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 François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Guiot.

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MessageSujet: François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Guiot.   François Bérenger De La Tour d'Albenas En Vivarez (1529?-1559?) Guiot. Icon_minitimeMar 28 Fév - 23:14

Premiere Eglogue.

Guiot.

Loing à l'escart, je suis encor en doubte
De reveller les maux que seul je gouste,
Mais mon martire et mon triste regret
Ne sera moins secret
Si le disant personne ne l'escoute.

Cruel amour ne te suffisoit estre
Roy des Citez sans te faire congnoistre
Aux pastoureaux? mais quel loz en as tu
D'employer ta vertu
Pour donner fin à leur repoz champestre?

Je scay combien ta flamme est violente,
Combien aussi ton ayde est froide et lente,
Dont je me sents de vie reculé
Comme l'arbre bruslé
Qui mort, demeure encor droict sur sa plante.

De toy provient la flesche qui me tue,
Gueris moy donq Amour et m'esvertue:
Et fay autant que les animaux font,
Dont les bras premiers sont
Faitz en Ciseau, et piquent de la queue.

Ja ja la force en moy est deffallie
Ja à mes os la seiche peau s'allie.
Fay moy donq grace ores s'offre le lieu:
Fay le au nom de ce Dieu
Qui fut pasteur neuf ans en Thessalie.

L'ame vaguant' à l'entour de ma bouche,
Ores tend l'aisle, ores la plie et couche:
Or le sejour or la fuite elisant:
Et mes nerfs à present
Sont comme ceux que sur la lire on touche.

Va ame donq, maintenant en est heure:
Va encor va, à fin que tost je meure.
Tu es par trop avare de mon bien:
Ah, tu le monstres bien,
Quand malgré moy au corps tu fais demeure!

Va puis que celle, ou mon oeil se repose,
Et qui au fonds de mon cueur est enclose,
Ne recongnoit comme sur mon bellier,
A son nom vien lier
A chasque bout des cornes une rose.

Et fay souvent que ma trouppe barbue
Porte en son col mainte chayne pendue
De belles fleurs que je prends cà et là:
Mais je voy que cela
En son endroict n'est que peine perdue.

O Nimphe ingrate un peu cest oeil retire
Dont la rigueur fait croistre mon martire:
Et s'il te plaist ayes ores pitié
De la grand' amitié
Que je te porte, et ne te l'ose dire.

Ceste couleur qui change, et ceste eau molle
Sortant des yeux, et la trouppe qui vole
De mes souspirs te le disent assez:
Les desirs tant pressez
Me font geller aux levres la parolle.

Si quelque fois pres de toy je m'advance
Ta main me poulse & se met en deffence:
Dont bien souvent je demeure confuz,
Mais que ferois tu plus
A ceux, lesquelz te voudroyent faire offence?

Ingrate encor! advant qu'en rien me touches
Tires ta robbe arriere: et à noz bouches
Ne veux souffrir le baiser souhaité:
Las tu fais grand cherté
D'un bien, lequel ne peux deffendre aux mouches.

Combien de fois je t'ay portée en croupe
Dessus mon Asne allant apres la troupe
De noz brebis: combien de fois aux champs
Aux espines trenchants
Dessouz tes pieds j'ay estendu ma joupe?

Combien de fois au bout de ceste roche
(Sur noz troupeaux ayant l'oeil tousjours proche)
Je t'ay faict part de mes fruicts delicats:
Helas ne cuide pas
Que je le die à present pour reproche.

Mais je le dy pour te mettre en memoire
Mon Amitié et te donner la gloire
D'avoir rengé mon cueur souz ton pouvoir
Ce que tard Cuidoy voir
Comme je voy que tarde es à le croire.

Tu le vois bien, et fains ne le congnoistre,
Tu vois qu'il n'est possible à aucun estre
Plus amoureux que moy qui tout suis tien,
Et si n'estimes rien
La grand' amour que sur toy je vien mettre.

Quand m'as tu veu d'un pied benin et grave
Marcher en place, et que ne fusse brave:
Poil sans peigner, Ceincture sans flocquetz,
Mon chappeau sans bouquetz,
Et que souvent ma face je ne lave?

As tu encor en ces lieux veu personne,
Qui de sa voix si haut et clair resonne
Que moy, et qui dansant semble voler
Jettant le pied en l'aer
Quand Piranel de sa musette sonne?

J'ay bien dequoy, à l'oeil tout me prospere,
Blé, vin, et laict abonde en mon repaire:
Tousjours à part j'ai dix francs sans esmoy:
Et ay qui sont à moy
Seize brebis au troupeau de mon pere.

Le seul amour que je ne te puis faindre
A regretter vient mon ame contraindre
Quand par ardeur celle que je poursuis
J'ayme, et aymé ne suis,
Las! n'ay je point matiere de me plaindre?

Ce roc biffront de jastres qui surmonte
Tous ses voisins, verra sa cheute prompte
Plus tost qu'amour laisse en moy d'avoir cours:
Car cela est tousjours
Quand on ne peut des ans scavoir le compte.

Apres ma mort cest' ame langoureuse,
De mon malheur se reputant heureuse,
Ferme sera tousjours en son propoz:
Mais loing est de repoz
Estant ainsi d'une ingrate amoureuse.


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