PLUME DE POÉSIES
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 Victor HUGO (1802-1885) Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace.

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Inaya
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Inaya


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Victor HUGO (1802-1885) Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace. Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace.   Victor HUGO (1802-1885) Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace. Icon_minitimeJeu 29 Sep - 22:01

Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace.
Les noirs oiseaux volaient, ouvrant leur bec rapace.
Les invisibles yeux qui sont dans l'ombre épars
Et dans le vague azur s'ouvrent de toutes parts,
Stupéfaits, regardaient la sinistre figure
De ces brigands ailés à l'immense envergure,
Et le char vision, tout baigné de vapeur,
Montait; les quatre vents n'osaient souffler de peur
De voir se hérisser le poitrail des quatre aigles.

Plus sans frein, sans repos, sans relâche et sans règles,
Les aigles s'élançaient vers les lambeaux hideux,
Plus le but reculant montait au-dessus d'eux,
Et, criant comme un boeuf qui réclame l'étable,
Les grands oiseaux, traînant la cage redoutable,
Le poursuivaient toujours sans l'atteindre jamais.
Et pendant qu'ils montaient, gouffres noirs, clairs sommets,
Tout s'effarait; l'étrusque, et l'osque, et le pélasge
Disaient : - Qu'est-ce que c'est que ce sombre attelage?
Est-ce le char où sont les orages grondants?
Est-ce un tombeau qui monte avec l'âme dedans? -
Pharan, Nachor, Sephar, solitudes maudites,
Les colosses gardiens des cryptes troglodytes,
Les faucons de la mer, les mouettes, les plongeons,
L'homme du bord des eaux dans sa hutte de joncs,
Chalanné, devant qui Thèbes semblait petite,
Gomorrhe, fiancée au noir lac asphaltite,
Sardes, Ninive, Tyr, maintenant sombre amas,
Hoba, ville qu'on voit à gauche de Damas,
Edom sous le figuier, Saba sous le lentisque,
Avaient peur; Ur tremblait; et les joueurs de disque
S'interrompaient, levant la tête et regardant;
Les chameaux, dont le cou dort sur le sable ardent,
Ouvraient l'oeil; le lézard se dressait sous le lierre,
Et la ruche disait : vois! à la fourmilière.
Le nuage hésitait et rentrait son éclair;
La cigogne lâchait la couleuvre dans l'air;
Et la machine ailée en l'azur solitaire
Fuyait, et pour la voir vint de dessous la terre
Un oiseau qu'aujourd'hui nous nommons le condor.
Et la mer d'Ionie, aux grandes îles d'or,
Ce gouffre bleu d'où sort l'odeur des violettes,
Frissonnait; dans les champs de meurtre, les squelettes
Se parlaient; le sépulcre au fronton nubien,
Le chêne qui salue et dit à Dieu : c'est bien!
Et l'antre où les lions songent près des prophètes,
Tremblaient de voir courir cette ombre sur leurs têtes
Et regardaient passer cet étrange astre noir.
Et Babel s'étonnait. Calme comme le soir
Nemrod rêvait au fond de la cage fermée.
Et les puissants oiseaux, la prunelle enflammée,
Montaient, montaient sans cesse, et volant, furieux,
Vers la chair, le faisaient envoler vers les cieux.


Symbole de nos sens lorsqu'allant vers la femme,
Eperdus, dans l'amour ils précipitent l'âme.

Mais l'amour n'était pas au coeur du dur chasseur.

Isis montrait ce char à Cybèle sa soeur.
Dans les temples profonds de Crète et de Tyrrhène
Les dieux olympiens à la face sereine
Ecoutaient l'affreux vol des quatre alérions.
Même aujourd'hui, l'arabe, à l'heure où nous prions,
Cherche s'il ne va pas voir encore dans l'espace
La constellation des quatre aigles qui passe;
Et, dans l'Afrique ardente où meurt le doux gazon,
Morne terre qui voit toujours à l'horizon
Nemrod, l'homme effrayant, debout, spectre de gloire,
Le pâtre, si son oeil trouve une tâche noire
Sur le sable où vivaient Sidon et Sarepta,
Devient pensif et dit : C'est l'ombre qu'il jeta.
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Victor HUGO (1802-1885) Et l'esquif monstrueux se ruait dans l'espace.
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