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 Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) FRAGMENTS A MADAME A. TASTU

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MessageSujet: Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) FRAGMENTS A MADAME A. TASTU   Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) FRAGMENTS A MADAME A. TASTU Icon_minitimeLun 15 Oct - 9:23

FRAGMENTS A MADAME A. TASTU




Si vous ne dormez pas, jetez-moi vos paroles,
ma soeur ! Comme au banni les divines oboles.
Chantez-moi de vos nuits les songes palpitants,
et soulevez un peu le froid manteau du temps.
C' est l' hiver, c' est l' absence, et puis, toujours
une âme
au souffle de l' orage éparpillant sa flamme.
étendez votre main entre elle et l' ouragan.
Vous ! Dont la lampe est haute et calme sous l' autan,
vous ! Dont l' âme relève une voix qui soupire,
envoyez-moi votre âme afin que je respire !
Versez un peu d' eau pure à mon sort altéré,
vous ! Qui tenez du ciel ce don frais et sacré.
Comme une fleur sauvage a soif de l' aube humide,
mon souffle est altéré de ce trésor limpide...



moi, seule en mon chemin et pleurante au milieu,
j' ai dit ce que jamais femme ne dit qu' à Dieu.
Comme un oiseau dont rien n' avait noué les ailes,
prompte aux illusions, m' envolant après elles,
facile à me créer des thèmes ravissants,
j' ai chanté comme vrais bien des bonheurs absents.
Ma soeur ! Priez pour moi si c' est mal ; si l' étude
n' a pu prendre au réseau ma fatale habitude ;
si, dans mon ignorance un trait prêt à jaillir,
sent au fond de ma voix la parole faillir.
Je n' ai pas eu le temps de consulter un livre
pour ciseler les cris dont mon sein se délivre ;
mais qu' une plume reste à l' oiseau mutilé,
il s' en fait une rame à son port étoilé !
Aussi, me l' a-t-on dit : " restez dans vos voyages ;
hirondelle sans nid et pliante aux orages,
pourquoi vous obstiner à revenir toujours
jeter l' ancre où les flots n' ont plus ni flux ni
cours ?
Vous chantez sous le ciel, que le ciel vous réponde !
Nous avons nos jardins ; vous, vous avez le monde.
On meurt partout ; allez ! " que leur répondre ? Rien ;
doucement leur sourire, et m' en aller. Eh bien !
Vos vers, du moins, vos vers ! Afin que la nature,
l' haleine des ruisseaux, leur bruit dans la verdure,
le jour douteux et blanc dont la lune a touché
tout ce ciel que je porte en moi-même caché,
se relèvent de joie et des sons d' une lyre
qui m' aide à m' oublier quand je viens de vous lire ;
et Dieu vous bénira, qui dans vos chastes yeux
infiltra le symbole et la teinte des cieux ! ...
si votre livre au temps porte une confidence,
vous n' en redoutez pas l' amère pénitence :



votre vers pur n' a pas comme un tocsin tremblant,
votre muse est sans tache et votre voile est blanc ! ...
allons, votre hymne ! Allons, vos vers ! Doux choeur
d' abeilles,
qui revenant des fleurs bruit à mes oreilles,
s' emporte à l' avenir et chante dans le vent ;
vrais accords de la muse à qui je dis souvent :
" pourquoi me tentez-vous, ô belle poésie ?
Je ne sais rien. Pourquoi par vos mots d' ambroisie,
arrêtez-vous mon âme au bord de mes travaux
et de ma main rêveuse ôtez-vous mes fuseaux ?
Je vous aime partout ; mais, stérile écouteuse,
ma raison n' eut jamais qu' une clarté douteuse,
et j' ai peur de répondre et de laisser vibrer
ma plainte dans des chants qui m' ont fait tant pleurer !
Est-ce au front incliné d' une vulgaire femme
que vous devez ainsi secouer votre flamme ?
Aux soucis du ménage, au berceau qui s' endort,
est-ce à moi de lier ma vie à vos fils d' or ?
Laissez-moi seule et pauvre, et, mère vigilante,
me débattre avec l' heure, ou faites-la plus lente ;
laissez tomber sans voix les larmes de mes yeux,
qui cherchent leur chemin pour arriver aux cieux ! "
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Marceline Desbordes-Valmore.(1786-1859) FRAGMENTS A MADAME A. TASTU
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