PLUME DE POÉSIES
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 Jean Auvray(1590-1633) LES GUERRIERS VOLONTAIRES

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MessageSujet: Jean Auvray(1590-1633) LES GUERRIERS VOLONTAIRES   Jean Auvray(1590-1633) LES GUERRIERS VOLONTAIRES Icon_minitimeMer 11 Jan - 0:47

LES GUERRIERS VOLONTAIRES

Or qu' un feu de jeunesse en nos veines boüillonne
Que d' une brusque ardeur l' indomptable Bellonne
Nous échauffe le sang: grand roy l' honneur des rois
Puis que nous sommes nez pour fléchir sous vos loix,
Nous venons vous offrir au milieu des alarmes
Nos corps, nos biens, nos voeux, et nos fidelles armes,
Bien-heureux de mourir de playes tout couverts
Aux pieds d' un tel monarque: honneur de l' univers,
Miroir des palladins, dont la dextre guerriere
Aux yeux des plus vaillans fait voller la poussiere,
Qui s' applanit desja d' un fer victorieux
En despit de fortune un sentier dans les cieux.
Vous donc enfans de Mars, rouges foudres de guerre,
La terreur et l' effroy de l' estrangere terre,
Dont les bras tant de fois ont nos champs empourprez
Du sang des ennemis, gardes des lys sacrez,


Braves et vrais françois, vassaux incorruptibles,
Donnez place parmy vos troupes invincibles
À ce scadron royal, qui brusle comme vous
D' un desir d' employer la fureur de ses coups
À repousser l' orgueil de ces subjects rebelles,
Mutins, capricieux, libertins, infidelles
Qui ne veulent des rois que pour estre fauteurs
De leurs impietez: gentils reformateurs,
Qui secoüant les loix de nostre monarchie,
D' un royaume voudroient faire un oligarchie,
Afin qu' à la faveur de ces profusions
Pullulast le venim de leurs corruptions,
Et qu' aux troubles civils toutes moeurs débordées
L' insolente heresie eust ses franches coudées.
L' Escosse l' esprouva, quand un nommé Stuard
Apostat frauduleux desesperé bastard,
Abandonnant la nef de l' eglise romaine
Fit la guerre à sa soeur et legitime reyne.
L' Angleterre le sçait quand son Elizabet
Du royal sang de France arrosa un gibet,
Les peuples que le Rhin de ses ondes embrasse
Sçavent bien qu' apporta la libertine audace
D' un moyne deffroqué, Thoulouze a mille fois
Pleuré les cruautez des ribaux albigeois.
Ces flots impetueux ont esbranlé l' empire,
Frize, Brabant, Holande en sçauroient bien que dire,
Mais la France sur tous void et sent pulluler


Ce poison dans ses reins, et n' en oze parler,
Combien de fois nos champs ont servy de theatres,
Aux tragiques complots de ses opiniastres?
Combien de fois la terre à gemy sous le faix
Des soldats revoltez? ô mutins trouble-paix!
Rongerez-vous tousjours (engeance de vipere)
Le ventre nourrissier de vostre pauvre mere?
De France qui vous a si doucement traictez?
De quelle fiere rage estes-vous transportez?
Deschirer la patrie en vos griffes cruelles?
Ayant succé le laict arracher les mamelles?
Quoy? Faut-il cependant que tant de nations
Fument sous le brazier de nos dissentions,
Le turc double sa force, et que jusqu' à nos portes
Retentisse le bruit de ses fieres cohortes?
Donc, faut-il que ces chiens à l' aize triomphans
Viennent ravir le pain de la main des enfans
Non contens qu' autre-fois nos guerres intestines,
Les permirent rentrer aux terres palestines?
Le turc est maintenant le favory des cieux,
Le chery de fortune, et le mignon des dieux,
Toutes les nations tremblent espouventées
Au bruit prodigieux de ses armes vantées
L' orient, l' occident, le midy, l' aquilon,
Ont ouy son tonnerre, et depuis le sablon
Du Strimon glacial, jusqu' aux rives du Gange


Tout redit ses vertus, tout chante sa loüange.
L' egiptien le craint, le hun, le libien,
Le more, le cretois, le juif, le phrigien,
Le perse, le medois, le bactre, le sarmate,
Le scithe, le nomade et le fier sauromate.
Bref tout cela qu' enceint l' Inde fleuve perleux.
L' Euphrate aux longs replis, le Tigre impetueux,
Le Nil aux sept canaux, le flot Tiberiade,
Le Pallus meotide, et la mer Caspiade,
Le Danube, l' Hipane, et le sacré Jordain
Adorent son croissant: et semble qu' en sa main
La fortune enchaisnée apres son char galoppe:
Mais un petit royaume enfermé dans l' Europe
Luy donne l' espouvante, et peut audacieux
Arracher ses lauriers d' un bras victorieux.
C' est le brave françois, nation magnanime,
Superbe, belliqueuse et qui fait moins d' estime
Des orages de Mars, que des vents du printemps,
La guerre et les combats sont ses doux passe-temps,
Mais ce brave Isadas, ce geant, ce collosse,
Qui met Athos sur Pinde, et Pelion sur Osse
Pour escheller le ciel: cét athlette indompté,
Surmontant tout le monde et de nul surmonté
Se surmonte soy-mesme, et cruelle furie
Avec ses propres mains il s' arrache la vie.
Cessez poulpes, cessez de vous manger les bras,
Touchez d' un repentir, jettez les armes bas,


Les deux genoux fléchis, les yeux baignez de larmes
Implorez la mercy de ce grand roy des armes,
Ou chantant de Marot le psalme armonieux
Criez misericorde aux pauvres vicieux,
Nostre prince est tout bon, helas! Vos recidives
N' ont que trop esprouvé ses bontez excessives.
Ce lion genereux n' a point de cruauté,
Ce foudre ne peut rien contre l' humilité,
Ne cerchez d' aiguillon à ce roy des abeilles,
Comme ses actions sont toutes des merveilles?
Il est dans les combats un rapide torrent
Qui renverse, saccage et brise violent
Tout obstacle opposé: mais sonnez la retraitte,
Vainqueur, il semble alors une mole ondelette
Dont le cristal roulant sur des petits cailloux
Nous provoque au sommeil par son murmure doux.
Ne vous flattez donc pas, ce prince tres-auguste
Est clement, il est vray: mais aussi est-il juste,
S' il a des pieds de plomb, il a des bras de fer
Pour vous noircir de coups, et pour vous estouffer.
Puis il ne faut jamais se joüer à son maistre,
Ces courages de chaux, ces esprits de salpestre
Qui comme les dauphins n' ont jamais de repos
S' ils ne sont agitez et bercez par les flots
De la sedition pestes de republique,


Boute-feux de l' estat, semence diabolique
Infames criminels de leze-majesté,
Jy dy ces rochelois, qui meuz de nouveauté
Ont cent fois secoüé le joug de nos monarques:
Porteront quelque jour les vergongneuses marques
De leur rebellion empreintes sur leurs fronts,
Quand le juste Louys lassé de tant d' affronts
Noyera dans le sang ceste ville rebelle.
Nos neveux diront lors icy fut La Rochelle
Retraitte des brigands, spelonque de mutins
Qui vouloient impudens gourmander les destins,
Et (contempteurs des roys) vouloient pleins d' arrogance
Bastir une Venise au milieu de la France,
Qui rongeoient leur patrie et qui n' estoient jamais
En paix que dans la guerre, en guerre qu' en la paix.
Que ces membres pourris extirpez de l' eglise
Aillent empoisonner les flots de la Tamize
(dira lors nostre roy) aillent du prestre-jean
S' indiquer les abus, reformer l' alcoran,
Catechiser le turc, convertir les nomades,
Et arborer la foy dans les isles Ciclades:
Bref, que le rochelois aille cercher un roy
Qui face comme luy banqueroute à la foy,
Aussi bien n' ay-je peû soubs mon obeyssance
Dompter de ce mutin la mutine arrogance,
Ny captiver le coeur de ce peuple insolent,
C' est un vent d' aquilon qui est trop violent,


Un cheval eschappé qui sans resne et sans bride
Brutalement galoppe ou son inctinct le guide,
Qui mord, bondit, regimbe et s' effarouche, alors
Qu' on veut l' enchevestrer et luy mettre le mords,
Un disciple de Bache, une Evante enragée
Qui a le thirse au poing sa race saccagée,
Un jeune cerf en rut qui brame, brise, rompt
Tout cela qui s' oppose aux branches de son front,
Bref cét acariastre en veut faire à sa mode,
Tous roys luy sont suspects, toute loy incommode,
Il abhorre sur tout les supresmes degrez
Tant ceux du seculier, que des ordres sacrez,
Cét esprit possedé d' une infernale rage
Ne veut point d' autre loy que le libertinage,
Tout servage il deteste et son ambition
Ne respire que meurtre et que rebellion.
N' aprehendez-vous point ce foudroyant tonnerre?
Qu' attendez-vous encor? Ceste maudite guerre
N' a telle assez versé de sang de toute parts?
Ne vous suffit-il point que vos ingrats remparts
Ont veu meurtrir la fleur des plus courageux princes
Qui regirent jamais les gauloises provinces?
Craignez-vous point son sang vous estre cher vendu?
Pensez-vous que la France en sa perte ait perdu
Tout espoir de veangeance et que les justes astres
Ne repleuvent sur vous ces publiques desastres?
C' est le fort bras de Dieu qui combat pour Louys


Les cris des bons françois dedans le ciel ouys
Obtiennent du tres-haut journaliere assistance,
L' ange conservateur du sceptre de la France,
Marche tousjours en teste et maintient en tout lieu,
Le party de nos roys, roys images de Dieu
Ou sont gravez les traicts de sa grandeur en terre.
Puis, se peut-il trouver une plus juste guerre?
Ou trouvez vous escrit aux cayers de la foy
Qu' un vassal soit permis d' armer contre son roy?
Se deffier de luy, tenir villes d' ostage,
Canceller ses edicts, troubler son heritage,
Partager son royaume et glisser dans les coeurs,
D' un peuple fausse-foy des paniques terreurs?
Que diroit-on aux pieds s' il vouloient entreprendre
Sur l' office du chef? Si l' oeil vouloit entendre
Et les mains discourir leur seroit-il permis?
Quand sera vostre esprit à la raison sousmis?
Quand vous contiendrez-vous dans l' enclos de vos bornes,
Quand rabaisserez-vous vos orgueilleuses cornes?
Mais j' adresse grand roy, aux rochers mes discours,
Je flatte un maniaque, et sermonne les sours,
Le mal est l' extresme, il y faut le cautere:
Puis on a beau prescher qui n' a soin de bien faire,
Assez ma langue n' a de ravissans chainons,


Il faut y employer la bouche des canons,
Traicter la paix en roy, Cesar avec Pompée
Ne doit capituler sinon à coups d' espée.
Mais il faut des soldats, et non pas des voleurs,
Il faut des conseillers, et non pas des flateurs,
D' avantage de guerre et moins de pillerie:
Se faire des mignons d' une race aguerrie,
Et non de ces doüillets, effeminez esprits
Qui n' ont de la valeur qu' aux combats de Cypris,
Dont l' espée est pucelle et dont la chair molasse
Ne sçeut jamais porter le faix d' une cuirasse.
Pour nous, espoinçonnez d' une loüable ardeur
Nous offrons à servir vostre illustre grandeur,
Promettant sur l' autel de vos loix souveraines
Que tant qu' il y aura du sang dedans nos veines
Nous irons l' espanchant (legitimes françois)
Pour maintenir la foy, la patrie, et nos roys.
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Jean Auvray(1590-1633) LES GUERRIERS VOLONTAIRES
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