Souvenances
31 mars 1907
J'ai vu mon heureuse jeunesse
Porter le deuil d'une maîtresse
Vers les frissons d'un autre amour
L'Oubli effacer mes alarmes
Et mon avidité de charmes
Bien souvent ne durer qu'un jour
J'ai connu des femmes charmantes
J'eus des épouses pour amantes
Je fis un jeu de leur beauté
Je troublai leur cerveau débile
Le coeur de la femme est fragile
Quand il aime par volupté
J'ai gagné de belles victoires
Je connus aussi les déboires
Aux jours maudits de l'insuccès
Mon coeur chargé d'indifférence
Devint sensible à la souffrance
Quand il fût sensible aux regrets
A présent mes amours passées
Dans mon âme sont effacées
Et déjà ! Je me sens vieillir
Que m'importeraient les chimères
Puisque des heures éphémères
Je méprise le souvenir.
Honoré HARMAND