PLUME DE POÉSIES
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 Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.

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MessageSujet: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:53

Rappel du premier message :

XXII Frère Bruno.

Quand Aubry eut un peu lâché prise, Méloir avala une lampée d’air avec une
satisfaction manifeste.

-Tu as un bon poignet, mon cousin, dit-il, et moi, je suis un sot. Ta rubrique
vaut beaucoup mieux que la mienne. Voilà tout. Il n’y a pas de quoi se fâcher
pour cela.

-Écoute, Méloir, lui répondit le jeune homme d’armes, tu étais un brave soldat
autrefois, et un bon compagnon... Je n’ai pas le courage de te tuer...

-Peste! interrompit Méloir, me tuer! Tu n’y vas pas par quatre chemins, toi, mon
cousin Aubry! -Je le devrais pour monsieur Hue de Maurever et pour sa fille...

-Du tout, interrompit encore Méloir; tu sais bien, je suis incapable...

La main d’Aubry s’appesantit un peu plus sur la gorge du chevalier.
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-Bon Jésus! pensez-vous que j’aie la berlue! Oh! oh! les côtes! les côtes! il
s’est déshabillé de lui-même! il a été bien obéissant! -Ah ça, est-ce que vous
le voyiez? -Le trou de la serrure, donc, messire Aubry! Je le voyais comme je
vous ai vu toute la journée d’hier limer votre barreau, et j’avais bonne envie
de vous apporter une escabelle pour tenir vos pieds, car vous deviez fatiguer
dans cette position-là.

Aubry le regardait ébaubi.

-Eh bien! mon jeune seigneur, reprit Bruno, quand vous m’aurez regardé avec des
yeux d’une toise! J’aime les bonnes histoires, moi! Et je raconterai encore
celle-là dans vingt ans si je vis.

D’ailleurs, vous savez bien: j’étais un soldat entier, vertubleu! avant d’être
une moitié de moine. Le vieux Maurever m’a gagné le coeur en venant jusqu’ici
rabattre l’orgueil d’un meurtrier.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:55

Vous m’avez gagné le coeur, vous, en brisant votre épée pour ne la point
déshonorer. Et ce coquin de Méloir, au contraire, m’échauffa les oreilles quand
il fit le chien couchant, ce jour-là.

Or, tout ceci me rappelle une assez gaillarde histoire qui se passa en l’an
vingt-huit, derrière Bellesmes, en Normandie... -Mon bon frère Bruno,
interrompit Aubry, le plus pressé est que je sorte de l’enceinte du monastère;
vous me conterez votre histoire dehors.

-Je puis vous la conter en chemin, messire Aubry. C’était le chevalier Pothon de
Xaintrailles qui voulait entrer dans Bellesmes, de nuit, malgré l’Anglais.
Durham était dans Bellesmes avec quatre cents archers du Nord, qui auraient tué
une alouette à cinquante toises...

Aubry serra tout à coup le bras du frère convers.

Ils étaient sortis du corridor et débouchaient dans le cloître, où quantité de
moines se promenaient.

Bruno changea de ton soudain.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:56

-Oui, sire chevalier, dit-il avec toutes les apparences d’un respect profond;
les trois cachots se font suite l’un à l’autre et sont creusés dans le roc vif.
Dom Nicolas Famigot, vingt- quatrième abbé du saint monastère, fit, en outre,
redorer la statue tournante de saint Michel, archange, qui est au sommet du
campanile. Son décès eut lieu le dix-neuvième jour de mars, en l’an 1272, et le
cartulaire rapporte...

Le cloître était traversé.

-Du diable si je sais ce que rapporte le cartulaire, messire Aubry, reprit
Bruno; le cartulaire ne contient point de bonnes aventures comme celle dont j’ai
été témoin aujourd’hui.

Ah! laissez-moi rire encore un petit peu, je vous en prie. Quelle figure il
avait ce Méloir! et ses regards piteux!... Ah!... ah!... ah!... Et maintenant,
je donnerais bien deux ou trois deniers pour savoir quelle vie il mène tout seul
dans votre cachot! Aubry ne pouvait partager l’expansive hilarité du frère
servant. Son casque n’avait pas de visière. Méloir avait dû amener quelque suite
avec lui au couvent: Aubry craignait de rencontrer des hommes d’armes sur son
passage et d’être reconnu.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:56

Mais Bruno avait contre sa crainte des arguments sans réplique.

-Les soudards, disait-il; ah! ah! je les ai vus, ce sont d’assez bons drilles.
C’est moi qui les ai menés au réfectoire des laïques. Ils y sont entrés sur
leurs jambes; mais il faudra les en tirer sur des civières, oui bien! Ah! ah!
j’ai été soldat, et je fais pénitence! Frère Bruno passa sa langue sur ses
lèvres, ému au souvenir de quelque bonne aventure.

Ils descendirent le grand escalier, traversèrent la salle des chevaliers, le
réfectoire des moines, et arrivèrent au seuil de la salle des gardes.

-La tête haute! dit frère Bruno qui était un observateur; l’air insolent, le
poing sur la hanche, c’est comme cela que marche le Méloir! Les gardes firent
avec respect le salut des armes.

La porte extérieure s’ouvrit.

-Je suis chargé, dit le moine servant au portier, de montrer la chapelle Saint-
Aubert au digne chevalier Méloir.

-Que Dieu vous accompagne! souhaita le frère tourier.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:56

Et ils passèrent.

Aubry respira bruyamment.

Le frère Bruno était aussi content de lui.

-Maintenant, reprit-il, où allez-vous, mon jeune seigneur? -Je ne puis vous le
dire, répliqua Aubry.

-Ah! si fait, si fait! s’écria Bruno, puisque je vais avec vous.

-Comment! vous venez avec moi? -Je vous suis au bout du monde! -Mais votre
habit, mon frère?...

-Je n’ai pas fait des voeux, messire Aubry, je vous l’ai dit: je ne suis qu’une
moitié de moine, et je ne me soucie pas beaucoup de vous remplacer dans le
cachot creusé par dom Nicolas Famigot, vingt-quatrième abbé du mont Saint-
Michel, -bien que ce soit un fort bel ouvrage.

-Vous croyez qu’on vous rendrait responsable?...
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:56

-Le chevalier Méloir parlerait du coup de poing. Un beau coup de poing, messire,
avez- vous vu? Et ce soir je coucherais sur la paille. À ce sujet-là je sais une
histoire qui va véritablement vous bien divertir, du moins je l’espère. C’était
en l’an... attendez donc!...

l’année m’échappe, mais c’était bien sûr avant l’an quarante, parce que j’avais
encore mes trois dents de devant qui me furent cassées d’un méchant coup de
masse d’armes sous Hennebon.

Et celui qui me gâta ainsi la mâchoire en mourut.

Il arriva que le sire de Vilaine qui tenait la seigneurie de Landevan...

-Mon frère Bruno, interrompit Aubry, je vais en un lieu où je n’ai pas le droit
de vous emmener.

-Tournez ici, messire Aubry, répondit le convers; mieux vaut entrer un peu en
grève que de marcher dans ces roches diaboliques qui usent en deux jours de
temps la meilleure paire de sandales. Comme ça, vous ne voulez pas de mon
histoire? C’est bon messire Aubry; quant au lieu où vous allez, si vous ne m’y
menez pas, moi, je vous y mènerai.

-Vous sauriez?...
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-Croyez-vous que le troisième carreau de mon compagnon Alain, l’archer qui
veillait sur la plate-forme, il y a deux nuits, n’aurait pas mieux touché but
que les deux premiers? Mon compagnon Alain n’a jamais manqué trois coups de
suite en sa vie. Et Dieu merci, on voyait la jeune fille au clair de lune comme
je vous vois, messire Aubry. Heureusement, j’avais écouté au trou de la serrure,
pendant que vous causiez avec elle...

-Ah ça! tu es un diable, toi! s’écria le jeune homme d’armes, moitié riant,
moitié fâché.

-Plaignez-vous! Je saisis le bras d’Alain, mon compagnon, et je lui dis: Voici
un gobelet de vin que saint Michel archange envoie à son fidèle gardien. Et
maître Alain de relever son arbalète pour prendre la tasse. La tasse était
profonde. Quand Alain, mon compagnon, l’eut retournée, la demoiselle Reine de
Maurever était à l’abri derrière l’angle de la muraille.

Aubry lui prit la main et la serra vivement.

Frère Bruno s’arrêta et releva les manches larges de son froc.
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MessageSujet: Re: Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno.   Paul Henri Corentin Féval. (Père) (1816-1887) La Fée des Grèves. XXII Frère Bruno. - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Fév - 15:57

-Regardez-moi ça, dit-il en montrant des bras d’athlète; quand les soudards de
Méloir viendront chercher le vieux Hue de Maurever là- bas, à Tombelène, ces
bras-là pourront leur faire encore bien du chagrin. Je tiens joliment une épée.
Quand je n’ai pas d’épée, j’aime assez un gourdin. Quand je n’ai pas de gourdin,
tenez, je m’en tire comme je peux.

Il avait saisi à deux mains une grosse roche qu’il balança un instant au-dessus
de sa tête. La roche partit comme si elle eût été lancée par une machine de
guerre, et s’en alla briser un poteau planté dans le sable à trente pas delà.

Frère Bruno sourit bonnement.

-Supposez le Méloir en place du poteau, dit- il, ça lui aurait, bien sûr, ôté
l’appétit pour longtemps.

-Mais dites-moi, mon jeune seigneur, reprit-il soudainement, avez-vous jamais
ouï conter l’aventure de Joson Drelin, bedeau de la paroisse de Saint-Jouan-des-
Guérets?
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