REMPART est un Mouvement associatif de sauvegarde du patrimoine et d'éducation populaire. Les associations membres de l'Union REMPART ont toutes en commun la volonté de restaurer et sauvegarder un élément du patrimoine et de lui redonner vie.
Par là même, elles agissent en faveur du développement local et de l'aménagement du territoire, en particulier en milieu rural.
A travers cette action concrète en faveur du patrimoine, les associations membres de REMPART associent un grand nombre d'hommes et de femmes : cette dynamique associative permet aux citoyens de participer à un projet collectif, utile à la collectivité, et constitue un lieu d'apprentissage, d'expression et de reconnaissance pour les individus.
1966
Le mouvement REMPART est né le 11 juillet 1966 de la volonté du Touring Club de France de participer à la réhabilitation du patrimoine et de répondre aux bonnes volontés suscitées par l'émission télévisée "Chefs d'œuvre en péril".
L'idée est alors de permettre aux bénévoles qui ont entrepris la sauvegarde d'un monument, d'échanger leurs expériences et de renforcer ainsi leurs moyens d'action. (C'est également l'occasion, pour ceux qui ne peuvent entreprendre un tel sauvetage, de participer aux activités organisées par les autres).
Véritable espace d'échanges, la structure s'appelle à l'origine ACS-REMPART (Association des Animateurs de Chantiers de Sauvegarde pour la Réhabilitation et l'entretien des Monuments et du Patrimoine Artistique).
Elle regroupe alors 24 membres, qui seront 170, quarante ans plus tard.
Dès 1968, l'association d'animateurs se transforme en Union d'associations.
En effet, il s'est avéré nécessaire d'inciter les animateurs à se regrouper en structures locales, afin qu'ils puissent pérenniser leur action, percevoir des subventions et s'insérer dans le milieu socioculturel environnant.
La même année, l'Union est admise au sein de Cotravaux, la Coordination pour le travail volontaire des jeunes, créée en 1959.
En 1969, la recherche de la qualité des travaux sur les chantiers incite l'Union REMPART à mettre au point un système de formation des animateurs bénévoles, en liaison avec la Direction de l'Architecture, les Architectes en chef des Monuments Historiques et les Directeurs régionaux des Antiquités.
1970
Dans les années 1970, REMPART développe et affine ses prestations aux associations membres : recrutement des bénévoles, stages de formation, animation des sites, rencontres et colloques, relations internationales.
En 1979, alors qu'elle s'apprête à accueillir son centième membre, REMPART adopte une charte, puis des "textes d'orientations générales" qui définissent l'esprit dans lequel les associations membres se doivent d'inscrire leur action, vis-à-vis du patrimoine et des bénévoles.
Au début des années 1980, l'Union REMPART accompagne la politique de décentralisation et officialise, en 1981, les correspondants régionaux.
La même année, les premiers emplois permanents sont créés dans les associations.
L'action de REMPART est de mieux en mieux perçue par les autorités et, le 15 juillet 1982, l'Union est reconnue d'utilité publique.
Afin de s'adresser au public, REMPART prend des initiatives en matière d'éducation et d'animation culturelle.
La création, en 1983, de la collection "Patrimoine vivant" vise à encourager, de manière pédagogique et attractive, la découverte du patrimoine.
De même, en 1984, est fondée l'association des Amis de REMPART dont le but est de soutenir l'action de l'Union, à travers notamment la visite de sites gérés par des associations membres.
1985
A partir de 1985, l'Union REMPART est confirmée dans son rôle d'interlocuteur écouté des pouvoirs publics.
Elle participe ainsi à de nombreuses commissions de concertation tant au niveau national qu'international.
Deux ans plus tard, c'est à REMPART que le ministère de la Culture confie l'exclusivité de la gestion du logotype "Monument historique".
Tout au long des années 1980-1990, les associations REMPART, de mieux en mieux insérées dans le tissu socio-éducatif local, s'impliquent dans des opérations en faveur de populations spécifiques : jeunes (campus du patrimoine, classes de patrimoine), objecteurs de conscience, publics défavorisés (accueil de TUC, CES sur les chantiers), handicapés, etc.
Les années 1990
En 1991, dix ans après la création des correspondants régionaux, l'Union formalise ses liens avec les unions régionales REMPART qui se sont constituées au fil des ans.
Par ailleurs, les nouveaux statuts de l'Union permettent à des associations qui n'organisent pas de chantiers de bénévoles d'adhérer comme membres associés.
Dans le même temps l’Union développe une politique « qualité » avec le développement d’un cursus de formation d’animateurs, des grilles d’évaluation à destination des chantiers, des missions d’assistance et de conseil pour ses associations.
Les années 2000
Par le nombre de sites pris en charge et l'étendue de son champ d'intervention, l'Union REMPART est le premier mouvement national œuvrant, de façon concrète et organisée, pour la sauvegarde du patrimoine : au-delà du chantier de bénévoles, l’Union et ses membres développent des actions dans le domaine de la pédagogie du patrimoine, de l’insertion, de la formation, de l’animation du patrimoine ou de l’édition.
Elle appartient dorénavant à la Réunion des associations nationales du patrimoine bâti et paysager (G8-Patrimoine) qui réunit les huit associations nationales de patrimoine reconnues d’utilité publique. Ses représentants siègent également dans des instances nationales comme le Conseil national de la vie associative (CNVA), la Commission nationale des monuments historiques ou le Groupe national d’information et de concertation sur le patrimoine placé auprès du ministre chargé de la Culture.
De même, l’Union contractualise ses relations avec les ministères chargés de la Culture ou de la Jeunesse au travers de conventions pluriannuelles d’objectifs. Elle obtient en 2007 l’agrément concernant le « volontariat associatif » et le « service civil volontaire » (SCV) et renouvelle en 2008 son agrément « éducation nationale ».
A cette reconnaissance au plan national répond aussi un développement international de l’Union REMPART : son influence dépasse désormais les frontières, et les liens noués avec d'autres pays constituent l'embryon d'un vaste mouvement international. Elle devient membre d’Europa Nostra.
Les années 2010
Aujourd'hui, l'Union REMPART réunit plus de 170 associations locales et régionales. Sous le slogan « Mission Patrimoine » elle valorise l'engagement de milliers de bénévoles et de volontaires en faveur de notre patrimoine commun.
REMPART est agréé en 2010 au titre du « service civique » qui remplace le SCV.
L'Union développe également des partenariats avec des fondations et des entreprises mécènes (Fondation du Patrimoine, Fondation Total, Lafarge, ...) qui soutiennent son action en faveur du patrimoine et des personnes associées aux actions de restauration et de mise en valeur.
En 2011, André Châtelain, fondateur et président d'honneur de l'Union REMPART, décède.
REMPART doit oeuvrer en faveur du patrimoine bâti et naturel qui est notre capital commun de beauté.
Cela a été la raison de sa fondation et reste un élément fondamental de ses réalisations
REMPART existe pour empêcher la disparition ou la dégradation de ce patrimoine. C'est pourquoi REMPART s'emploie à sa sauvegarde par le moyen des chantiers et contribue à sa connaissance par des publications, des expositions et des entretiens sur ce sujet dans le cadre des chantiers (exposés, visites, etc.).
REMPART existe aussi pour promouvoir l'adaptation de ce patrimoine au monde contemporain et assurer ainsi sa pérennité dans l'avenir. C'est pourquoi il s'applique à favoriser l'animation des lieux pris en charge et contribue à la prise de conscience locale en faveur de ce patrimoine.
L'action que propose REMPART vise, au-delà des motivations générales que nous venons d'évoquer, à réaliser des activités enrichissantes pour tous. Enrichissantes, elles le sont sur le plan : des connaissances, des techniques, de la vie en commun.
Elles doivent l'être pour ceux qui les pratiquent et, en même temps, pour ceux qui les accueillent. L'enrichissement des connaissances se réalise par l'apprentissage de l'histoire du lieu et de la région où se déroule le chantier.
L'enrichissement des techniques se réalise sur le tas en maniant truelles et moellons, lauzes ou charpente, au lieu de stylos ou de théories.
L'enrichissement de la vie en commun se réalise dans la vie même de l'équipe de chantier et par les relations qui se nouent ou doivent se nouer avec la population locale.
Bien compris et bien exercés, ces enrichissements profitent aux bénévoles en même temps qu'à la population locale. Nombre d'exemples réussis le prouvent ; ceux qui n'y sont pas encore parvenus trouvent là des voies de concrétisations de leurs espoirs.
Rappelons encore que les objectifs du Mouvement REMPART sont poursuivis dans un esprit totalement désintéressé, sinon pour l'enrichissement spirituel de chacun. Ils sont poursuivis dans un but d'intérêt public : la sauvegarde du patrimoine commun, même lorsque les éléments de ce patrimoine sont dans le domaine privé. Ceci nécessite alors des contrats de longue durée garantissant le labeur bénévole, l'aide de l'Etat et des collectivités locales.
Enfin, en agissant ainsi, ceux qui oeuvrent dans le cadre de REMPART font un acte politique, puisqu'ils contribuent, à leur façon, à la vie et à l'organisation de la société. Mais cet acte politique n'est à confondre avec aucun engagement partisan qui en limiterait la portée.
Pour la satisfaction des individus sensibles à ses objectifs
REMPART doit oeuvrer pour la satisfaction des individus sensibles à ses objectifs...en se gardant de favoriser l'amour de la pierre pour la pierre ou de l'ancien pour l'ancien. Les vieilles pierres peuvent apporter des satisfactions aux individus et les aider à se réaliser. Elles ne peuvent en elles-mêmes être le sens de leur démarche ni un idéal auquel on aspire. C'est un environnement de qualité qui est recherché.
Il se trouve que l'image que l'on se fait à REMPART de cet environnement passe par la réhabilitation de ce que les hommes jadis ont composé dans nos sites et par leurs gestes de bâtisseurs. Nous aimons ce qu'ils ont fait lorsque c'est beau et lorsque c'est empreint de qualité humaine ou évocateur de leurs passions ou de leur sueur, non parce que c'est vieux ou irremplaçable.
REMPART ne professe aucune exclusive d'époque ou d'origine sociale : des bâtiments industriels du siècle dernier, un modeste lavoir de campagne ou la courbe libre d'une rivière peuvent émouvoir à l'égal d'une abbaye où ne se forge plus la prière, ou bien d'un château-fort où ne s'entrechoquent plus les pertuisanes.
Cette volonté d'un environnement de qualité est partagée par tous à REMPART, quel que soit leur âge. Ecartant toute exclusivité de générations, jeunes et adultes sont accueillis sur nos chantiers, sans discrimination et ceux qui plus âgés peuvent communiquer leur estimable expérience en la faisant partager avec le pain sont particulièrement appréciés.
Il se trouve que c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que se rencontre le plus souvent la volonté d'agir dans le sens de ces objectifs, car la jeunesse a peut-être le privilège de la disponibilité et de la volonté d'un monde plus beau. C'est pourquoi la jeunesse fleurit sur les chantiers REMPART C'est un ferment d'espoir qui doit réjouir. Et puis, un chantier est certainement un lieu privilégié de mise en commun des bonnes volontés et un point de rencontre aisé qui répond bien au désir des jeunes de se trouver dans un monde qu'ils bâtissent ensemble.
Les chantiers REMPART doivent être un lieu d'apprentissage de la convivialité. Ceux qui font REMPART sont convaincus que tout reste à faire et que le Mouvement est en perpétuel chantier, car personne n'est arrivé encore à remplir la totalité du contrat proposé.
Du reste, il est toujours besoin d'étendre l'action de REMPART :
Pour que REMPART ne soit pas seulement un point de convergence de jeunes, une société de services ou un bureau d'entraide pour associations, ou encore une formule agréable et originale de vacances. Mais pour que REMPART soit aussi un Mouvement d'idées en marche, favorisant un environnement de qualité qui plonge ses racines dans la richesse de notre passé et pousse ses branches dans le ciel du présent et de l'avenir.
Pour que REMPART soit un des vecteurs d'une telle éthique, il faut que chacun en ressente le besoin et affirme en ses gestes sa volonté dans le même sens.
Que chacun soit à son poste, chaque jour, et pas seulement dans le cadre de son association et manifeste sa volonté d'un environnement humain et matériel de qualité. Que chaque association se sente globalement orientée vers cet objectif collectif, aux côtés des associations ayant des buts similaires.
Texte proposé par André Châtelain et adopté par l'assemblée générale de Soissons, le 19 mai 1979.