BALADE.
Plus ne voy riens qui reconfort me donne,
Plus dure ung jour que ne me souloient cent,
Plus n'est saison qu'à nul bien m'abandonne,
Plus voy plaisir et mains mon cueur s'en scent,
Plus qu'oncques mais mon vouloir bas descent,
Plus me souvient de vous, et plus m'empire;
Plus quiers esbas, c'est lors que plus soupire;
Plus fait beau temps, et plus me vient d'ennuys;
Plus ne m'actens fors tousjours d'avoir pire,
Puisque de vous approcher je ne puis.
Plus suis dolent que nul autre personne,
Plus n'ay espoir d'aucun alegement,
Plus ay désir, crainte d'autre part sonne;
Plus vueil aler vers vous, mains scay comment;
Plus suis espris, et plus ay de tourment;
Plus pleure et plains, et plus pleurer desire;
Plus chose n'est qui me sauroit suffire,
Plus n'ay repos, je hai les jours et nuys;
Plus que jamais à douleur me fault duyre,
Puisque de vous approcher je ne puis.
Plus vivre ainsi ne m'est pas chose bonne,
Plus vueil mourir, et raison si assent;
Plus qu'à nully, Amours de maulx m'ordonne;
Plus n'a ma voix, bon accort, ne assent;
Plus fait on jeux, mieux desire estre absent;
Plus force n'ay d'endurer tel martire,
Plus n'est vivant, homme qui tel mal tire;
Plus ne congnois bonnement où je suis,
Plus ne scay brief que pencer, faire ou dire,
Puisque de vous approcher je ne puis.
L'ENVOY.
Plus n'ay mestier de jouer, ne de rire;
Plus n'est le temps sinon de tout despire,
Plus cuide avoir de douceur les apuys,
Plus suis adonc desplaisant et plain d'ire.
Puisque de vous approcher je ne puis.