À une jeune fille
Tout le plaisir des jours est en leurs matinées;
La nuit est déjà proche à qui passe midi...
Malherbe.
Amie, allez ce soir au bal en robe blanche.
À vos cheveux unis nouez une pervenche
Éclatante d'azur.
Allez jouir; cueillez cette heure diaphane.
On n'est pas toujours jeune, et la gaîté se fane
Même sur un front pur.
Voyez : sur le vallon octobre étend sa brume;
L'herbe est noire déjà; le lac, bordé d'écume;
Le jardin, sans bouvreuils.
Plus de genêts en fleurs mêlés parmi les aunes!
La nuit, des vents amers sèment de feuilles jaunes
Le givre sur les seuils.
Comme l'année, hélas, la vie a son automne.
Alors, tout sous le ciel nous semble monotone;
La joie aussi fait mal...
Qu'ai-je dit? Oubliez ce propos si morose.
Dieux! vous êtes encore au printemps! l'heure est rose.
Allez ce soir au bal!