À l'abbé F.-X. Burque
À l'époque où le vent ne berce plus les blés,
Qui naguère exhalaient l'âcre parfum de l'ambre,
Où les mélodieux bohémiens ailés
S'envolent des bosquets dépouillés par novembre,
Vos vers, brillants oiseaux, sont entrés dans ma chambre.
Deux jours ils ont volé pour venir jusqu'à moi.
De ces hôtes nouveaux j'ai caressé la plume
Que lustrent la gaîté, l'espoir, l'amour, la foi;
Et de mon coeur meurtri le précieux volume
Un instant a chassé le deuil et l'amertume.
Dans vos accents tressaille un souffle printanier
Qu'échauffe le rayon des plus pures croyances.
Et quand les soirs d'hiver me tiendront prisonnier,
Aux lointaines rumeurs de nos forêts immenses
Je mêlerai souvent le rythme de vos stances.