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 Victor HUGO (1802-1885)De dire': Apaise-toi, spectre qui te lamentes!

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MessageSujet: Victor HUGO (1802-1885)De dire': Apaise-toi, spectre qui te lamentes!   Victor HUGO (1802-1885)De dire': Apaise-toi, spectre qui te lamentes! Icon_minitimeJeu 22 Déc - 20:44

LESURQUES - II 769
De dire': Apaise-toi, spectre qui te lamentes!
Et d'aller, dans l'oubli des tombes infamantes,'
Chercher une Mémoire, et 'de mettre;' à' côté
D'un mensonge, en ces nuits 'sans fond, la vérité:
On ne peut gaspiller à ce point les finances!

. Confisquer fut le droit. Les ,vieilles ordonnances
Sévirent sur Lesurque ainsi qu'au temps ancien.
En .lui volant sa vie; on lui vola son bien.
Les fils ont disparu, famille foudroyée; -
La fille s'est jetée à la Seine et noyéé
Tout ce groupe effaré, morne, épàrs, frissonnant,
A sombré sous l'arrêt funèbre; et maintenant,
La nuit après la mort, hélas! c'est la logiqué;
On ne 'distingue rien dans cette ombre tragique,
Sinon des enfants nus, quelques pauvres petits
Dans l'abîme; 'orphelins pas ençore engloutis..
Cette détresse est là sous nos yeux, cela souffre,
Crie, appelle, et l'on voit leurs bras sortir du gouffre,
Ils pleurent, et la terre et- le.ciel sont témoins.
À présent, calculons. Deux. millions au. moins.
Trois 'peut-être. Tout rendre aux fils est nécessaire.
Il faudra rembourser cette longue misère. '
N'a-t-on pas plus tôt fait de dire: Toi qui fus
Innocent, reste infâme! Et .c'est fini. Refus:
Tout est dit. Être juste est bien, être économe.
Est mieux.
Et puis, de quoi te plains-tu, mon brave homme?
De ce qu'on t'a coupé la tête par erreur? -
Ce n'est pas notre faute à nous; et l'empereur
Doit-il, parce qu'on dit beaucoup d'impertinences
Sur cet accident-là, pâtir-dans ses finances,
Renonçer à Biarritz, vu que Lesurque est cher,
Et n'avoir plus de quoi payer monsieur Rouher?
Qu'en pensez-vous, Glandaz? Qu'en pensez-vous,.Devienne?
Président Legagneur, autant qu'il men souvienne,
Tu jugeas l'accusé Bonaparte jadis,
Et tu sers l'empereur; rends ton oracle! dis!
Allons-nous ruiner le budget, qui nous dote,
Pour recrépir à neuf une antique anecdote,
Pour raccommoder, quoi? le nom d'un homme mort,
Et pour laver au fond du code un vieux remord?
Bah! nous rencontrerions,. si nous l'osions prescrire,
Le doux nenni de Magne avec son doux sourire.
Le jour où, devant l'huis du trésor, surgirait,
Enclose dans les flancs' sacrés de notre arrêt,
La justice, devoir, dette, loi des croyances,
Clarté,-sommation céleste aux consciences;

Le caissier, ricanant de Lesurques plaintif,
Allumerait son poêle avec ce plumitif.
Sous l'empire on est fort; on gouverne, on décrète;
De la chose jugée on fait sa,cigarette.
D'ailleurs on est sceptique. A bas les morts gênants!
On tourne volontiers le dos aux revenants,
Surtout quand le fantôme apporte une quittance.
Le vrai vieilli n'est plus vraisemblable à distance;
Et nous ferions hausser les épaules de ceux
Qui gagnèrent le lot d'un coup d'état chanceux
Si nous venions leur dire: O succès! ô puissance!
Il existe une chose appelée innocence.

Et puis, voyons, vraiment, où s'arrêterait-on?
Que fut à son début l'empire? Un gueuleton.
S'ait: Mais si l'on persiste à faire ainsi ripaille,
L'empereur finira par être sur la paille.
Le budget fêlé fuit. Nous avons des héros,
Nous avons des sauveurs, et cela coûte gros.
On paya Bacciochi, Dieu sait pour quels services,
Magnan pour ses forfaits et Morny pour ses vices,
Va-t-on indemniser tout le monde à présent?
Hier le criminel, aujourd'hui l'innocent.'
C'est trop. Bornons les frais. La loi, qui règne et fauche,
Frappa Lesurques. Bien. Complétons cette ébauche.
On a guillotiné le grand-père à tâtons;
Exécutons les fils orphelins, et mettons
Leur requête au panier, comme on y mit sa tête.

Faisons à ce sépulcre une faillite honnête;
Motivons-la si bien qu'on dise: Ils ont raison.
Remettons ce Lesurque en terre, de façon
Qu'il ne puisse, 'à travers la broussaille, l'ortie,
L'injustice et l'oubli, faire une autre sortie.
Les morts n'ont pas le droit d'ennuyer les vivants.
Régnons, cadis altiers, du haut de nos divans,
Dans notre pourpre ayant un linceul pour doublure.
Ne cédons point; laissons sur ce nom la souillure;
Car la démagogie en ce siècle grandit.
Finissons-en avec ce Lesurques. C'est dit.
Ne souffrons pas qu'on touche aux lois, vieille bâtisse.
Quand un homme a péri par arrêt de justice,
Correctement, au jour voulu, sur l'échafaud,
N'admettons point qu'on trouve à la hache un défaut.
Sans nous tout croulerait sous d'effrayants déluges.
Résistons; et soyons dignes d'être des juges,
Après ces vénérés antiques magistrats,
Gravement accoudés sur d'augustes fatras,
Bien payés par les rois, bien bénis par les prêtres,
Et tous morts en odeur de Montfaucon, nos maîtres!
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Victor HUGO (1802-1885)De dire': Apaise-toi, spectre qui te lamentes!
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