Le vent qui souffle du couchant
Toi qui marches vers le couchant,
Passant, dont l'ombre au loin s'allonge,
Sors de la pénombre du songe
Et relève ton front penchant.
Le vent qui soulève les voiles
De ton crépuscule incertain,
Le vent qui souffle du lointain,
Prélude au lever des étoiles.
Toi qui marches vers l'Inconnu,
Sous le frisson qui te pénètre
Jusqu'au plus profond de ton être,
Tu trembles comme un homme nu.
Voici l'invisible frontière
De ces impénétrables lieux
Où commence à poindre, à tes yeux,
Le lever de l'autre lumière.
Oh! la grandissante clarté,
Qui, de plus en plus, t'illumine
Et t'annonce l'heure divine,
L'approche de l'éternité.
La prière du vieillard
Vers cet éternel lendemain,
Dieu des temps, c'est toi qui me pousses;
Dans la douceur de la secousse,
Je sens la douceur de ta main.
Comme un enfant, l'âme ravie,
Je m'abandonne à ta bonté,
Et je bénis la volonté
Qui prolonge encore ma vie.
D'un esprit lucide, je crois
En la grandeur du privilège
Et de la grâce qui m'allège
Le poids de mes dernières croix.
Malgré la crainte coutumière
Qui me fait trembler devant toi,
C'est avec la plus vive foi
Que je marche vers ta lumière.
À ma plus doulce France