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 François Coppée (1842-1908) La Marchande De Journaux. Conte Parisien. À Mounet-Sully I

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Inaya
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François Coppée (1842-1908) La Marchande De Journaux. Conte Parisien.   À Mounet-Sully   I Empty
MessageSujet: François Coppée (1842-1908) La Marchande De Journaux. Conte Parisien. À Mounet-Sully I   François Coppée (1842-1908) La Marchande De Journaux. Conte Parisien.   À Mounet-Sully   I Icon_minitimeMer 27 Juin - 20:08

La Marchande De Journaux.
Conte Parisien.

À Mounet-Sully


I
- Demandez les journaux du soir- la Liberté...
La France...
À cet appel sans cesse répété
Par la vieille marchande à la voix âpre et claire,
Je faisais halte au coin du faubourg populaire
Dont les vitres flambaient dans le soleil couchant,
Et prenais un journal pour le lire en marchant.
Ce n’est pas que je sois ardent en politique;
Les révolutions rendent un peu sceptique;
Mais, par vieille habitude et besoin machinal,
Je parcours volontiers tous les soirs, un journal,
Pour savoir si l’on va changer ou non de maître,
Comme avant de sortir on voit le baromètre.
- Demandez les journaux du soir, - le Temps... le Moniteur...
Et, prenant le paquet tout frais que le porteur
Lui jetait, en courant, dans sa pauvre boutique,
La bonne femme, active à servir la pratique,
Derrière un vasistas ouvert sur le trottoir,
Se démenait, cherchait des sous dans son tiroir
Et vendait, d’une humeur absolument égale,
Papier conservateur ou feuille radicale;
- Et, lorsque je prenais un journal, au hasard;
- Ah! Vous voilà, monsieur! Vous arrivez bien tard,
Disait-elle gaiement. Voyez, ma vente est faite.
Je n’ai plus qu’un Pays et que deux Estafette-
Et c’est toujours ainsi lorsque les députés,
Comme ils ont fait hier, se sont bien disputés,
Et quand on dit qu’on va changer de ministère.
Quelquefois je causais, auprès de l’éventaire,
Avec la brave vieille aux yeux intelligents;
Car mon goût est très-vif pour les petites gens.
Et, tout en déployant la Presse ou la Patrie,
Qui m’envoyait sa bonne odeur d’imprimerie,
J’avais pour mes trois sous un instant d’entretien.
Mon Dieu, pour le moment, ça ne va pas trop bien-
C’est la morte saison, vous savez,- et la Chambre
Ne se réunira que vers la mi-novembre.
Les grands formats sont nuls, et les petits de journaux
N’ont que les faits divers et que les tribunaux-
Vous autres, les messieurs, vous chassez ou vous êtes
Aux bains de mers, aux eaux- Sans le sou des grisettes
Qui ne voudraient pour rien manquer le feuilleton
De leur Petit Journal, à peine vivrait-on-
Pour écouler ce tas de papiers qu’on imprime,
C’est triste à dire, mais il faudrait un gros crime-
Je ne désire pas qu’il arrive, grand Dieu!
Mais, du temps du procès Billoir, quel coup de feu!
Quand on a publié toutes ces infamies,
Monsieur, j’étais au bout de mes économies;
Mais, en un mois et rien qu’avec les illustrés,
Eh bien, j’ai pu payer deux termes arriérés-
Mais ce n’est qu’un hasard,- tandis que les tapages
A Versailles, voilà le temps des forts tirages!
Ça ne peut pas manquer et ça revient vingt fois-
Aussi, lorsque je fais un billet pour mon bois,
Pendant la session j’en fixe l’échéance,
Et je m’acquitte après une bonne séance.
Je m’éloignais, trouvant singulier le destin
Qui voulait que ce fût le crime du matin
Ou le tumulte fait dans les Chambres, la veille,
Qui donnât quelque aisance à cette pauvre vieille.
Je trouvais un plaisir ironique à savoir
Que l’antique combat du peuple et du pouvoir
Et tout leur vain travail pour mettre en équilibre
Le besoin d’être fort et l’ardeur d’être libre,
Le prétoire vibrant à la voix des tribuns,
L’assemblée en démence et les cris importuns
Qu’on poussera toujours autour du Capitole,
Et tout ce que produit, aux jours de rage folle,
Le parlementarisme et son jeu régulier,
Aidassent cette femme à payer son loyer.
Il me plaisait assez que le bruit de la presse
Assurât par hasard le pain d’une pauvresse,
Et que tout ce scandale eût ce bon résultat
Qu’elle pût vivre, à bord du vaisseau de l’État,
Durement ballotté sur la mer politique,
Ainsi qu’une souris dans un transatlantique.
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François Coppée (1842-1908) La Marchande De Journaux. Conte Parisien. À Mounet-Sully I
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