La France au tombeau de Montcalm
Le jour que, dans ses bras éplorés, la Victoire
Emporta, sous les murs du fatal promontoire,
Montcalm, tout sanglant, au tombeau,
La Douleur, se vouant au deuil d'un preux qui tombe,
Sur l'autel, au lieu même où flamboya la bombe,
Alluma l'éternel flambeau.
Le vaincu, sur son lit de parade funèbre,
Le guerrier, que la lyre aux dix cordes célèbre,
N'a point connu le noir oubli.
Hors des mortels ennuis que le temps accumule,
Il gît, superbe autant que son illustre émule,
Dans sa bannière enseveli.
Sentinelle d'honneur, la flamme toujours veille
Sur la hauteur sublime où la foudre sommeille
Dans le bronze des bastions.
Du héros des lys d'or, le songe continue:
L'inconnu se dévoile, et l'irréelle nue
S'illumine de visions.
Dans la muette horreur des ombres, quel mirage
Enchante le sommeil de la mort! Quelle image
Anime le rêve changeant!
Où vole, dans l'azur, la blanche silhouette
Qui tantôt disparaît et tantôt se reflète
Au miroir d'un fleuve d'argent?