PLUME DE POÉSIES
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 Victor HUGO (1802-1885) Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.

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Victor HUGO (1802-1885) Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.  Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.    Victor HUGO (1802-1885) Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.  Icon_minitimeMar 29 Nov - 23:41

Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.
O deuil! le pharaon suivi du Barmécide;
Ici le parricide et là l'infanticide;
Pères dénaturés, fils en rébellion.
Octave usurpe, opprime, égorge, et dans Lyon
Soixante nations lui bâtissent un temple;
La Flandre est un bûcher que Philippe contemple;
Léon dix en riant étrangle un cardinal;
Maxence après Galère apparaît infernal;
Voilà Sanche, abruti d'ivresses funéraires;
Celui-ci, Mahomet, tua ses dix-neuf frères;
Après avoir frappé son père; Manfredi
S'assied dessus jusqu'à ce qu'il soit refroidi;
Les Transtamares font. revivre les Orestes;
Achab fait ramasser sous sa table ses restes
Par des hommes sans mains, sans pieds, sans dents, sans yeux;
Caïus triomphe avec du sang jusqu'aux essieux;
Richard d'York étouffe Édouard cinq; Ramire
Le Mauvais est mauvais, mais Jean le Bon est pire;
Sélim, tout effaré de débauche et d'encens;
Court dans Stamboul, perçant de flèches les passants;
Andronic détruit Brousse et dépeuple Nicée;
Christiern fait tous les jours arroser d'eau glacée
Des captifs enchaînés nus dans les souterrains;
Galéas Visconti, les bras liés aux reins,
Râle, étreint par les noeuds de la corde que Sforce
Passé dans les oeillets de sa veste de force;
Cosme, à l'heure où midi change en brasier le ciel,
Fait lécher par un bouc son père enduit de miel;
Soliman met Tauris en feu pour se distraire;
Alonze, furieux qu'on allaite son frère,
Coupe le bout des seins d'Urraque avec ses dents;
Vlad regarde mourir ses neveux prétendants
Et rit de voir le pal leur sortir par la bouche;
Borgia communie; Abbas, maçon farouche,
Fait avec de la pierre et des hommes vivants
D'épouvantables tours qui hurlent dans les vents;
Là, le sceptre vandale, ici la loi burgonde;
Cléopâtre renaît pire dans Frédégonde;
Ivan est sur Moscou, Carlos est sur Madrid:
Sous cet autre, Louis dit le Grand, on ouvrit
Les mères pour tuer leurs enfants dans leurs ventres.
Mais où sont donc les loups! Oh! les antres! les antres!
La jungle-où les, boas' glissent, fangeux et froids!
Est-ce du sang qui coule aux veines de ces rois?
Ont-ils des coeurs aussi? Sont-ils ce que nous sommes?
Cieux profonds! oh! plutôt que l'aspect de ces hommes,
La rencontre du tigre, et, plutôt ,que leur voix,
Le sourd rugissement du lion dans les bois!
Eh bien, vengeance donc! mort! malheur! représailles!
La torche aux Rhamséions, aux Schoenbruns; aux Versailles!
Qu'Ossa soit à son tour broyé par Pélion!
Au bourreau les bourreaux! Justice! talion!
Talion! talion!
- Silence aux cris sauvages !
Non! assez de malheur, de meurtre et de ravages!
Assez d'égorgements! assez de deuil! assez
De fantômes sans tête et d'affreux trépassés!
Assez de visions funèbres dans la brume!
Assez de doigts hideux, montrant le sang qui fume,
Noirs, et comptant les trous des linceuls dans la. nuit!
Pas de suppliciés dont le cri nous poursuit!
Pas de spectres jetant leur ombre sur nos têtes!
Nous sommes ruisselants de toutes les tempêtes;
Il n'est plus qu'un devoir et qu'une vérité,
C'est, après tant d'angoisse et de calamité,
Homme, d'ouvrir son coeur, oiseau, d'ouvrir son aile
Vers ce ciel que remplit la grande âme éterrielle!
Le peuple, que les rois broyaient sous leurs talons,
Est la pierre promise au temple, et nous voulons
Que la pierre, bâtisse ,et non qu'elle lapide!
Pas de sang! .pas de mort! C'est un reflux stupide
Que la férocité sur la férocité.
Un pilier d'échafaud soutient mal la cité.
Tu veux faire mourir! Moi je veux faire naître!
Je mure le sépulcre et j'ouvre la fenêtre.
Dieu n'a pas fait le sang, à l'amour réservé,
Pour qu'on le donne à boire aux fentes du pavé.
S'agit-il de tuer ? O peuple il s'agit d'être.
Quoi! tu veux te venger, passant? de qui? du maître?
Si tu ne vaux pas mieux, que viens-tu faire ici?
Tout mystère où l'on jette un meurtre est obscurci;
L'énigme, ensanglantée est plus âpre à résoudre;
L'ombre, s'ouvre terrible après le coup de foudre;
Tuer n'est pas créer,' et .l'on se tromperait
Si l'on croyait que tout finit au couperet;
C'est là qù'inattendue, impénétrable, immense,
Pleine d'éclairs subits, la question commence;
C'est du bien et du_ mal; mais le mal est plus grand.
Satan rit à travers l'échafaud transparent.
Le bourreau, quel qu'il soit, a le pied dans l'abîme;
Quoi qu'elle fasse, hélas! la hache fait un crime;
Une lugubre nuit fume sur ce tranchant;
Quand il vient de tuer, comme, en s'en approchant,
On frémit de le voir tout ruisselant, et comme
On sent qu'il a frappé dans l'ômbre plus qu'un homme,
Sitôt qu'a disparu le coupable immolé,
Hors du panier'tragique où la tête a roulé,
Le principe innocent, divin, inviolable,
Avèc son regard d'astre à l'aurore semblable,
Se dresse, spectre auguste, un cercle rouge au cou.

L'homine'est impitoyable, hélas, sans savoir où.
Comment ne voit-il pas qu'il vit dans un problème,
Que' l'homme est solidaire' avec ses monstres même,
Et qu'il ne peut tuer autre chose qu'Abel!
Lorsqu'une tête tombe, on sent trembler le ciel.
Décapitez Néron, cette hyène insensée,
La vie universelle est dans Néron' blessée;
Faites monter Tibère à l'échafaud'demain,
Tibère saignera le sang du genre humain.
Nous sommes tous mêlés à ce que fait la Grève;
Quand un homme, en public, nous voyant comme un rêve,
Meurt, implorant en vain nos lâches abandons,
Ce meurtre est notre meurtre et nous en répondons;
C'est avec un morceau de notre insouciance,
C'est avec un haillon de notre conscience,
Avec notre âme à tous, que l'exécuteur las
Essuie en s'en allant son hideux coutelas.

L'homme peut oublier; les choses importunes
S'effacent dans l'éclat ondoyant des fortunes;
Le passé, l'avenir, se voilent par moments;
Les festins, les flambeaux, les feux, les diamants,
L'illumination triomphale des fêtes,
Peuvent éclipser l'ombre énorme des prophètes
Autour des grands bassins, au bord des claires eaux;
Les enfants radieux peuvent aux cris d'oiseaux
Mêler'le bruit confus de leurs lèvres fleuries,
Et, dans le Luxembourg' ou dans les Tuileries,
Devant les vieux héros de marbre aux poings crispés,
Danser, rire et chanter : les lauriers sont coupés!
La Courtille au front bas peut noyer dans les verres
Le souvenir des jours illustres et sévères;
La valse peut ravir, éblouir, enivrer
Des femmes de satin, heureuses de livrer
Le plus de nudité possible aux yeux de flamme;
L'hymen peut murmurer son chaste épithalame;
Le bal masqué, lascif, paré, bruyant, charmant,
Peut allumer sa torche et bondir follement,
Goule au linceul joyeux, larve en fleurs, spectre rose;
Mais, quel que soit le temps, quelle que soit la cause,
C'est toujours une nuit funeste au peuple entier
Que celle où, conduisant un prêtre, un guichetier
Fouille au trousseau de clefs qui pend à sa ceinture
Pour aller, sur le lit de fièvre et de torture,
Réveiller avant l'heure un pauvre homme endormi,
Tandis que, sur la Grève, entrevus à demi,
Sous les coups de marteau qui font fuir la chouette,
D'effrayants madriers dressent leur silhouette,
Rougis par la lanterne horrible du bourreau!

Le vieux glaive du juge a la nuit pour fourreau.
Le tribunal ne peut de ce fourreau livide
Tirer que la douleur, l'anxiété, le vide,
Le néant, le remords, l'ignorance et l'effroi,
Qu'il frappe au nom du peuple ou venge au nom du roi.

Justice! dites-vous. - Qu'appelez-vous justice ?
Qu'on s'entr'aide, qu'on soit des frères, qu'on vêtisse
Ceux qui sont nus, qu'on donne à tous le pain sacré,
Qu'on brise l'affreux bagne où le pauvre est muré,
Mais qu'on ne touche point à la balance sombre!
Le sépulcre où, pensif, l'homme naufrage et sombre,
Au delà d'aujourd'hui, de demain, des saisons,
Des jours, du flamboiement de nos vains horizons,
Et des chimères, proie et fruit de notre étude,
A son ciel plein d'aurore et fait de certitude;
La justice en est l'astre immuable et lointain.
Notre justice à nous, comme notre destin,

Est tâtonnémént, trouble, erreur, nuage, doute;
Martyr, je m'applaudis; juge, je me redoute;
L'infaillible, est-ce moi, dis ? est-ce toi? réponds.
Vous criez : - N6s douleurs sont notre droit. Frappons.
Nous sommes trop souffrants, trop saignants, trop funèbres,
Pour ne 'pas condamner quelqu'un dans nos ténèbres. -
Puisque vous ne voyez rien de clair dans le sort,
Ne vous hâtez pas trop d'en.conclure la' mort,
Fût-ce la mort d'un roi, d'un maître et d'un despote :
Dans la brume insondable où tout saigne et sanglote,
Ne vous hâtez pas trop de prendre vos malheurs,
Vos jours sans, feu, vos jours sans pain, vos cris, vos pleurs,
Et ce deuil qui sur vous et votre race tombe
Pour les faire servir à construire une tombe. .
Quel pas aurez-vous fait pour avoir ajouté
A votre obscur destin, ombre et fatalité,
Cetté autre obscurité que .vous nommez justice.?
Faire de l'échafaud, menaçante bâtisse,
Un autel à bénir le progrès nouveau-né,
O vivants, c'est démence; et. qu'aurez-vous gagné.
Quand, d'un culte de mort lamentables ministres,
Vous aurez marié ces infirmes sinistres,
La justice boiteuse et l;aveugle anankè?

Le glaive toujours cherche un but toujours manqué;
La palme, cette flamme aux fleurs étincelantes .
Faite d'azur, frémit devant des. mains sanglantes,
Et recule et s'enfuit, sensitive des. cieux!
La colère assouvie a ,le front soucieux.
Quant à moi, tu le .sais, nuit calme où je respire,
J'aurais là, sous mes pieds, mon ennemi, le pire,
Caïn juge, Judas pontife, Satan roi,
Que j'ouvrirais, ma porte et dirais : Sauve-toi!

En avant! du progrès reculons les frontières.
Non, l'élargissement des mornes cimetières,
O jeunes nations, n'est pas . .

Qu'est-ce donc qu'il nous veut, l'échafaud,
Cette charpente spectre accoutumée aux foules,.
Cet îlot noir qu'assiège et que bat de ses houles,
La multitude, aux.flots inquiets et mouvants,
Ce-sépulcre qui vient attaquer,les vivants,
Et qui, sur.les palais ainsi que sur les bouges,
Surgit, levant un glaive au bout de ses bras rouges?
Mystère qui, se livre aux carrefours, morceau
De, la tombe qui vient tremper. dans le ruisseau,
Bravant le jour, le bruit, les cris, bière effrontée
Qui, féroce, cynique et lâche, semble athée.!
O spectacle exécré dans: les plus repoussants,
Une mort qui se fait coudoyer. aux passants,
Qui permet qu'un crieur hors de l'ombre la tire!
Une mort qui n'a pas l'épouvante du rire,
Dévoilant l'escalier qui dans la nuit descend,
Disant : voyez! marchant dans la rue, et laissant
La boue éclabousser son linceul semé d'astres;
Qui, sur un-tréteau,- montre entre .deux vils pilastres
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Victor HUGO (1802-1885) Xercès fouette la mer, Phur crache.sur l'Athos.
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