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 François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 54

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MessageSujet: François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 54   François Fénelon. (1651-1715) DIALOGUE 54 Icon_minitimeMar 29 Jan - 10:00

DIALOGUE 54
Charles VII Et Jean Duc De Bourgogne.
La cruauté et la perfidie augmentent les périls, loin
de les diminuer.
Le Duc De Bourgogne.
Maintenant que toutes nos affaires sont
finies, et que nous n' avons plus d' intérêt parmi
les vivants, parlons, je vous prie, sans passion :
pourquoi me faire assassiner ? Un dauphin
faire cette trahison à son propre sang,
et à son cousin, qui...
Charles VII.
à son cousin qui vouloit tout brouiller, et
qui pensa ruiner la France. Vous prétendiez
me gouverner comme vous aviez gouverné les
deux dauphins mes frères qui étoient avant
moi.
Le D. De Bourgogne.
Mais quoi ! Assassiner ! Cela est infame.
Charles VII.
Assassiner est le plus sûr.
Le D. De Bourgogne.
Quoi ! Dans un lieu où vous m' aviez attiré
par les promesses les plus solennelles ! J' entre
dans la barrière (il me semble que j' y suis
encore) avec Noailles frère du captal de Buch :
ce perfide Tanneguy Du Châtel me massacre
inhumainement avec ce pauvre Noailles.
Charles VII.
Vous déclamerez tant qu' il vous plaira,
mon cousin ; je m' en tiens à ma première
maXIme : quand on a affaire à un homme
aussi violent et aussi brouillon que vous
l' étiez, assassiner est le plus sûr.
Le D. De Bourgogne.
Le plus sûr ! Vous n' y songez pas.
Charles VII.
J' y songe ; c' est le plus sûr, vous dis-je.
Le D. De Bourgogne.
Est-ce le plus sûr de se jeter dans tous les
périls où vous vous êtes précipité en me faisant
périr ? Vous vous êtes fait plus de mal en
me faisant assassiner, que je n' aurois pu vous
en faire.
Charles VII.
Il y a bien à dire. Si vous ne fussiez mort,
j' étois perdu, et la France avec moi.
Le D. De Bourgogne.
Avois-je intérêt de ruiner la France ? Je
voulois la gouverner, et point la détruire ni
l' abattre : il auroit mieux valu souffrir quelque
chose de ma jalousie et de mon ambition. Après
tout j' étois de votre sang. Assez près de
succéder à la couronne, j' avois un très grand
intérêt d' en conserver la grandeur. Jamais je
n' aurois pu me résoudre à me liguer contre
la France avec les anglois ses ennemis : mais
votre trahison et mon massacre mirent mon
fils, quoiqu' il fût bon homme, dans une espèce
de nécessité de venger ma mort, et de s' unir
aux anglois. Voilà le fruit de votre perfidie :
c' étoit de former une ligue de la maison de
Bourgogne avec la reine votre mère et avec
les anglois pour renverser la monarchie françoise.
La cruauté et la perfidie, bien loin de
diminuer les périls, les augmentent sans mesure.
Jugez-en par votre propre expérience : ma mort,
en vous délivrant d' un ennemi, vous en fit de bien
plus terribles, et mit la France dans un état
cent fois plus déplorable ; toutes les provinces
furent en feu, toute la campagne étoit au pillage ;
et il a fallu des miracles pour vous tirer de
l' abyme où cet exécrable assassinat vous avoit jeté.
Après cela, venez encore me dire d' un ton décisif :
assassiner est le plus sûr.
Charles VII.
J' avoue que vous m' embarrassez par le
raisonnement, et je vois que vous êtes bien subtil
et politique : mais j' aurai ma revanche par les
faits. Pourquoi croyez-vous qu' il n' est pas bon
d' assassiner ? N' avez-vous pas fait assassiner
mon oncle le Duc D' Orléans ? Alors vous pensiez
sans doute comme moi, et vous n' étiez pas encore si
philosophe.
Le D. De Bourgogne.
Il est vrai, et je m' en suis mal trouvé,
comme vous voyez. Une bonne preuve que
l' assassinat est un mauvais expédient est de
voir combien il m' a réussi mal. Si j' eusse
laissé vivre le Duc D' Orléans, vous n' auriez
jamais songé à m' ôter la vie, et je m' en serois
fort bien trouvé : celui qui commence de telles
affaires doit prévoir qu' elles finiront par lui ;
dès qu' il entreprend sur la vie des autres, la
sienne n' a plus un quart d' heure d' assuré.
Charles VII.
Hé bien ! Mon cousin, nous avons tous
deux tort. Je n' ai pas été assassiné à mon tour
comme vous, mais j' ai souffert d' étranges
malheurs.



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