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 Victor HUGO (1802-1885) Dans les chutes du droit rien n'est désespéré.

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885) Dans les chutes du droit rien n'est désespéré.    Victor HUGO (1802-1885) Dans les chutes du droit rien n'est désespéré.  Icon_minitimeLun 5 Déc - 23:39

Dans les chutes du droit rien n'est désespéré.
Qu'importe le méchant heureux, fier, vénéré ?
Tu fais des lâchetés, ciel profond; tu succombes,
Rome; la liberté va vivre aux catacombes;
Les dieux sont au vainqueur. Caton reste aux vaincus.
Kosciusko surgit des os de Galgacus
On interrompt Jean Huss; soit; Luther continue.
La lumière est toujours par quelque bras tenue;
On mourra, s'il le faut, pour prouver qu'on a foi;
Et volontairement, simplement, sans effroi,
Des justes sortiront de la foule asservie,
Iront droit au sépulcre et quitteront la vie,
Ayant plus de dégoût des hommes que des vers.
Oh! ces grands Régulus, de tant d'oubli couverts,
Arria, Porcia'', ces héros qui sont femmes,
Tous ces courages purs, toutes ces fermes âmes,
Curtius, Adam Lux, Thraséas calme et fort,
Ce puissant Condorcet, ce stoïque Chamfort,
Comme ils ont chastement' quitté la terre indigne!
Ainsi fuit la colombe, ainsi plane le cygne, -
Ainsi l'aigle s'en va du marais des serpents.
Léguant l'exemple à tous, aux méchants, aux rampants,
A l'égoïsme, au crime, aux lâches coeurs pleins d'ombre,
Ils se sont endormis dans le grand sommeil sombre;
Ils ont fermé les yeux ne voulant plus rien voir;
Ces martyrs généreux ont sacré le devoir,
Puis se sont étendus sur la' funèbre couche;
Leur mort à la vertu donne un baiser farouche.
Ô caresse sublime et sainte du tombeau
Au grand, au pur, au bon, à l'idéal, au beau!
En présence de ceux qui disent : Rien n'est juste!
Devant tout ce qui trouble, et nuit, devant Locuste,
Devant Pallas, devant Carrier, devant Sanchez,
Devant les appétits sur, le néant penchés,
Les sophistes niant, les coeurs faux, les fronts vides,
Quelle affirmation que ces grands suicides!
Ah! quand tout paraît mort dans le monde vivant,
Quand on ne sait s'il faut avancer plus avant,
Quand pas un cri du fond des masses ne s'élance,
Quand l'univers n'est plus qu'un vaste et lourd silence,
Quand rien ne semble plus témoigner ni vouloir,
Celui qui, des cercueils suivant le sentier noir,
Ira chercher ces morts dans leur asile austère,
Et qui se collera, l'oreille, contre terre,
Entendra leur tombeau dire à. voix haute : Oui.

Quoi! le deuil. triomphant, le meurtre épanoui,
Sont les conditions de nos progrès! Mystère!
Quel est donc ce travail étrange de la terre?
Quelle est donc cette loi du développement
De l'homme par l'enfer, la peine et le tourment?
Pour quelque but.final dont notre humble prunelle
N'aperçoit même pas -la lueur éternelle,
L'être des profondeurs a-t-il donc décrété
Dans les azurs sans fond de la sublimité,
Que l'homme ne doit point faire un pas qui n'enseigne
De quel pied il chancelle et de quel flanc il saigne,
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Victor HUGO (1802-1885) Dans les chutes du droit rien n'est désespéré.
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