PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Victor HUGO (1802-1885) Amour

Aller en bas 
AuteurMessage
Inaya
Plume d'Eau
Inaya


Féminin
Rat
Nombre de messages : 50031
Age : 63
Date d'inscription : 05/11/2010

Victor HUGO (1802-1885) Amour Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Amour   Victor HUGO (1802-1885) Amour Icon_minitimeVen 16 Sep - 23:44

AMOUR

Amour! -Loi,- dit Jésus. -Mystère,- dit Platon.
Sait-on quel fil nous lie au firmament? Sait-on
Ce que les mains de Dieu dans l'immensité sèment?
Est-on maître d'aimer? pourquoi deux êtres s'aiment,
Demande à l'eau qui court, demande à l'air qui fuit,
Au moucheron qui vole à la flamme la nuit,
Au rayon d'or qui veut baiser la grappe mûre!
Demande à ce qui chante, appelle, attend, murmure!
Demande aux nids profonds qu'avril met en émoi
Le coeur éperdu crie: -Est-ce que je sais, moi?
Cette femme a passé: je suis fou. C'est l'histoire.
Ses cheveux étaient blonds, sa prunelle était noire;
En plein midi, joyeuse, une fleur au corset,
Illumination du jour, elle passait;
Elle allait, la charmante, et riait, la superbe;
Ses petits pieds semblaient chuchoter avec l'herbe;
Un oiseau bleu volait dans l'air, et me parla;
Et comment voulez-vous que j'échappe à cela?
Est-ce que je sais, moi? c'était au temps des roses;
Les arbres se disaient tout bas de douces choses;
Les ruisseaux l'ont voulu, les fleurs l'ont comploté.
J'aime! O Bodin, Vouglans, Delancre! prévôté,
Bailliage, châtelet, grand'chambre, saint-office,
Demandez le secret de ce doux maléfice
Aux vents, au frais printemps chassant l'hiver hagard,
Au philtre qu'un regard boit dans l'autre regard,
Au sourire qui rêve, à la voix qui caresse,
A ce magicien, à cette charmeresse!
Demandez aux sentiers traîtres qui, dans les bois,
Vous font recommencer les mêmes pas cent fois,
A la branche de mai, cette Armide qui guette,
Et fait tourner sur nous en cercle sa baguette!
Demandez à la vie, à la nature, aux cieux,
Au vague enchantement des champs mystérieux!
Exorcisez le pré tentateur, l'antre, l'orme!
Faite, Cujas au poing, un bon procès en forme
Aux sources dont le coeur écoute les sanglots,
Au soupir éternel des forêts et des flots.
Dressez procès-verbal contre les pâquerettes
Qui laissent les bourdons froisser leurs collerettes;
Instrumentez; tonnez. Prouvez que deux amants
Livraient leur âme aux fleurs, aux bois, aux lacs dormants,
Et qu'ils ont fait un pacte avec la lune sombre,
Avec l'illusion, l'espérance aux yeux d'ombre,
Et l'extase chantant des hymnes inconnus,
Et qu'ils allaient tous deux, dès que brillait Vénus,
Sur l'herbe que la brise agite par bouffées,
Danser au bleu sabbat de ces nocturnes fées,
Éperdus, possédés d'un adorable ennui,
Elle n'étant plus elle et lui n'étant plus lui!
Quoi! nous sommes encore aux temps où la Tournelle,
Déclarant la magie impie et criminelle,
Lui dressait un bûcher par arrêt de la cour,
Et le dernier sorcier qu'on brûle, c'est l'Amour!

Juillet 1843.
Revenir en haut Aller en bas
 
Victor HUGO (1802-1885) Amour
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: