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 Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.III

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MessageSujet: Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.III   Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.III Icon_minitimeJeu 5 Jan - 23:05

III

« Que tout soldat s’éveille et prépare sa lance,
Chanta premièrement cette immortelle voix.
Demain sera le jour des peuples et des rois.
De son lit de repos que tout soldat se lève,
Et fourbisse avec soin la cuirasse et le glaive.
A-t-on fait resplendir l’airain du bouclier?
Sait-on si la courroie au bras peut se lier?
Sait-on si des chevaux les rênes seront sûres?
Et les coeurs sont-ils prêts ainsi que les armures?

» Le jour s’était levé: les Grecs à rangs égaux
Retournaient au combat; ceux de Sparte et d’Argos,
Les enfants des vallons que le Parnès domine,
Ceux que menait Ajax, orgueil de Salamine;
Tous couraient à la fois, vêtus d’or ou de fer.
Repousser les Troyens descendus vers la mer.

« Achille, cependant, divin fils de Pelée,
Était toujours assis dans sa tente isolée.

Des armes du héros empruntant la vertu,
Patrocle, ce jour-là, s’en était revêtu,
Et, fier de cette armure ajustée à sa taille,
Il s’était, des premiers, lancé vers la bataille.
Patrocle est du héros le plus cher compagnon,
Celui dont l’amour même en lui grave le nom.
Quel sera le destin de ce cher frère d’armes?. . .
Tandis qu’il y songeait, Nestor, les yeux en larmes,
Morne, arrive à sa tente, et, s’arrêtant au seuil:
« O douleur, » lui dit-il, « irréparable deuil!
» Il n’est plus; son corps gît étendu sur l’arène,
» Cadavre que tes yeux reconnaîtraient à peine;
» Et tes armes, le glaive et la cuirasse d’or,
» Tes armes sont aux mains de l’homicide Hector! »

» Achille, à ce discours, sent sur son froid visage
Passer de la douleur le livide nuage.
Comme un pin, quand le dieu vient de le foudroyer,
Il s’incline, et, prenant la cendre à son foyer,
Il verse lentement cette pâle souillure
Sur son front, sur ses yeux et sur sa chevelure.
Un sanglot sort enfin de son âme, éclatant,
Tel qu’au fond de la mer Thétis même l’entend,

Et qu’à travers les eaux, ses nymphes, cour fidèle,
S’empressent d’accourir et pleurent autour d’elle.

» Or, couché dans sa tente et navré de douleurs:
« Que je meure à l’instant », disait Achille en pleurs,
» Moi qui, sans l’assister, moi qui, sans le défendre,
« Ai pu laisser périr mon ami le plus tendre!
« Il est mort, invoquant peut-être mon appui.
» Et moi, je restais là, je dormais loin de lui!
» O discordes des rois, colères insensées,
» Misérables dépits des âmes offensées,
» Qui troublez, comme un vin, notre faible raison,
» Je n’ai que trop goûté de votre amer poison!
» J’ai, du larcin d’Atride occupant ma mémoire,
» Trop vengé mon injure aux dépens de ma gloire.
» Trêve aux ressentiments, que tout soit effacé,
» Qu’on ne me parle plus de tout ce vain passé!
» Je retourne au combat, j’y revole sur l’heure;
» Malheur au meurtrier de celui que je pleure!
» Fais-moi trouver Hector, qu’il tombe sous mon bras,
» Et puis, ô Jupiter, je meurs quand tu voudras! »

» Les Grecs cédaient, pourtant; leur troupe fugitive,
Courant vers les vaisseaux alignés à la rive,

Ne pouvait entraîner loin des soldats d’Hector
Le corps du cher Patrocle, étendu tiède encor.
Ainsi que des corbeaux, les fantassins de Troie
Fondaient sur la dépouille, ardents à cette proie.
Les uns poussés de haine et les autres d’amour,
On se rue, on se heurte, on combat tout autour.

» Ce fut à ce moment que le fils de Pelée
Accourut de sa tente et vit cette mêlée.
Il la voit, il s’approche et ne s’y jette pas.
Minerve ainsi le veut, qui gouverne ses pas.
Nu, d’ailleurs, dépouillé de l’armure perdue,
Sa vengeance aujourd’hui doit rester suspendue.
Que peut-il sans le glaive et sans le bouclier?
Donc, semblable au taureau qu’un pâtre a su lier,
Il ne dépasse pas le fossé, mais sa bouche
A travers le combat pousse un cri si farouche,
Que les tours d’Ilion chancellent à ce bruit.
Le vent de la peur souffle, on se disperse, on fuit,
Et, dans un tourbillon de rapide poussière,
Chariots et coursiers, tout se jette en arrière!. . . »
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Joseph Autran (1813-1877) La Fin De L'Epopée.III
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