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 Victor HUGO (1802-1885) Le garde

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James
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James


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Victor HUGO (1802-1885) Le garde  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Le garde    Victor HUGO (1802-1885) Le garde  Icon_minitimeDim 25 Sep - 16:56

LE ROI
Il était là, superbe, obscur, inabordable ;
Par moments, il bâillait, disant : quelle heure est-il ?
Artabane son oncle, homme auguste et subtil,
Répondait : Fils des dieux, roi des trois Ecbatanes,
Où les fleuves sacrés coulent sous les platanes,
Il n'est pas nuit encor, le soleil est ardent,
Ô roi, reposez-vous, dormez, et cependant,
Je vais vous dénombrer votre armée inconnue
De vous-même et pareille aux aigles dans la nue.
Dormez. Alors, tandis qu'il nommait les drapeaux
Du monde entier, le roi rentrait dans son repos,
Et se rendormait, sombre ; et le grand char d'ébène
Avait, sur son timon de structure thébaine,
Pour cocher un seigneur nommé Patyramphus.
Deux mille bataillons, mêlant leurs pas confus,
Mille éléphants portant chacun sa tour énorme,
Suivaient, et d'un croissant l'armée avait la forme ;
L'archer suprême était Mardonius, bâtard ;
L'armée était nombreuse à ce point que, plus tard,
Elle but en un jour tout le fleuve Scamandre ;
Les villes derrière elle étaient des tas de cendre ;
Tout saignait et brûlait quand elle avait passé.
On enjamba l'Indus comme on saute un fossé.
Artabane ordonnait tout ce qu'un chef décide ;
Pour le reste on prenait les conseils d'Hermécyde,
Homme considéré des peuples du Levant.



L'armée partit ainsi de Lydie, observant
Le même ordre jusqu'au Caÿce, et, de ce fleuve,
Gagna la vieille Thèbe après la Thèbe neuve,
Et traversa le sable immense où la guida
Par-dessus l'horizon le haut du mont Ida.
Puis on vit l'Ararat, cîme où s'arrêta l'Arche.
Les gens de pied faisaient dans cette rude marche
Dix stades chaque jour et les cavaliers vingt.



Quand l'armée eut passé le fleuve Halys, on vint
En Phrygie, et l'on vit les sources du Méandre ;
C'est là qu'Apollon prit la peine de suspendre
Dans Célène, à trois clous, au poteau du marché,
La peau de Marsyas, le satyre écorché.
On gagna Colossos, chère à Minerve Aptère,
Où le fleuve Lycus se cache sous la terre,
Puis Cydre où fut Crésus, le maître universel,
Puis Anane, et l'étang d'où l'on tire le sel ;
Puis on vit Canos, mont plus affreux que l'Érèbe,
Mais sans en approcher ; et l'on prit Callathèbe
Où des chiens de Diane on entend les abois,
Ville où l'homme est pareil à l'abeille des bois
Et fait du miel avec de la fleur de bruyère.
Le jour d'après on vint à Sardes, ville altière
D'où l'on fit dire aux Grecs d'attendre avec effroi,
Et de tout tenir prêt pour le souper du roi.
Puis on coupa l'Athos que la foudre fréquente ;
Et, des eaux de Sanos jusqu'à la mer d'Acanthe,
On fit un long canal évasé par le haut ;
Enfin, sur une plage où souffle ce vent chaud
Qui vient d'Afrique, terre ignorée et maudite,
On fit près d'Abydos, entre Seste et Médyte,
Un vaste pont porté par de puissants donjons,
Et Tyr fournit la corde et l'Égypte les joncs.
Ce pont pouvait donner passage à des armées.
Mais une nuit, ainsi que montent des fumées,
Un nuage farouche arriva, d'où sortit
Le semoun, près duquel l'ouragan est petit ;
Ce vent sur ces travaux poussa les flots humides,
Rompit arches, piliers, tabliers, pyramides,
Et heurtant l'Hellespont contre le Pont-Euxin,
Fauve, il détruisit tout, comme on chasse un essaim ;
Et la mer fut fatale. Alors le roi sublime
Cria : - Tu n'es qu'un gouffre, et je t'insulte, abîme !
Moi je suis le sommet. Lâche mer, souviens-t'en. -
Et donna trois cents coups de fouet à l'Océan.



Et chacun de ces coups de fouet toucha Neptune.



Alors ce dieu, qu'adore et que sert la Fortune,
Mouvante comme lui, créa Léonidas,
Et de ces trois cents coups il fit trois cents soldats,
Gardiens des monts, gardiens des lois, gardiens des villes,
Et Xercès les trouva debout aux Thermopyles.


_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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