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 André Chénier (1762-1794)CAMILLE VII

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André Chénier (1762-1794)CAMILLE   VII Empty
MessageSujet: André Chénier (1762-1794)CAMILLE VII   André Chénier (1762-1794)CAMILLE   VII Icon_minitimeMar 5 Juin - 22:27

VII

Allons, l'heure est venue, allons trouver Camille.
Elle me suit partout. Je dormais, seul tranquille,
Un songe me l'amène; et mon sommeil s'enfuit.
Je la voyais en songe au milieu de la nuit,
Elle allait me cherchant sur sa couche fidelle
Et me tendait les bras et m'appelait près d'elle.,
Les songes ne sont point capricieux et vains;
Ils ne vont point tromper les esprits des humains.
De l'Olympe souvent un, songe est la réponse, -.
Dans tous ceux des amans, la vérité s'annonce.
Quel air suave et fiais le beau ciel! le beau jour!
Les Dieux me le gardaient; il est fait pour l'amour.

Quel charme de trouver la. beauté paresseuse
De venir visiter sa couche matineuse,
De venir la surprendre, au moment que ses yeux
S'efforcent de s'ouvrir à la clarté des cieux;
Douce dans son éclat, et fraîche, et reposée,
Semblable aux autres fleurs, filles de la rosée.
Oh! quand j'arriverai, si, livrée aux repos,
Ses yeux n'ont point encor secoué les pavots,
Oh! je me glisserai vers la plume indolente,
Doucement, pas à pas, et ma main caressante,
Et mes fougueux transports feront à son sommeil
Succéder un subit mais un charmant réveil;.
Elle reconnaîtra le mortel qui l'adore,
Et mes baisers long-temps empêcheront encore
Sur ses yeux, sur sa bouche, empressés de courir,
Sa bouche de se plaindre et ses yeux de s'ouvrir.

Mais j'entrevois enfin sa porte souhaitée.
Que de bruit! que de chars! quelle foule agitée!
Tous vont revoir leurs biens, leurs chimères, leur or;
Et moi, tout mon bonheur, Camille, mon trésor.
Hier, quand malgré moi je quittai son asile,
Elle m'a dit: « Pourquoi t'éloigner de Camille?
Tu sais bien que je meurs si tu n'es près de moi. »
Ma Camille, je viens, j'accours, je suis chez toi.
Le gardien de tes murs, ce vieillard qui m'admire
M'a vu passer le seuil et s'est mis à sourire.
Bon! j'ai su (les amans sont guidés par- les dieux)
Monter sans nul obstacle et j'ai fui tous les yeux.

Ah! que vois-je? Pourquoi ma porte accoutumée;
Cette porte secrète est-elle donc fermée?
Camille, ouvrez, ouvrez, c'est moi.: L'on ne vient pas.
Ciel; elle n'est point seule! On murmure tout bas,
Ah! c'est la voix de Lise. Elles parlent ensemble.
Ou se hâte; l'on court; on vient enfin; je tremble.
Qu'est-ce donc? à m'ouvrir pourquoi tous ces délais?
Pourquoi ces yeux mourants et ces cheveux défaits?
Pourquoi cette terreur dont vous semblez frappée?
D'où vient qu'en me voyant Lise s'est échappée?
J'ai cru, prêtant l'oreille, ouïr entre vous deux
Des murmures secrets, des pas tumultueux.
Pourquoi cette rougeur, cette pâleur subite,
Perfide? un autre amant... Ciel! elle a pris la fuite.
Ah dieux! je suis trahi. Mais je prétends l'avoir...
Lise, Lise, ouvrez-moi, parlez; mais fol espoir!
La digne confidente auprès de sa maîtresse
Lui travaille à loisir quelque subtile adresse,
Quelque discours profond et de raisons pourvu,
Par qui ce que j'ai vu je ne l'aurai point vu.
Dieux! comme elle approchait (sexe ingrat, faux, perfide),
S'essayant, effrontée à la fois et timide,
Voulant hâter l'effort de ses pas languissants,
Voulant m'ouvrir des bras fatigués, impuissants
Abattue, et Sa voix altérée, incertaine,
Ses yeux anéantis ne s'ouvrant plus qu'à peine,
Ses cheveux en désordre et rajustés en vain,
Et son haleine encore agitée, et son sein...
Des caresses de feu sur son sein imprimées,
Et de baisers récents ses lèvres enflammées.
J'ai tout vu. Tout m'a dit une coupable nuit.
Sans même oser répondre, interdite, elle fuit,
Sans même oser tenter le hasard d'un mensonge.
Et moi, comme abus des promesses d'un songe,
Je venais, j'accourais, sûr d'être souhaité,
Plein d'amour et de joie et de tranquillité!
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André Chénier (1762-1794)CAMILLE VII
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