Budgétivores
10 décembre 1906
Neuf mille francs c'était déjà
L'appointement nec plus ultra
Des représentants de la France
Ils pouvaient sans trop se gêner
S'offrir un litre à leur dîner
D'un cru de bonne provenance
Ils pouvaient avec vingt cinq francs
Faire face aux menus dépens
D'un voyage diplomatique
Puisque les élus d'un fauteuil
Voyagent partout et à l'oeil
Ah ! Que c'est beau la politique
Ils pouvaient dans les épinards
Mettre du beurre les veinards
Sans faire brûler la fourchette
Ils savaient jouer sur les mots
Le contribuable d'impôts
Voyait toujours s'emplir l'assiette
C'est un met trop peu digestif
Et pour l'estomac progressif
Il est trop lourd et indigeste
Cependant le prochain budget
Encor bien plus lourd qu'il était
Aura mangé tout sans un reste
Déjà Madame Egalité
Et sa soeur la Fraternité
Vont attaquer la République
Pourquoi ces augmentations
Disent les protestations
Surchargeant la dette publique
A la chambre pour une fois
Un projet lu à haute voix
Est accepté sans anicroche
Mais les tout petits employés
Voudraient aussi être installés
Autour de la grande brioche
Ils pourraient arriver trop tard
La Chambre a retranché sa part
Et déjà le repas s'achève
Au gâteau de grands appétits
Ont fait un trou. Pour les petits
Il ne reste plus que la fève
Rassurons-nous, nos députés
Depuis qu'ils sont tous augmentés
Nous promettent de belles choses
Travaillant avec plus d'ardeur
Ils peineront et de tout coeur
Ils défendront les grandes causes.
Honoré HARMAND