Nocturne
Ce n'est pas pour nous qu'elle a fait silence,
Ce n'est pas pour nous qu'elle est lourde et dense,
La calme nuit claire où tremble ta voix.
Il est transparent l'azur qui te voile.
Ô cher mort, parmi des clartés d'étoile
Ton sourire flotte et je te revois.
Oh! non, ce n'est pas pour nous qu'elle est close
La chapelle blanche où l'ami repose;
Ce n'est pas pour nous, ce n'est pas pour nous.
La porte d'ivoire est ouverte encore:
La voûte muette est toujours sonore;
La Prière encore y veille à genoux.
L'Automne en sourdine au loin psalmodie.
La chapelle où va mon rêve irradie:
La lampe votive y brûle toujours.
D'où vient ce soupir de musique tendre?
D'où viennent ces pas qui semblent descendre
Par quelque escalier léger de velours?
Dans l'ombre, une main pieuse balance
L'encensoir d'argent, et, dans le silence,
J'entends une voix répondre à ma voix.
La chapelle d'or que l'hysope asperge,
S'emplit de clartés tremblantes de cierge,
Ton sourire flotte et je te revois.