F° 133 1858-60.
Une oie auprès d'un aigle
Une femme charmante, un sot mari
C'est la règle,
Le sort met toujours l'ombre à côté du rayon;
II mesure la peine et l'expiation,
Hélas! à la splendeur des plus divines choses,
Et la laideur du ver à la beauté des roses.
F° 135 Vers 1858. Océan, p. 260.
Pour moi, c'est ma coutume et mon tempérament,
Je souffre et je me tais; je sais stoïquement
Laisser saigner mon coeur, laisser pleurer mon âme.
Quand m'a-t-on entendu me plaindre d'une femme?
F.136 147/2. 1850-52.
Les détonations
De tout votre Parnasse, antique taupinière,
Être réduit en cendre, être mis en poussière
Comme hérétique, au nom de Phoebus Apollo,
Jebrave tout, depuis le tonnerre Boileau,
Jusqu'à monsieur Nisard, allumette chimique.
F. 138 144/121. 1856?
Quand j'étais à Jersey, dans l'île fatidique,
Où devant l'Océan l'âme éperdue abdique,
Des syllabes passaient dans les souffles du vent,
Et Dieu resplendissait sous la nature sombre.
Je voyais des clartés sortir des fleurs dans l'ombre.
Une voix me parlait dans le soleil levant.
F° 139 176/19. Vers 1860. Océan, p. 259.
. Pour m'endormir, mon cher,
Il faut que j'aie autour de la tête de l'air;
M'enfouir dans un lit de plume m'effarouche;
J'étouffe en y songeant; le soir, quand je me couche,
Je prends mon oreiller candide dans mes poings,
J'en fais un fronton grec en rabattant les coins,
Puis je pose mon front au sommet du triangle,
Et je m'endors ainsi perché! Sinon, j'étrangle.
F0142 147/214. 1858. Océan, 85.
- dans. un cimetière
Sur ces fosses éternelles,
Dieu t'épaissit,- bois profond,
1852-1870 1001
Pour qu'on voie errer des ailes
Aux lieux où les âmes sont;
Pour qu'un bruit chàrme ces pierres;
Pour que le vent sur les bières
Puisse agiter des bercéâux;
Et faire sur une tombe'
Germer la graine qui tombe
Du nid des petits oiseaux!
Fo 143 146/413. 1856?
... Princes.
Et quant à vos petits, me croit-on assez fou
Pour m'éblouir, moi rustre et manant dans mon trou,
Quand leur pied,s'affermit ou quand leur front se dresse,
Pour célébrer, avec des larmes de tendresse,
Le beau jour où l'on voit ces louveteaux mordant,
Et pour m'apitoyer sur leur première dent!
Que fais-tu là? = Je fais mon dernier brin de corde
Dit l'homme. Le dernier, dit Robert [?], et pourquoi?
Et l'homme répondit : - c'est que c'est vous le roi.
- avais-je pas raison?
Fo 145 148/219. 1856-58.
Histoire
Alors une- fumée affreuse 's'épandit;
Capitaines, soldats, princes, peuples esclaves,
Tout prit feu, tout coula comme un ruisseau de laves
Et l'Europe apparut comme un puits. de l'Etna,
La guerre alors, sonnant du clairon déchaîna
Dans cette ombre un orage effrayant de bannières.
Fo 146 147/563..1856?
... Et la comète court, masque au regard de braise,
Nôir démon qui s'est. trop penché sur la fournaise
Et qui s'enfuit avec du feu dans les cheveux.
Fo 147 1856-58.
Sais-tu notre malheur? C'est d'être tous oisifs.
Nous ignorons. Fainéants
Le czar Pierre eut raison.
Sois d'abord ouvrier si tù veux être maître.
Savoir un dur métier nous façonne au grand art'
De régner, il se fit charpentier, et plus tard
Trouvant une servante, il en fit une reine 19.
48 148/226. 1858?
ô sombre instant! ô deuil!
Il mourut. Regardez ma douleur éternelle;
Vous trouverez toujours au fond de ma prunelle
Cette heure-là figée en larme dans mes yeux.
F. 149 148/343. Fin de l'exil?
Un mourant
Oh! ce dernier moment, le moment sombre, est beau!
... Si l'on allait
Sortir de l'ombre avec de grands éclats de rire?
les princes - les seigneurs - guerres injustes
Qu'est-ce que leur épée? une prostituée.
Pas d'armure qui n'ait quelque tache. Le droit,
Le vrai, l'honneur, toujours faussés par quelque endroit,
D'affreux viols, le sang du faible, qui ruisselle,
Déshonorent la guerre en ce siècle!
Il s'agenouille devant l'épée du Cid.
O pucelle!
F° 157 69/21. 1853-54.
... ces gueux de juges, je suppose,
Vont à mon avocat faire perdre ma cause,
Attendu que je suis proscrit, que j'ai raison,
Et que je suis fort mal pour toute la maison,
Les traitant 'de coquins, eux juges, et leur maître
De bandit, et crachant, sur l'hosanna du prêtre.
1856-58. Océan, 26.
... ensemble! ensemble! ensemble!
Janvier doit grelotter près du vieillard qui tremble;
Mai doit s'épanouir près de l'enfant qui rit
Autour de nous, selon l'état de notre esprit,
Le monde doit avoir la figure de l'âme;
Le ciel doit ressembler au cœur; l'homme est un drame
Dont les choses, muets témoins, sont les décors;
Il est entre eux et lui d'insondables accords;
Le râle d'Ugolin veut l'ombre et l'oubliette;
Il faut à Lear l'orage; il faut pour Juliette
Et Roméo, tout bas soupirant : Addio!
Un balcon de. Vignole ou de Palladio.
L'unité c'est la loi; tout vit par l'harmonie.
F° 159
1852-1870 1003