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 Honoré Harmand (1883-1952) C'est à ma cigarette que je tiens langage

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MessageSujet: Honoré Harmand (1883-1952) C'est à ma cigarette que je tiens langage   Honoré Harmand (1883-1952) C'est à ma cigarette que je tiens langage Icon_minitimeDim 3 Mar - 14:34

C'est à ma cigarette que je tiens langage
Souvenirs de mon ami BORNES, qui m'a dédié ce poème
2 février 1937

Sais-tu bien ce que l'on raconte
On vient d'ouvrir un grand débat
Contre l'usage du tabac
Ma cigarette te rends-tu compte ?

Ma compagne de tous les jours
Il faudrait que je t'abandonne
Et que, te délaissant, je donne
Tout mon coeur à d'autres amours ?

Toi qui me fus toujours fidèle
Toi le plus doux de mes plaisirs
Toi le charme de mes loisirs
Et des compagnes le modèle !

Il faudrait, sans m'apitoyer
Que je t'oublie et que sans âme
Perdant la fumée et la flamme
Je te supprime en entier.

Non ! Car j'ai vu dans les volutes
De ton brouillard gris, parfumé
Tout ce qu'ici j'écris : rimé
Sur des airs de pipeaux et de flûtes.

Laissons les censeurs ricaner,
Parlotter si ça les amuse
Malgré tout je t'aime ma Muse
Et ne veux pas t'abandonner.
La lettre à l'enfant prodigue
Pax Labor
6 février 1937
3ème prix au concours des Violetti

Mon Jean j'avais le coeur bien gros
Quand tu laissas tes lourds sabots
Et, la besace sur le dos,
Tu pris la route poussiéreuse.
Là-bas, au détour du chemin,
Je te fis -- adieu, de la main
Puis sous l'ombre du vieux jasmin
Je me suis assise -- rêveuse.

Elles ne te plaisaient donc plus
Les chaumines aux toits moussus,
Les parquets de terre, bossus,
De nos vieilles fermes normandes ?
Le bon pain, au goût de gâteau
Et notre gros cidre sans eau
Que l'on tirait à plein tonneau ;
Dont tes lèvres étaient gourmandes.

Ils ne te plaisaient plus les champs,
Les arbres aux rameaux penchants,
La beauté des soleils couchants,
Le calme du soir -- poétique ?
L'étang reflétant le manoir
Aux bords duquel, comme un devoir,
Nous allions caresser l'espoir
D'une existence moins critique.

Rien ne te retenait chez nous.
Il te fallait le grand remous
De la vague humaine en courroux,
La Ville -- aux plaisirs éphémères.
Où, par les vices, corrompus,
Les hommes, lassés et repus,
Enlacent dans leurs bras trapus
Les insaisissables chimères.

Un an a passé-- Dans la nuit
L'horloge a répété « Minuit » ;
La pauvre vieille entend le bruit
Des gonds rouillés de la barrière.
Le chien, croyant un vagabond,
Dans sa niche pousse un juron ;
Mais un homme a franchi d'un bond
Le seuil maternel qu'on éclaire.

C'est Jean, le fils du laboureux
Qui s'en est revenu joyeux
Fuyant le séjour ennuyeux
De ce grand Paris qui fatigue.
Mères qui souffrez sans répit
Souvenez-vous que le dépit
Comme l'hirondelle, à son nid
Ramènera l'enfant prodigue.

Honoré HARMAND

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