Les heures noires
6 novembre 1943
Quand dans le silence
Je rêve et je pense
Et, du noir dépense
Pour mon cher passé,
Je traite de gueuses
Mes amours heureuses,
Fatales glaneuses
De mon coeur blessé.
Chaque heure qui passe
Me vieillit, me lasse
Et dans cette impasse
J'hésite à marcher.
Evitant l'embûche
Très haut je me huche,
Mais soudain trébuche
Quand je veux chercher
La route propice,
Loin du précipice
Où, sans artifice,
Je puis respirer ;
Mais la nuit profonde
Pure comme une onde
Se fait vagabonde
Pour mieux m'attirer.
Alors je succombe ;
Crois voir une tombe
Où, vaincu, je tombe
Pour dormir enfin.
Mais dame Insomnie
Traite de manie
La lente agonie
D'un rêve sans fin.
Honoré HARMAND