Le prix des larmes
A Clotilde
13 août 1906
Il est des larmes qu'on prodigue
A l'âge où naissent nos douleurs
Dont le germe fut une intrigue
Et la fin des baisers moqueurs
On jure pour toute la vie
Que jamais le coeur n'oubliera
L'extase qui nous fût ravie
Mais le regret s'effacera
Alors les larmes qui consolent
Sècheront au feu des baisers
Les serments faciles s'envolent
Comme des chagrins passagers
Quel prix fixer à des souffrances
Vivant l'espace d'un matin
La valeur de nos espérances
Expirantes le lendemain
Il est des larmes combien chères
A l'âge où vieillit la douleur
Dont les germes sont des chimères
Et la fin l'ombre du Malheur
On aime l'épouse chérie
Qu'un heureux Destin nous donna
Mais si Dieu lui ôte la vie
Plus rien ne nous consolera
Alors les larmes qui consolent
De nos chagrins mal apaisés
Aux espérances qui s'envolent
Prodigueront d'amers baisers
Quel prix fixer aux souvenances
Rappelant un beau soir d'amour
La valeur chère à nos souffrances
Quand l'Espoir a fui sans retour.
Honoré HARMAND