Les souvenirs
6 septembre 1906
Le souvenir au fond des coeurs
Compte-t-il les jours de la Vie
Ou bien est-ce par nos douleurs
Que notre jeunesse est vieillie
Souvent c'est au déclin des jours
Au sein même de la vieillesse
Qu'on se souvient de ses amours
Et des plaisirs de sa jeunesse
On va poursuivre les antans
Dans leur plus chère souvenance
On va respirer le printemps
Aux lieux de la plus tendre enfance
Et parfois nos yeux étonnés
Regardant la vieille chaumière
Voient que si les temps sont changés
Elle est toujours comme naguère
Quel plaisir à nos coeurs jaloux
S'éveille à cette douce image
Car si tout a vieilli en nous
La maison sait cacher son age
Nous entrons cherchant du passé
Un reste des heures heureuses
Mais le temps a tout effacé
Tout, jusqu'aux heures malheureuses
Alors, nous égarons nos pas
Vers la porte du cimetière
C'est là que dorment leurs trépas
Ceux que cherche notre chimère
C'est là que dort le souvenir
Dans le calme des nuits funèbres
C'est là que le coeur sent vieillir
Les jours heureux dans les ténèbres
Sur leur front déjà les tourments
Comme sur les faces ridées
Gravent leurs signes pénétrants
Sans souci des jeunes années
Le souvenir au fond des coeurs
Abrège les jours de la vie
Et souvent c'est par nos douleurs
Que notre jeunesse est vieillie
Honoré HARMAND