PLUME DE POÉSIES
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 Victor HUGO (1802-1885) Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde.

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Inaya
Plume d'Eau
Inaya


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Victor HUGO (1802-1885) Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde. Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde.   Victor HUGO (1802-1885) Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde. Icon_minitimeJeu 29 Sep - 21:44

Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde.
Dieu lisait dans son livre et tout était détruit.
Dans le ciel par moments on entendait le bruit
Que font en se tournant les pages d'un registre.
L'abîme seul savait, dans sa brume sinistre,
Ce qu'étaient devenus l'homme, les voix, les monts.
Les cèdres se mêlaient sous l'onde aux goémons;
La vague fouillait l'antre où la bête se vautre.
Les oiseaux fatigués tombaient l'un après l'autre.
Sous cette mer roulant sur tous les horizons
On avait quelque temps distingué des maisons,
Des villes, des palais difformes, des fantômes
De temples dont les flots faisaient trembler les dômes;
Puis l'angle des frontons et la blancheur des fûts
S'étaient mêlés au fond de l'onde aux plis confus;
Tout s'était effacé dans l'horreur de l'eau sombre.
Le gouffre d'eau montait sous une voûte d'ombre;
Par moments, sous la grêle, au loin, on pouvait voir
Sur le blême horizon passer un coffre noir;
On eût dit qu'un cercueil flottait dans cette tombe.
Les tourbillons hurlants roulaient l'écume en trombe.
Des lueurs frissonnaient sur la rondeur des flots.
Ce n'était ni le jour, ni la nuit. Des sanglots,
Et l'ombre. L'orient ne faisait rien éclore.
Il semblait que l'abîme eût englouti l'aurore.
Dans les cieux, transformés en gouffres inouïs,
La lune et le soleil s'étaient évanouis;
L'affreuse immensité n'était plus qu'une bouche
Noire et soufflant la pluie avec un bruit farouche.
La nuée et le vent passaient en se tordant.
On eût dit qu'au milieu de ce gouffre grondant
On entendait les cris de l'horreur éternelle.

Soudain le bruit cessa. Le vent ploya son aile.
Sur le plus haut sommet où l'on pouvait monter
La vague énorme enfin venait de s'arrêter,
Car l'élément connaît son mystère et sa règle.
Le dernier flot avait noyé le dernier aigle.
On n'apercevait plus dans l'espace aplani
Que l'eau qui se taisait dans l'ombre, ayant fini.
Le silence emplissait la lugubre étendue.
La terre, sphère d'eau dans le ciel suspendue,
Sans cri, sans mouvement, sans voix, sans jour, sans bruit,
N'était plus qu'une larme immense dans la nuit.
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Victor HUGO (1802-1885) Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde.
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