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 François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 39

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MessageSujet: François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 39   François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 39 Icon_minitimeMar 29 Jan - 9:53

DIALOGUE 39

Sylla, Catilina, Et César.
Les funestes suites du vice ne corrigent point les
princes corrompus.
Sylla.
Je viens à la hâte vous donner un avis, César,
et je mène avec moi un bon second pour
vous persuader. C' est Catilina. Vous le
connoissez, et vous n' avez été que trop de sa
cabale. N' ayez point de peur de nous ; les ombres
ne font point de mal.
César.
Je me passerois bien de votre visite : vos
figures sont tristes, et vos conseils le seront
peut-être encore davantage. Qu' avez-vous
donc de si pressé à me dire ?
Sylla.
Qu' il ne faut point que vous aspiriez à la
tyrannie.
César.
Pourquoi ? N' y avez-vous pas aspiré vous-mêmes ?
Sylla.
Sans doute, et c' est pour cela que nous sommes
plus croyables quand nous vous conseillons d' y
renoncer.
César.
Pour moi, je veux vous imiter en tout,
chercher la tyrannie comme vous l' avez cherchée,
et ensuite revenir comme vous de l' autre
monde après ma mort désabuser les tyrans
qui viendront en ma place.
Sylla.
Il n' est pas question de ces gentillesses et de
ces jeux d' esprit : nous autres ombres, nous ne
voulons rien que de sérieux. Venons au fait.
J' ai quitté volontairement la tyrannie, et
m' en suis bien trouvé. Catilina s' est efforcé
d' y parvenir, et a succombé malheureusement. Voilà
deux exemples bien instructifs pour vous.
César.
Je n' entends point tous ces beaux exemples.
Vous avez tenu la république dans les fers, et
vous avez été assez mal-habile homme pour
vous dégrader vous-même. Après avoir quitté
la suprême puissance, vous êtes demeuré avili,
obscur, inutile, abattu. L' homme fortuné fut
abandonné de la fortune. Voilà déja un de
vos exemples que je ne comprends point. Pour
l' autre, Catilina a voulu se rendre le maître,
et a bien fait jusque-là. Il n' a pas bien su
prendre ses mesures, tant pis pour lui. Quant
à moi, je ne tenterai rien qu' avec de bonnes
précautions.
Catilina.
J' avois pris les mêmes mesures que vous :
flatter la jeunesse, la corrompre par des
plaisirs, l' engager dans des crimes, l' abymer par
la dépense et par les dettes, s' autoriser par
des femmes d' un esprit intrigant et brouillon.
Pouviez-vous mieux faire ?
César.
Vous dites là des choses que je ne connois
point. Chacun fait comme il peut.
Catilina.
Vous pouvez éviter les maux où je suis tombé,
et je suis venu vous en avertir.
Sylla.
Pour moi, je vous le dis encore, je me suis
bien trouvé d' avoir renoncé aux affaires avant
ma mort.
César.
Renoncer aux affaires ! Faut-il abandonner
la république dans ses besoins ?
Sylla.
Hé ! Ce n' est pas ce que je vous dis. Il y a
bien de la différence entre la servir ou la
tyranniser.
César.
Hé ! Pourquoi donc avez-vous cessé de la
servir ?
Sylla.
Ho ! Vous ne voulez pas m' entendre. Je dis
qu' il faut servir la patrie jusqu' à la mort ;
mais qu' il ne faut ni chercher la tyrannie,
ni s' y maintenir quand on y est parvenu.


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