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 Joseph Autran (1813-1877) La Fiancée.

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Joseph Autran (1813-1877) La Fiancée. Empty
MessageSujet: Joseph Autran (1813-1877) La Fiancée.   Joseph Autran (1813-1877) La Fiancée. Icon_minitimeDim 8 Jan - 19:26

La Fiancée.

Comme un oiseau joyeux qui chante et bat de l’aile,
La ville aux toits confus, la vieille Aix-la-Chapelle,
Tressaillit un matin: l’empereur de retour
Arrivait; on voyait, de la plus haute tour,
S’avancer au soleil, dans la plaine enflammée,
Les premiers bataillons de sa vaillante armée;
Déjà l’on entendait le bruit de ses clairons.
Tout le peuple accourut; les femmes des barons,
Les tilles et les soeurs descendaient sur leur porte
Saluer l’empereur et voir passer l’escorte.
Leur écharpes flottaient en brillantes couleurs.
Sur les pas du cortège elles semaient des fleurs,
Car la gloire et l’amour sont des amis fidèles,
Et toujours les plus fiers sont aimés des plus belles.

Comme un lis des jardins au calice argenté,
La belle Aude était là, dans sa fleur de beauté,
La vierge que Roland, quand il revint d’Asie,
Pour noble fiancée, un jour, s’était choisie.
Blonde, elle était pareille à l’ange qu’il rêvait;
Un sourire enchaîna ce grand coeur; il devait
La conduire à l’autel à son retour d’Espagne,
Qui serait, disait-il, sa dernière campagne.
Donc, la belle était là dans ses riches habits.
Elle portait au front un cercle de rubis,
Un présent de l’amour, qu’il lui donna lui-même
Après qu’il eut d’un roi brisé le diadème.

Au son des instruments, les joyeux compagnons
Défilaient sous ses yeux, Picards et Bourguignons,
Et ceux de la Gascogne et ceux de la Lorraine
« Quelle est, se disaient-ils en passant, cette reine?
D’où lui vient cette grâce et cette majesté?
Elle aura pris sans doute à la moisson d’été
La couleur des cheveux qui pendent sous ses voiles,
Et ses yeux ont volé des rayons aux étoiles!»
Au son des instruments quand tous eurent passé:
« Où donc, murmura-t-elle, est mon doux fiancé?
Vous tous qui revenez de l’Espagne lointaine,

Dites, qu’avez-vous fait de ce grand capitaine?»
Et, comme l’empereur ne lui répondait pas,
Elle sentit ses yeux voilés par le trépas.
« Je meurs, soutenez-moi, dit-elle à ses suivantes.
Avec leurs bien-aimés que d’autres soient vivantes!
Moi qui n’ai plus le mien, je le suis au tombeau.
C’était le plus vaillant et c’était le plus beau!
Quelle était sa fierté, sa bravoure, sa grâce!
De quel air triomphant il portait la cuirasse!
Que n’ai-je pu, Roland, m’en aller avec toi!
Maintenant, je te suis; veux-tu toujours de moi?
- Je vous offre mon fils, l’héritier du royaume,»
Lui disait l’empereur, pâle comme un fantôme;
Mais elle détournait la tête avec dédain,
Aimant le fils du roi moins que son paladin.

On l’enterra, le soir, au fond d’une chapelle.
Les cloches dans les airs, pleurant Aude la belle,
Accompagnaient en choeur son âme dans l’azur.
On lui fit un tombeau du marbre le plus pur,
Merveille où le ciseau du statuaire habile
Donna la vie et l’âme à la pierre immobile.
On y voyait Roland et ses hardis travaux,
Ses victoires partout, sa chute à Roncevaux.

Dans l’autre bas-relief, c’était la bien-aimée
Au passage du roi tombant toute pâmée.
C’est là qu’on déposa le virginal cercueil;
Et pendant six cents ans les pèlerins en deuil
Virent, sur ce tombeau tout brodé de pilastres,
Trois rangs de lampes d’or briller comme des astres!





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