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 Pierre Corneille, (1606-1684) AVERTISSEMENT 5

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MessageSujet: Pierre Corneille, (1606-1684) AVERTISSEMENT 5   Pierre Corneille, (1606-1684) AVERTISSEMENT 5 Icon_minitimeLun 30 Juil - 21:51

AVERTISSEMENT 5

Au lecteur.
J' ai bien des grâces à vous demander, mais aussi les
difficultés qui se rencontrent en cette sorte de traduction
méritent bien que vous ne m' en soyez pas avare. Le peu


de disposition que les matières y ont à la poésie, le peu
de liaison non-seulement d' un chapitre avec l' autre, mais
d' une période même avec celle qui la suit, et la quantité
des redites, sont des obstacles assez malaisés à surmonter.
Et si, outre ces trois, qui viennent de l' original, vous
voulez bien en considérer trois autres de la part du tra-
ducteur, peu de connoissance de la théologie, peu de
pratique des sentiments de dévotion, et peu d' habitude à
faire des vers d' ode et de stances, j' ose m' assurer que
vous me pardonnerez aisément les défauts que je vois
moi-même dans cet ouvrage, sans l' en pouvoir purger au
point qu' on peut raisonnablement attendre d' un homme
à qui les vers ont acquis quelque réputation. Surtout les
répétitions sont si fréquentes dans le texte de mon auteur,
que quand notre langue seroit dix fois plus abondante
qu' elle n' est, je l' aurois déjà épuisée. Elles ont bien lieu
de vous importuner, puisqu' elles m' accablent, et j' avoue
ingénument que je n' ai pu encore trouver le secret de
diversifier mes expressions toutes les fois qu' il me pré-
sente la même chose à exprimer. Le premier et le der-
nier chapitre de ce second livre en sont tous remplis, et
comme je n' ai pu me résoudre à faire une infidélité à
mon guide, que je suis pas à pas, de peur de m' égarer
dans un chemin qui m' est presque inconnu, aussi n' ai-je
pu forcer mon génie à n' y laisser aucune marque du dé-
goût que ces redites m' ont donné. Il se rencontre même
dans son texte des mots si farouches pour la poésie, que
je suis contraint d' avoir recours à d' autres, qui n' y répon-
dent pas si bien que je souhaiterois et n' en sauroient faire
passer toute la force en notre françois. Je fais cette excus
particulièrement pour celui de consolations , dont il se
sert à tous propos, et qui a grande peine à trouver sa


place dans les vers avec quelque grâce. Ceux de tribu-
lation, contemplation, humiliation , ne sont pas de meil-
leure trempe. La nécessité me les fait employer plus
souvent que ne peut souffrir la douceur de la belle poésie,
et quand je m' enhardis à en substituer quelques autres
en leur place, je sens bien qu' ils ne disent pas tout ce que
mon auteur veut dire, et qu' à moins que l' indulgence du
lecteur supplée ce qui leur manque, il ne concevra pas sa
pensée dans toute son étendue. Il en est ainsi de quelques
autres encore que je ne puis pas rendre toujours comme
je voudrois, et sont cause que les personnes bien illumi-
nées, qui entendent et goûtent parfaitement l' original, ne
trouvent pas leur compte dans ma traduction. Je n' en
veux pas imputer si pleinement la faute à la foiblesse de
notre langue, que je ne confesse que la mienne y a bonne
part ; mais enfin je ne puis mieux faire, et de quelque im-
portance que soit ce défaut, je n' ai pas cru qu' il me dût
faire quitter un travail que d' ailleurs on me veut faire
croire être assez utile au public, et pouvoir contribuer
quelque chose à la gloire de Dieu et à l' édification du
prochain. Comme tout le monde n' a pas d' égales lu-
mières, beaucoup de bonnes âmes sont assez simples
pour ne s' apercevoir pas des imperfections de cette ver-
sion, que d' autres mieux éclairées y remarquent du pre-
mier coup d' oeil, et qui ne s' y couleroient pas en si grand
nombre, si Dieu m' avoit donné plus d' esprit.
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Pierre Corneille, (1606-1684) AVERTISSEMENT 5
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