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 Victor HUGO (1802-1885)Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort.

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Victor HUGO (1802-1885)Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort. Empty
MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885)Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort.   Victor HUGO (1802-1885)Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort. Icon_minitimeJeu 22 Déc - 20:35

Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort.

Il semblait calme et doux comme un enfant qui dort;
Ses yeux étaient fermés, ses bras .pendaient, sa bouche
Souriait d'un sourire héroïque et. farouche;
Ceux qui l'environnaient l'emportèrent.

Et tous,
Depuis ce jour, l'exil s'étant fermé sur nous,
Nous songeons à celui qui mourut, et dont l'âme
Luit sur Paris ainsi que dans l'ombre une flamme,
Et nous disons: Hélas! c'est toi qui fus* choisi!

Ô toi qui dors là-bas, nous qui saignons ici,
Nous t'envions. Heureux ceux que reprend la tombe!
Celui qui reste droit devant celui qui tombe
Médite, car tous deux sont, en dépit du sort,
Debout, l'un dans la vie et l'autre dans la mort.
Mais dans ce monde où passe et repasse sans cesse
Une inondation de honte et de bassesse,
Où tant d'hommes, plus vains que les mouches d'été,
Vendant leur avenir au présent effronté,
Pour-avoir plus d'orgie acceptent plus d'abîme,
Et chantent, joyeux d'être abjects, ô ciel 'sublime,
Ciel noir! comment ne pas envier la faveur
D'une balle qui vient frapper un front rêveur!
Comment ne pas frémir devant la suite obscure
Des crimes de Néron vivant comme Epicure,
Ne s'inquiétant pas de ce que produiront
Ses forfaits, ses plaisirs, sa joie et notre affront,
Faisant avec Dieu sombre une folle gageure, .
Et vil, petit, terrible, avec son noir parjure,
Ses fraudes, son succès, sa fange, affreux ciment,
Bâtissant on ne sait quel vaste écroulement!
Comment ne pas aimer la caresse subite
De la mort, spectre auguste avec qui l'âme habite,
Et qui vous ouvre une ombre étoilée où tout luit!
La mort, c'est le matin, et l'exil, c'est la nuit.
Quand tombent les hérauts du progrès populaire,
Quand une main d'en haut, dans un jour de colère,
Leur ôte brusquement des lèvres le clairon,
Quand Botzaris périt, quand expire Byron,
Quand les quatre sergents de la Rochelle meurent,
On entend le sanglot des nations qui pleurent;
Les peuples sous ces deuils se courbent accablés
Et tristes, comme après un orage les blés.
Ces martyrs sont sacrés, et sur toutes les lèvres
Leurs noms volent, donnant aux coeurs les saintes fièvres;

Ils sont l'exemple, ils sont l'honneur, ils sont l'espoir;
Même quand tout s'éclipse on croit encor les voir;
Leur oeil fixe soutient ceux qui jamais ne cèdent;
Ils font songer l'enfant- qui s'élève, ils l'obsèdent
Du superbe besoin de leur être pareils;
Et quand la Liberté, dorant les cieux vermeils,
Reparaît, et revient sur les cimes éclore,
Leurs grands fantômes sont mêlés à cette aurore.
Mourir, c'est vaincre. Un mort brille, éclaire et conduit.

Dans les . temps ténébreux où tout s'écroule et fuit,
Quand un assassin fait balbutier l'histoire,
Quand le crime finit par avoir de la gloire,
Et qu'il ôte son masque inutile à garder,
Estimant que sa honte est bonne à regarder;
Quand, lâche, et subissant cette infâme bravade,
La conscience, ainsi qu'un voleur qui s'évade,
Retient son souffle, rampe et tremble; quand les fronts
N'ont presque plus de forme à cause des affronts,
Il est bon de sentir dans l'ombre la présence
De la mystérieuse et sévère innocence
Qui vit dans les tombeaux et que les morts ont seuls,
Et de voir dans la nuit la blancheur des linceuls.
Ce qu'on appelle une ombre est une âme rentrée
Dans. l'azur, mais restée au fond de l'empyrée,
Et qui parle à voix 'basse au peuple humilié.

Ah! les morts sont présents! L'absent, c'est l'oublié.
L'absent, c'est le proscrit.

= Que fait donc la patrie?
Se dit-il. Un bandit la tient, elle est flétrie,
Elle est vendue, elle est esclave, sans appui,
Sans gloire; et l'on entend quelqu'un rire, c'est lui,
Et c'est elle.

Eh bien, soit. On est proscrit, on pense,
On saigne, avec l'oubli railleur pour récompense;
Tout est bien. Voulait-on autre chose? En avant!
Vers quoi? vers le tombeau, vers la nuit, vers le vent,
Vers l'orage et l'écueil. Pourquoi pas? Rome! Auguste
Sort d'Octave, et le vrai devient faux, et l'injuste
En perspective avec le juste se confond;
Tais-toi, proscrit.

On sent de l'ironie au fond
Du murmure des flots comme du bruit des hommes.
Dans cette brume où tous pêle-mêle nous sommes
On jette sa pensée, inutile semeur;
L'insulte est par moments distincte en la rumeur
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Victor HUGO (1802-1885)Rey fi0 me serra la main et dit: Baudin 'est mort.
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