Remords
2 juillet 1944
Ce soir aucun rayon de lune
Ne vient illuminer le ciel.
Dans mon coeur gonflé d'infortune
Le Remords a versé son fiel.
Comme on cause aux âmes damnées
Il dit : « Coupable, souviens-toi
Du cours troublé de tes années
Où tu te moquais tant de moi.
Toute morale est ta détresse
Et tu te sens abandonné,
En fidèle qui se confesse
Parle afin d'être pardonné ».
J'étais heureux quand mon épouse
A ses enfants donnait le sein
Mais par mon amitié jalouse
Je la fis souffrir à dessein.
Je regrette le ton sévère
Que je prenais pour accueillir
L'ultime désir de mon père
Vieillard à son dernier soupir.
Mes complices dans l'adultère
Si vous êtes dans le malheur
Je m'en excuse et désespère
D'être votre consolateur.
Le faux accent de mes prières
Empoisonna votre bonté.
Vous m'infligez, amantes chères,
Un châtiment bien mérité.
Enfin ! Desserrant son étreinte
Le Remords a fui mon cerveau
Sans doute effrayé par ma plainte
A chaque coup de son marteau.
Honoré HARMAND