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 Joseph Autran (1813-1877) L’Empereur.

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Joseph Autran (1813-1877) L’Empereur. Empty
MessageSujet: Joseph Autran (1813-1877) L’Empereur.   Joseph Autran (1813-1877) L’Empereur. Icon_minitimeDim 8 Jan - 18:58

L’Empereur.

Avec sa barbe épaisse, avec son large buste,
L’empereur Charlemagne avait l’air très-auguste.
Dans son Aix-la-Chapelle, alors qu’il résidait,
La foule, avec amour, de loin le regardait.
Sa taille mesurait environ quinze palmes;
Il avait l’oeil brillant, le nez droit, les traits calmes;
Mais, lorsque dans cet oeil la colère avait lui,
Comme une feuille au vent tout tremblait devant lui.
Il avait dans les bras, dans les reins, dans le torse,
La vigueur du lion, et telle était sa force
Qu’il prenait un soldat tout armé sur la main,
Debout, et le portait quelque temps en chemin.
Qu’il fût dans les cités germaines ou latines,
Il se levait toujours à l’heure des matines,

Et faisait à genoux sa première oraison:
Il donnait cet exemple à toute sa maison.
De saint Denis surtout il vénérait la châsse;
En temps de paix, souvent, il allait à la chasse;
Il revenait ensuite., et, sans être glouton,
Mangeait tout un quartier de porc ou de mouton,
Des canards en juillet, des perdrix en octobre;
Buvait parfois de l’eau, mais il en était sobre;
Il n’avait pas non plus un grand goût pour le pain.
Il aimait les savants: l’archevêque Turpin
Discourait avec lui d’histoire ou de grammaire,
Ou lui lisait les vers de Virgile et d’Homère.
Il parlait de conquête avec ses grands vassaux.
Les fleuves à ses yeux n’étaient que des ruisseaux.
Il déployait la carte et rêvait de s’étendre
Plus loin que le grand Jule et plus loin qu’Alexandre.
« Pyrrhus était fameux, Darius était grand,
Disait-il; ils allaient comme va le torrent;
Mais leur ambition à tous deux fut trompée:
Ils n’avaient pas Roland pour porter leur épée.»
Aucun grave intérêt n’était mis en oubli.
Avec d’autres savants il avait établi
Des collèges sans nombre où les clercs venaient lire
Pindare et Cicero qu’on leur faisait traduire.

Dans sa grande chapelle assise aux bords du Rhin,
Les jours de grande fête, il chantait au lutrin;
Et, quand il entonnait le psaume ou les épîtres,
Sa voix faisait trembler les piliers et les vitres.
En carême, il allait à vêpres, au sermon,
Psalmodiait David, mais blâmait Salomon
D’avoir eu sous son toit trop de femmes d’Asie:
« Une femme suffit quand elle est bien choisie.»
C’était un des propos qu’il répétait souvent.
Enfin, ayant vaqué depuis le jour levant
Aux soins de son royaume, à ceux de sa demeure,
Le puissant empereur se couchait de bonne heure.
Le lit, de pourpre et d’or, était éblouissant.
Alors, cent chevaliers, hommes de noble sang,
En cercle se rangeaient autour de cette couche.
Sans faire un mouvement, sans remuer la bouche,
L’épée au ceinturon, un cierge dans la main,
Ils restaient là, veillant jusques au lendemain;
C’était dans le palais un silence suprême,
Et le vaste univers semblait dormir lui-même.

C’est bien; mais, quand la guerre embouchant ses clairons
Réveillait le monarque ainsi que les barons,
Il transformait soudain toutes ses habitudes.

Des plus tranquilles moeurs il passait aux plus rudes.
C’est ainsi qu’on le vit, sous le ciel espagnol,
Se nourrir de pain noir et dormir sur le sol,
Et lui-même, une nuit de veille solennelle,
Tout seul, autour du camp, rester en sentinelle!
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Joseph Autran (1813-1877) L’Empereur.
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