F' 73 1839-40. Océan, p. 514-515.
Quand la mère va errant sous les arbres du cimetière
Mère, ne pleure pas, dit la grande nature.
Ton fils est partout autour de toi. -
Le sombre océan dit avec sa voix étrange :
- Ne pleure pas. Ton fils est un doux alcyon.
- Ton fils est un parfum, ton fils est un rayon,
Disent l'aube et la fleur, rien ne meurt et tout change.
L'arbre penché murmure : - il. est toujours vivant;
Ton fils est un soupir qui passe dans le vent.
Le ciel dit : - ton fils est un ange!
La mère pleure et.dit : - j'aimais mieux mon enfant.
Certes la fleur est douce, l'arbre est beau, etc.
Mais j'aime mieux mon enfant que...
J'aime mieux mon enfant, ô ciel, que tes étoiles
. Et que vos anges, ô mon Dieu!
1826-1851" 941
Rendez-le moi, ruisseaux, fontaines etc.
Ame du monde, rends-moi l'âme de mon foyer.
Rends-moi mon enfant, Seigneur
0 Dieu
.Qu'importe à ta splendeur profonde
Une perle de plus dans l'ondé,
Un 'astre de plus dans l'éther!
Ce lit glacé' en proie au ver
Qu'assoupit d'un bruit monotone
La feuille qui tombe en automne,
La neige qui tombe en hiver!
Ce cri de ta douleur, ô mère, Dieu l'écoute.
Mais il a ses lois.
Vous regardez trop peu, quand vous êtes heureuses,
La nature, les champs, les arbres du Seigneur,
Vous êtes toutes dans vos enfants
alors Dieu prend votre coeur
Il le broie et le mêle à la création.
Va, crie, pleure, regarde, aspire,
Le bois profond, l'eau sombre où l'esquif s'aventure,
La tour qui jette aux ans de solennels défis,
La colline, le vent, le fruit d'or, la fleur pure,
Tout désormais aura pour toi dans la nature
Comme une- vague odeur de l'âme de. ton fils!