PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. I

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye.  I Empty
MessageSujet: Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. I   Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye.  I Icon_minitimeSam 21 Avr - 17:19

L’Abbaye.

I
Une ruine immense et formidable à voir!

Le jour qui se levait, sur les tours au flanc noir
Étalait sa lumière, et, comme une ironie,
Faisait lutter sa joie avec cette agonie.

Pareille à quelque monstre oublié par les eaux
Dont le temps, sur la grève, a rongé les grands os,
La vieille basilique, avec des bruits funèbres,
Parfois, dans l’herbe haute égrenant ses vertèbres,
Livrait à la pitié du passant inconnu
La désolation de ses côtes à nu!...
Le toit, dont le squelette aux décombres s’appuie,
Ployait sous huit cents ans de soleil et de pluie;
Les fenêtres, au loin, dans les murs élevés,
S’ouvraient horriblement, comme des yeux crevés,
Tandis que -dominant la montagne prochaine,
Empanaché de lierre et plus touffu qu’un chêne,
Avec ses chérubins qui se penchaient sur nous,
Ses diables grimaçants, ses docteurs à genoux --
Le grand clocher muet, debout dans les airs libres,
Gardait, miné d’en bas, d’effrayants équilibres;
Si bien qu’on avait peur, en passant sous l’arceau,
D’un souffle de la brise ou du poids d’un oiseau.
Des enfants se roulaient, au pied des murs, dans l’herbe;
Mille insectes cachés faisaient un bruit superbe;
Les genêts d’or ouvraient leur bouquet éclatant,
Tout riait, tout chantait, tout vivait; et pourtant,
Des gazons répandus en touffes inégales,
Du rire des enfants et du cri des cigales,
Des fleurs, des nids joyeux, des buissons chevelus,
Quelque chose montait des temps qui ne sont plus.
Comme une odeur de tombe emplissait la vallée!

Une cloche tinta, misérable et fêlée.

C’était pour une morte, un doux être emporté
Qui dormait là, depuis un an, tout à côté,
Dans l’enclos qui verdoie, avec ceux du village.
Or, vers le bout du choeur moins effondré par l’âge,
Comme un radeau survit au vaisseau naufragé,
Quelques planches aidant, on avait ménagé
Un coin d’asile au culte, une chapelle, un bouge.
Trois femmes en haillons, sur le vieux seuil qui bouge,
Avec un mendiant hâve et défiguré,
Le rosaire à la main, attendaient le curé;
Et rêveur, à pas lents, pris de pitié sincère,
J’entrai. J’étais venu pour cet anniversaire.
Revenir en haut Aller en bas
 
Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. I
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. II
» Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. III
» Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. IV
» Louis Bouilhet. (1822-1869) Abrutissement.
» Louis Bouilhet. (1822-1869) À Rosette.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: