A ma soeur
Pourquoi le ciel met-il mes jours si loin des vôtres?
Victor Hugo.
Ô ma soeur, chaque jour mon âme te désire;
Au fond de ma pensée en tous lieux je te vois. -
L'enfant au baiser pur, l'épouse au doux sourire,
Ne font pas oublier les anges d'autrefois.
Hélas! nos jours troublés ne coulent plus ensemble:
Les miens sont emportés vers un but indécis.
Mais comme un frais rayon plonge dans l'eau qui tremble,
Ton souvenir charmant traverse mes soucis.
De tes plus jeunes ans je garde souvenance.
J'avais, quand tu naquis, vu sept printemps fleurir:
Enfant, je t'ai montré les plaisirs de l'enfance,
Et quels êtres bénis il nous fallait chérir.
Tu grandis: la raison à ton front déjà pâle
Alors donna sa grave et calme expression...
Ah! trop tôt la douleur sur ce beau front d'opale
Cruellement devait labourer son sillon!