PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11

Aller en bas 
AuteurMessage
James
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
FONDATEUR ADMINISTRATEUR
James


Masculin
Dragon
Nombre de messages : 149019
Age : 59
Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières
Date d'inscription : 04/09/2007

le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Empty
MessageSujet: le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11   le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Icon_minitimeMer 29 Fév - 12:01


LIVRE 1 ELEGIE 11




Ainsi, lorsque, plongé dans ma douleur mortelle,
hier, en soupirant, j' appelais Eucharis,
elle parut soudain : " la voici, me dit-elle,
" qui cherche son amant dans les murs de Paris. "
ô dieux ! Qu' à son aspect mon âme fut ravie !
Je courus me jeter dans ses bras amoureux ;
j' y demeurai long-temps ; et, plein d' un trouble
heureux,
je la nommais mon tout, ma lumière, ma vie.
Je ne me lassais point de contempler ses yeux.
Les ombres cependant enveloppaient les cieux ;
Eucharis, dans son char, me conduisit chez elle.
ô char propice, et toi, réduit délicieux,



vous savez si son coeur alors paya mon zèle !
L' oeil humide de joie, et d' amour énivrés,
tête à tête à la fin tous les deux nous soupâmes,
je tenais ses genoux entre les miens serrés :
ce doux rapprochement semblait unir nos âmes.
Ciel ! Que le moment fuit ! Que les plaisirs sont
courts !
Déjà la lune errante, aux deux tiers de son cours,
sous des nuages noirs se perdait éclipsée :



l' airain sonnait minuit : il fallut nous quitter.
Il fut un temps hélas ! Plus cher à ma pensée,
où, fascinant les yeux d' une foule insensée,
je pouvais jusqu' au jour impunément rester.
Aujourd' hui tout s' oppose à mon doux stratagème ;
un beau-père inquiet, prêt à rentrer soudain ;
de mes nouveaux argus la vigilance extrême ;
et ce portier rôdant de la cour au jardin.
Mais qui peut arrêter l' impétueuse ivresse
d' un coeur brûlant d' amour et que le plaisir presse ?
Trop certain des périls contre moi rassemblés,
je balançais encore ; et mes regards troublés
attendaient mon arrêt des yeux de mon amante.
Trois fois, d' un long baiser sillonnant ses appas,
je m' éloignai ; trois fois, je revins sur mes pas.
Enfin, les yeux remplis d' une fureur charmante,
la divine Eucharis, un mouchoir à la main,
dans l' alcôve, en riant, me poursuit et m' arrête,
et du bandeau nocturne environnant ma tête :
" le sort en est jeté, me dit-elle, et demain
" nous verrons quels détours Vénus, que je réclame,
" saura nous inspirer pour sortir d' embarras.



" aujourd' hui, cher amant, je te tiens dans mes bras ;
" je n' examine rien, je suis toute à ma flamme.
" je brave et mes tyrans et leur affreux pouvoir ;
" j' ai trop long-temps langui dans mon lit solitaire.
" le ciel, après trois mois, me permet de te voir ;
" que l' on découvre, ou non, ce fortuné mystère,
" tu resteras. " ô dieux, que j' aimais son courroux !
Elle vole à la porte, et ferme les verroux,
à me déshabiller m' enhardit la première,
laisse tomber sa jupe et souffle la lumière.
Cependant le vieillard arrive à petit bruit.
De ma visite étrange aussitôt on l' instruit ;
il monte suffoqué de colère et de rage.
à ce moment fatal, rappelant mon courage,
j' invoquai tous les dieux en pareil cas surpris.
Il vient, il heurte, il frappe, il appelle Eucharis.
Eucharis dans mes bras feignait d' être endormie,
et n' osait respirer, et ne répondait rien :
pour moi, je l' avouerai, je goûtais quelque bien
à sentir battre ainsi le coeur de mon amie.
Sans doute le barbare, à ma perte obstiné,
feignant de prendre alors le parti le plus sage,
n' en défendit que mieux l' escalier détourné,
et crut plus sûrement me saisir au passage.
Il se trompait ; l' amour veillait sur mon destin.



Quand la belle Eucharis, un peu vers le matin,
de l' excès des plaisirs eut lassé ma tendresse,
je lui dis : " lève-toi, mon aimable maîtresse.
" si l' on me voit sortir, ton malheur est certain.
" lève-toi ; l' heure fuit, et le jour va renaître.
" il faut tromper ton père et sauver ton amant.
" l' ombre nous sert encor : profitons du moment ;
" seconde mon audace " . Alors, tout doucement,
de mes discrètes mains j' entr' ouvre la fenêtre.
Deux draps encor brûlans de leur lit arrachés,
doux voiles réservés à des jeux plus paisibles,
l' un à l' autre liés par des noeuds invincibles,
pendent le long du mur, au balcon attachés.
Eucharis inquiète, en proie à ses alarmes,
refusait à ce prix de se justifier,
à ces liens douteux n' osait me confier,
et, les cousant encor, les trempait de ses larmes.
Enfin, le front couvert, un fer nu sous le bras,
rassurant mille fois mon amante éperdue,
je m' élance d' un saut, glisse le long des draps ;
le pavé retentit, et je suis dans la rue.
Amour, seul inventeur de ces heureux larcins,
tu dérobas ma fuite aux voleurs assassins,
aux passans indiscrets, à la garde sévère !



Non, l' amant, quel qu' il soit, n' a rien à redouter ;
nul mortel à ses jours n' oserait attenter :
c' est un dieu, qu' à genoux le monde entier révère.

_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Une_pa12le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Plumes19le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 James_12le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Confes12


le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11 Sceau110
Revenir en haut Aller en bas
https://www.plumedepoesies.org
 
le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 11
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 13
» le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 2 ELEGIE 13
» le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 3 ELEGIE 14
» le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 1 ELEGIE 14
» le chevalier A. de Bertin (1752-1790) LIVRE 2 ELEGIE 12

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: