Chanson en Si
Si j'étais noble Faucon,
Tournoîrais sur ton balcon.
- Taureau : foncerais ta porte.
- Vampire : te boirais morte.
Te boirais !
- Geôlier : lèverais l'écrou.
- Rat : ferais un petit trou.
Si j'étais brise alizée,
Te mouillerais de rosée.
Roserais !
Si j'étais gros Confesseur,
Te fouaillerais, ô Ma Soeur !
Pour seconde pénitence,
Te dirais ce que je pense.
Te dirais.
Si j'étais un maigre Apôtre,
Dirais : « Donnez-vous l'un l'autre,
Pour votre faim apaiser :
Le pain-d'amour : Un baiser. »
Si j'étais !.
Si j'étais Frère-quêteur,
Quêterais ton petit coeur
Pour Dieu le Fils et le Père,
L'Église leur Sainte Mère.
Quêterais !
Si j'étais Madone riche,
Jetterais bien, de ma niche,
Un regard, un sou béni
Pour le cantique fini.
Jetterais !
Si j'étais un vieux bedeau,
Mettrais un cierge au rideau.
D'un goupillon d'eau bénite,
L'éteindrais, la vespre dite,
L'éteindrais !
Si j'étais roide pendu,
Au ciel serais tout rendu :
Grimperais après ma corde,
Ancre de miséricorde,
Grimperais !
Si j'étais femme. Eh, la Belle,
Te ferais ma Colombelle.
À la porte les galants
Pourraient se percer des flancs.
Te ferais.
Enfant, si j'étais la duègne
Rossinante qui te peigne,
Senora, si j'étais Toi.
J'ouvrirais au pauvre Moi,
- Ouvrirais ! –