pieds, enfonçer inhumains
Au sang des innocens vos fratricides mains,
Et médire des roys d' une rage animée,
Apellez vous cela eglise reformée?
Vous nous reprocherez la Sainct Barthelemy,
Mais, ce brazier ne fut allumé qu' a demy
C' estoit lors que devoit, et que pouvoit la France
Exterminer ce monstre au poinct de sa naissance,
Ce feu devoit s' esteindre avant qu' il fut plus grand,
Par trop starer la playe incurable on la rend,
La moisson, (dira-t' on) n' estoit pas encor meure,
Si falloit-il ce chancre amputer de bonne heure,
Il n' auroit pas gaigné les membres principaux.
Mais tu n' es pas encor au bout de tes travaux
Advocat endiablé, sus bourrelles furies,
Redoublez vos horreurs et vos forceneries,
Muse, retire toy, tes discours sont trop doux


Pour bastir un enfer: rages où estes-vous?
Empoignez ce meschant de vos rouges tenailles,
Arrachez luy les yeux, devorez ses entrailles,
Tronçonnez luy la langue en cent morceaux espars,
Faites luy ruisseler le sang de toutes parts,
Qu' engouffré dans le souffre, ensouffré dans le gouffre
Seul de tous les damnez les supplices il souffre,
Et qu' a jamais maudit: son crime detesté
Semble prodigieux à la posterité.
Toutesfois, seroit bon pour retenir en crainte
Toute ame qui seroit de ce venim atteinte
Et pour servir d' exemple a tels seditieux:
Qu' au monde il commençat son enfer furieux.
Sus donc a ce felon juges incorruptibles,
Des horribles tourments pour ses crimes horribles,
Soit escorché tout vif, soit trainé sur la clef,
Qu' on luy brise les os, qu' on luy flambe le chef,
Qu' on luy couppe la main dont il tenoit sa plume,
Qu' on le tire a chevaux, qu' un grand feu l' on allume
Pour son procez et luy en cendre consommer,
Et pour le souvenir a jamais abismer
D' un attentat si grand, la cendre au vent jettée
Soit par quelque demon aux enfers emportée.
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Jean Auvray(1590-1633) ENFER DE L'ADVOCAT DE MONTAUBAN
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