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 Charles Beltjens. (1832-1890) À Beethoven (1886) Midi (1880) I

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Charles Beltjens. (1832-1890) À Beethoven (1886) Midi (1880) I Empty
MessageSujet: Charles Beltjens. (1832-1890) À Beethoven (1886) Midi (1880) I   Charles Beltjens. (1832-1890) À Beethoven (1886) Midi (1880) I Icon_minitimeMar 31 Jan - 22:56

Midi (1880)

Vox clamantis in deserto.
Après une lecture de la Mécanique
céleste de Laplace.

I

Quelquefois en Juillet, lorsque Midi rutile,
Et s’élance à travers les champs demi-fauchés,
Quand le brun moissonneur cherche une ombre inutile,
Sous les arbres poudreux dans la plaine ébauchés;

À cette heure brûlante où l’azur qui flamboie
Semble un baiser de feu sur le globe vermeil;
Lorsque dans les hameaux, plus aucun chien n’aboie,
Et que sur tous les fronts descend un lourd sommeil;

Je sors; -je vais chercher, à travers la campagne,
Le heu le plus tranquille et le plus écarté,
Avec la solitude immense pour compagne,
Assouvissant mes yeux d’espace et de clarté.

Le soleil, a grands traits, sous sa touche mordante,
De chaque objet crûment fait saillir le contour;
L’ombre a peur et se cache à son approche ardente,
Ainsi qu’une colombe à l’aspect du vautour.

Le long des seigles d’or, ébloui, je chemine,
Par les sentiers crayeux, ourlés d’un fin gazon,
Jusqu’au haut de la côte où mon regard domine
Le spectacle changeant du superbe horizon.

Au premier plan, la pente accostant la vallée
Avec de frais buissons plein de molles senteurs;
Quelques chaumes épars; une ferme isolée;
Des vergers en talus; -plus loin, sur les hauteurs,

Des villages charmants, dont les rouges toitures
Dans un lit de feuillage ont l’air de sommeiller;
Leurs clochers au milieu, pareils à des mâtures
De grands vaisseaux à l’ancre et près d’appareiller.

Aux alentours, à droite, à gauche, on voit s’étendre,
Bizarrement jetés parmi les blonds épis,
Des carrés de sainfoin et d’avoine vert-tendre,
Sur le flanc du coteau déroulant leurs tapis.

Devant moi, comme un flot qu’épanche une urne pleine,
Un pré, luisant encor des perles du matin,
De sa large émeraude envahissant la plaine,
Va se perdre dans l’or éclatant du lointain.

Au milieu, dans son lit, où lu chaleur l’accable,
Le fleuve irradié des feux du firmament,
Sous les traits du soleil, sagittaire implacable,
Vaste Python d’acier, rampe languissamment.

Tout au fond, la forêt de chênes et d’érables,
Aux durs contours tranchant sur la verdure et l'eau,
Avec ses troncs touffus au jour impénétrables,
Dessinée en eau-forte, achève le tableau.

Immobile et sans voix, comme après une orgie,
La nature s’endort, l’air stupide et brisé;
Pareil au papillon autour de la bougie,
Le Zéphyr tombe et meurt dans l'éther embrasé.

Seul, au rebord des champs, l’aigre cri des cigales,
Sous la splendeur des cieux, que ne trouble aucun bruit,
Choeur strident, de son hymne aux strophes inégales
M’avertit que toujours le temps coule et s’enfuit.

Par moments dans les blés une brise paisible
Glisse avec un frisson lent et mystérieux;
Tel, au milieu des nuits, de son aile invisible,
Un ange fait gémir la harpe des saints lieux.

Tout semble méditer. Nul souffle ne balance
Les grands bois recueillis, dans leur sérénité;
Le ciel écoute, et l’hymne enflammé du silence
De sa langue ineffable emplit l’immensité.

Et formes et couleurs, vallon, coteau, chaumière,
Fondus devant mes yeux en splendide unité,
Tout l’horizon n’est plus qu’un gouffre de lumière
Ou luit, comme un lac d’or stagnant, l’éternité.
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Charles Beltjens. (1832-1890) À Beethoven (1886) Midi (1880) I
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