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 Victor HUGO (1802-1885) Les chefs parlent entre eux, les soldats font la sieste.

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James
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James


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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Les chefs parlent entre eux, les soldats font la sieste.   Victor HUGO (1802-1885) Les chefs parlent entre eux, les soldats font la sieste. Icon_minitimeDim 25 Sep 2011 - 17:51

Les chefs parlent entre eux, les soldats font la sieste.

Les chevaux sont parqués à part, et sont gardés
Par dix hommes, riant, causant, jouant aux dés,
Qui sont dix intendants, ayant titres de maîtres,
Armés d'épieux, avec des poignards à leurs guêtres.
Le sentier à l'air traître et l'arbre a l'air méchant;
Et la chèvre qui broute au flanc du mont penchant,
Entre les grès lépreux trouve à peine une câpre,
Tant la ravine est fauve et tant la roche est âpre;
De distance en distance, on voit des puits bourbeux
Où finit le sillon des chariots à boeufs;
Hors un peu d'herbe autour des puits, tout est aride;
Tout du grand midi sombre à l'implacable ride;
Les arbres sont gercés, les granits sont fendus;
L'air rare et brûlant manque aux oiseaux éperdus.
On distingue des tours sur l'épine dorsale
D'un mont lointain qui semble une ourse colossale;
Quand, où Dieu met le roc, l'homme bâtit le fort,
Quand à la solitude il ajoute la mort,
Quand de l'inaccessible il fait l'inexpugnable,
C'est triste. Dans des plis d'ocre rouge et de sable,
Les hauts sentiers des cols, vagues linéaments,
S'arrêtent court, brusqués par les escarpements.
Vers le nord, le troupeau des nuages qui passe,
Poursuivi par le vent, chien hurlant de l'espace,
S'enfuit, à tous les pics laissant de sa toison.
Le Corcova remplit le fond de l'horizon.

On entend dans les pins que l'âge use et mutile
Lutter le rocher hydre et le torrent reptile;
Près du petit pré vert pour la halte choisi,
Un précipice obscur, sans pitié, sans merci,
Aveugle, ouvre son flanc, plein d'une pâle brume
Où l'Ybaïchalval, épouvantable, écume,
De vrais brigands n'auraient pas mieux trouvé l'endroit.
Le col de la vallée est tortueux, étroit,
Rude, et si hérissé de broussaille et d'ortie,
Qu'un seul homme en pourrait défendre la sortie.

De quoi sont-ils joyeux? D'un exploit. Cette nuit,
Se glissant dans la ville avec leurs gens, sans bruit,
Avant l'heure où commence à poindre l'aube grise,
Ils ont dans Compostelle enlevé par surprise
Le pauvre petit roi de Galice, Nuño.
Les loups sont là, pesant dans leur griffe l'agneau.
En cercle près du puits, dans le champ d'herbe verte,
Cette collection de monstres se concerte.

Le jeune roi captif a quinze ans; ses voleurs
Sont ses oncles; de là son effroi; pas de pleurs;
Il se tait; il comprend le but qui les rassemble;
Il bâille, et par moments ferme les yeux, et tremble.
Son front triste est meurtri d'un coup de gantelet.
En parlant, on l'avait lié sur un mulet;
Grave et sombre, il a dit: -Cette corde me blesse.-
On l'a fait délier, dédaignant sa faiblesse;
Mais ses oncles hagards fixent leurs yeux sur lui.
L'orphelin sent le vide horrible et sans appui.
A sa mort, espérant dompter les vents contraires,
Le feu roi do Garci fit venir ses dix frères,
Supplia leur honneur, leur sang, leur coeur, leur foi,
Et leur recommanda ce faible enfant, leur roi.
On discute, en baissant la voix avec mystère,
Trois avis: le cloîtrer au prochain monastère,
L'aller vendre à Juzaph, prince des sarrasins,
Le jeter simplement dans un des puits voisins.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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