ELEGIES LA SEPARATION
Il est fini ce long supplice !
Je t' ai rendu tes sermens et ta foi,
Je n' ai plus rien à toi.
Quel douloureux effort ! Quel entier sacrifice !
Mais, en brisant les plus aimables noeuds,
Nos coeurs toujours unis semblent toujours s' entendre ;
On ne saura jamais lequel fut le plus tendre,
Ou le plus malheureux.
À t' oublier c' est l' honneur qui m' engage,
Tu t' y soumets, je n' ai plus d' autre loi.
Ô toi qui m' as donné l' exemple du courage,
Aimais-tu moins que moi ?
Va ! Je te plains autant que je t' adore ;
Je t' ai permis de trahir tes amours,
Mais moi, pour t' adorer, je serai libre encore ;
Je veux l' être toujours.
Adieu ! ... mon âme se déchire !
Ce mot que, dans mes pleurs, je n' ai pu prononcer,
Adieu ! Ma bouche encor n' oserait te le dire,
Et ma main vient de le tracer.