XI. Epitaphe d'un chien
Ce bon Hurauld, qui souloit estre
Le mignon de Jacquet son maistre,
Hurauld venu du bas Poittou
Sur les doulces rives d'Anjou,
Pour garder le troppeau champestre:
Pendant que la bande compaigne
Des autres chiens, sur la campaigne
Dormant gisoit deçà, delà,
Faisant le guet sur ce bord là,
Où Meine à Loyre s'accompaigne:
Ce bon chien sur tous chiens fidèle
Défendit de la dent cruelle
Les aignelets, mais ce pendant
Il mourut en les defendant,
Digne de louange immortelle.
Son maistre regrettant sa perte,
L'a mis soubz ceste motte verte:
Aussi avoit bien mérité
Une telle fidélité
D'estre si dignement couverte.
Les pauvres troppeaux le gemissent,
Mais les animaulx qui ravissent,
Et les larrons s'attendent bien
D'estre maistres de nostre bien,
Et de sa mort se resjouissent.
De obitu Hylacis canis pastorici
Ante canes omnes pastori charus Amyntas,
Nuper ab Illyrico littore missus Hylax,
Dum solitas agit excubias et septa tuetur,
Nec uigilant socii castera turba canes:
Qua rapidus sese media inter saxa Timauus
Mergit, et inde iterum prosilit amne nouo:
Ille quidem sasua uitulos tutatus ab ursa est:
Ipse sed ingenti uulnere cassus obit.
Constituit uiridi tumulum de cespite Amyntas:
Hasc uoluit ratam prasmia habere fidem.
Moestra gemunt armenta: mali furesque lupique
Extincto hoc sibi iam cuncta licere putant.
A. NAVAGERO