À l' amour.
Sonnet 6.
Dieu des jeunes amans, vive source d' amour ;
Si des plus humbles voeux de mon obeïssance,
J' ay publié ta gloire, exalté ta puissance,
Et porté tout le monde à te faire la cour ;
Tandis que dans le sein de ce plaisant sejour
Nous n' avons pour tesmoins que l' ombre, et le silence,
Appaise de mon mal l' extréme violence,
Si tu ne l' oses pas à la clarté du jour.
Tu vois qu' avec Cloris seul à seul je me jouë,
Souffre que je luy baise, et les yeux, et la jouë,
Sinon n' espere plus de me pouvoir guerir.
Amour, à qui je dois la gloire de mon estre ;
Tu seras plus blâmé, si tu me fais mourir,
Que tu ne fus loüé lors que tu me fis naistre.