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 Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) L'AUMÔNE

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MessageSujet: Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) L'AUMÔNE   Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859)  L'AUMÔNE Icon_minitimeJeu 4 Oct - 20:23

L'AUMÔNE


Il avait plu tout le jour; c'était l'été, c'était dimanche. Le balcon
était mouillé, la rue humide, et la promenade interdite aux enfants.

Tout à coup Hyacinthe, la soeur de Prosper, qui regardait au travers les
carreaux d'une large fenêtre, vit se découper au fond d'un nuage blanc,
le premier cercle d'or d'une lune nouvelle.

-Oh! vois, maman, que la lune est fine! dit-elle.

-On pourrait sortir à présent, répartit son frère, car la rue est
balayée comme le ciel.

-Il est trop tard, dit leur mère.

-Quoi, maman, pas même jusqu'au pâtissier.

-En effet, répondit-elle en souriant, il est là en face comme pour
vous tendre les bras. Tiens, Prosper, va lui offrir cette jolie pièce
blanche, nous verrons ce qu'elle te vaudra.

-Une brioche! maman, grosse comme ma tête, tu vas voir! il franchit en
trois bonds l'escalier, et sa soeur le suivit joyeuse et timide jusqu'à
la porte où elle attendit comme on attend son frère, et une brioche.

Prosper revint mais les mains vides. Tandis qu'Hyacinthe et lui
chuchotaient au pied de l'escalier, n'osant plus remonter sans leur
souper friand, la mère se penchait sur la rampe, prête à serrer son fils
dans ses bras, car voici ce qu'elle avait vu de la grande fenêtre du
balcon:

Un pauvre barrait la porte du pâtissier. Il était vieux, il était nègre,
et il était aveugle! pitié! toutes les brioches disparurent de la terre
aux yeux de l'enfant charitable. Il s'arrêta devant lui, en tournant le
dos au riant pâtissier et voyant que le nègre n'avait plus de regard
pour comprendre le sien, il lui glissa doucement sa petite pièce dans la
main et lui dit:

-Prends garde! monsieur le pauvre! cette pièce vaut une brioche de
quinze sous. Le nègre tressaillit de joie.

La mère de Prosper sentit ses yeux se mouiller. Mais à la réflexion,
elle ne parut pas se douter de l'embarras des enfants et ne parla plus
de la brioche. Ils se couchèrent bien soulagés tous deux, s'étant
contentés pour leur souper dans l'ombre, d'un morceau de pain, toujours
de bon goût, quand il est assaisonné par une bonne action.

Le lendemain, un beau soleil revint consoler le balcon et toute la
ville, comme pour une fête.

Le déjeuner s'apprête, on entoure la table, tout devait être bon, on
avait faim. Mais, ô redoublement de surprise et d'appétit! deux énormes
brioches apparaissent comme si elles perçaient ce ciel, et qu'elles
fussent arrivées toutes chaudes sous une aile d'ange. C'était un
très-beau spectacle!

-Oh! d'où viennent-elles! d'où viennent-elles, maman!

-C'est le bon nègre qui te les envoie, mon fils, dit la mère en
souriant. Tu ne sais pas comme le pauvre est riche dans ses prières;
car, c'est Dieu qui se charge de payer pour lui.
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Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) L'AUMÔNE
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