PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.

Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:00

XIV Prouesses De Maître Loys.

Reine n’eut que le temps de se rejeter en arrière vivement et de se coller à la
paroi extérieure du cachot.

À l’intérieur, elle entendit une grosse et joyeuse voix qui disait: -On vous y
prend, messire Aubry! toujours bâillant à la lune! Par saint Bruno, mon patron,
n’avez-vous pas assez du jour pour songer creux? Allez! si mon devoir ne
m’appelait pas ici à cette heure, je ronflerais comme le maître serpent du
choeur, moi qui vous parle.

-Moi, je n’ai pas sommeil, mon bon frère Bruno, répondit Aubry, qui aurait voulu
le voir à cent pieds sous terre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:00

-Eh bien! je ne m’y connais plus! s’écria le convers; de mon temps, les jeunes
gens dormaient mieux que les vieillards! Mais, après tout, c’est la tristesse
qui vous pique, mon gentilhomme, et je conçois cela. Que saint Michel me garde!
j’ai été soldat avant d’être moine, et je dis que vous avez bien fait de jeter
votre épée aux pieds de ce pâle coquin qui a empoisonné son frère.

-Bruno! interrompit sévèrement le jeune homme d’armes, il ne faut pas parler
ainsi devant moi de mon seigneur le duc! -Bien! bien! je sais que vous êtes
loyal comme l’acier, messire Aubry. Je vous aime, moi, voyez-vous, et si j’étais
le maître, vous auriez la clef des champs à l’heure même, car c’est une honte à
l’abbaye de Saint-Michel de servir de prison à ce damné de François. Bien! bien!
je retiens ma langue, messire. Je disais donc que vous êtes un joli homme
d’armes, mon fils, et que pour tout au monde je ne voudrais pas vous faire de la
peine. Et tenez, ajouta-t-il d’un accent tout à fait paternel, si vous me disiez
quelquefois: Frère Bruno, je boirais bien un flacon de vin de Gascogne, pourvu
que ce ne fut ni quatre-temps ni vigiles, je ne me fâcherais pas contre vous.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:00

L’excellent frère Bruno parlait ainsi avec une volubilité superbe, sans virgules
ni points, et pendant qu’il parlait son franc visage souriait bonnement.

C’était presque un vieillard: une tête chauve, mais joyeuse et pleine, qui avait
bien pu être au temps jadis, la tête d’un vrai luron.

Depuis qu’Aubry était prisonnier dans les cachots de l’abbaye, frère Bruno
faisait son possible pour adoucir la rigueur de sa captivité.

À l’heure des rondes il ne passait jamais devant la cellule d’Aubry sans y
entrer pour faire un doigt de causette. Aubry l’aimait parce qu’il avait reconnu
en lui un digne coeur.

Il laissait le frère Bruno lui conter les détails du dernier siège du Mont. Le
bon moine s’était refait un peu soldat pour la circonstance. Il aurait voulu que
le Mont fût assiégé toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:01

Mais les Anglais vaincus avaient abandonné jusqu’à leur forteresse de Tombelène,
après l’avoir préalablement ruinée. Les jours de fête étaient passés.

D’ordinaire, Aubry recevait avec plaisir et cordialité les visites du moine;
mais aujourd’hui, nous savons bien qu’il ne pouvait être à la conversation.
Pendant que frère Bruno parlait, il rêvait.

Bruno s’en aperçut et se prit à rire.

-Je ne veux pourtant pas vous déranger, dit-il, car je pense que vous ne recevez
pas de visites.

Aubry s’efforça de garder un visage serein.

-Mais j’y pense, reprit le moine en riant plus fort, on dit que le lutin de nos
grèves, qui avait disparu depuis cent ans, est revenu. Les pêcheurs du Mont ne
parlent plus que de la bonne fée, depuis quinze jours. Vous étiez là perché à
votre lucarne quand je suis entré... peut-être que la Fée des Grèves était venue
vous voir à cheval sur son rayon de lune.

Assurément, le frère Bruno ne croyait pas si bien dire.

Aubry rêvait toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:01

-À propos de cette Fée des Grèves, poursuivit le moine, il y a des milliers de
légendes toutes plus divertissantes les unes que les autres. Vous qui aimez tant
les vieilles légendes, messire Aubry, vous plairait-il que je vous en récite
une? Ce disant, le frère Bruno s’asseyait sur la paille du lit et déposait sa
lampe à terre. L’idée de conter une légende le mettait évidemment en joie.

Aubry le donnait au diable du meilleur de son coeur.

-Au temps de la première croisade, commença frère Bruno, le seigneur de
Châteauneuf, qui était Jean de Rieux, vendit tout, jusqu’à la chaîne d’or de sa
femme, pour équiper cent lances. M’écoutez-vous, messire Aubry? -Pas beaucoup,
mon bon frère Bruno.

-La légende que je vous conte là s’appelle la Grotte des Saphirs, et montre tous
les trésors cachés au fond de la mer.

-Je n’irai point les y quérir, mon frère Bruno.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:01

-Jean de Rieux ayant donc équipé ses cent lances, reprit le moine convers,
poussa jusqu’à Dinan suspendre un médaillon bénit à l’autel de Notre-Dame, puis
il partit, laissant sa dame, la belle Aliénor, aux soins de son sénéchal.

Aubry bâilla.

-Jamais je ne vis chrétien bâiller en écoutant cette légende, messire Aubry, dit
le moine un peu piqué, et cela me rappelle une autre aventure...

-Oh! mon bon frère Bruno! si vous saviez comme j’ai sommeil! -Tout à l’heure
vous prétendiez...

-Sans doute, mais depuis...

-C’est donc moi qui vous endors, messire! demanda le moine en se levant.

-Vous ne le croyez pas, mon excellent frère! Aubry lui tendit la main.

Le moine la prit sans rancune et la secoua rondement.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:02

-Allons, s’écria-t-il; pour votre peine vous ne m’entendrez jamais vous conter
la légende de la grotte des Saphirs, qui est au fond de la mer.

Bonne nuit donc, messire Aubry, n’oubliez pas vos oraisons, et faites de bons
rêves.

À peine la porte était-elle refermée qu’Aubry se suspendait de nouveau à l’appui
de la meurtrière.

-Reine! oh! Reine! dit-il; que Dieu vous bénisse pour avoir eu cette pensée
d’acheter une lime! Nous sommes sauvés! -Puissiez-vous ne point vous tromper,
Aubry! -Demain soir, ce barreau sera tranché...

-Mais pourriez-vous passer par cette fente étroite! -J’y passerai, dussé-je y
laisser la peau de mes épaules et de mes reins! -Et une fois que vous serez
passé, mon pauvre Aubry, aurons-nous seulement un ennemi de moins? -Vous aurez
un défenseur de plus, Reine! s’écria le jeune homme avec enthousiasme.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:02

Écoutez! pendant que ce bon moine était là, je rêvais et je me souvenais. Sait-
on ce que peut un homme de coeur, même contre une multitude? Avec Loys pour
combattre les lévriers de Rieux, et moi pour combattre les hommes d’armes du
mécréant Méloir, par saint Brieuc! j’irai à la bataille d’une âme bien contente!
-Je ne sais... voulut dire la jeune fille.

-Écoutez! écoutez, Reine, poursuivit Aubry avec une chaleur croissante; vous ne
connaissez pas maître Loys! C’est un preux à sa façon, j’en fais serment! Une
fois, il y a deux ans de cela, mon noble père, qui était malade à la mort, eut
envie de manger des lombes de daim. Les daims s’en vont de notre Bretagne, mais
il y en a encore dans la forêt de Jugon.

Je dis à mon père: Messire, je vais vous quérir un daim.

Il sourit et me donna sa main pâlie: quand un homme va mourir, il a des désirs
fous comme les enfants ou les femmes.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:02

Je pris maître Loys, et je descendis vers Lamballe. Nous marchâmes lui et moi
tout un jour.

Au revers de la forêt du Jugon s’élève le manoir des anciens seigneurs de
Kermel, habité maintenant par le juif Isaac Hellès, argentier du dernier duc.

Isaac avait six fils qui se prétendaient maîtres de la forêt. Tous grands et
robustes, bruns de poil, la bouche rentrée, le nez en bec d’aigle comme les gens
d’Orient. Si quelqu’un, gentilhomme ou vilain, chassait dans la forêt, les fils
d’Isaac Hellès venaient et le tuaient.

On savait cela.

Ils avaient une meute dressée à fondre sur les braconniers et leurs chiens.

J’arrivai à la nuit tombante sur la lisière de la forêt de Jugon. Maître Loys
releva piste dès les premiers pas, mais il était trop tard pour chasser.

Je connus les traces et je fis une lieue dans la forêt pour choisir un affût.

J’avais pour armes mon épieu et mon couteau.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Empty
MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys. Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:02

Un bon épieu, Reine, fort comme une lance et pointu comme une aiguille.

J’attachai maître Loys au tronc d’un châtaignier, et je lui dis: « Couche! », il
ne bougea plus.

Le daim arriva, trottant dans le taillis; maître Loys faisait le mort.

Quand le daim passa, je lui plantai mon épieu sous l’épaule; il tomba sur ses
genoux, et je l’achevai d’un coup de couteau dans la gorge.

Maître Loys poussa un long hurlement de joie.

Et alors! comme si ce cri eut évoqué une armée de démons, la forêt s’illumina
soudain.

Des torches brillèrent à travers les arbres, la trompe sonna. Je vis des
cavaliers qui accouraient au galop, excitant des chiens lancés ventre à terre.

Je me dis: -Voici les fils d’Isaac Hellès le juif, qui viennent avec leur meute
pour me tuer.
Revenir en haut Aller en bas
 
Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIV Prouesses De Maître Loys.
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XIII Où L’On Parle Pour La Première Fois De Maître Loys.
» Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXXI Où L’On Voit Revenir Maître Loys, Lévrier Noir.
» Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. IX Maître Gueffès.
» Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXX Où Maître Vincent Gueffès Est Forcé D’Admettre L’Existence De La Fée Des Grèves.
» Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves.XI Course A La Fée.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: